SQR 1 © F. Imbert

Photo @ Frédéric Imbert

Soutenance de thèse de Ludwig Ruault

ED 355 - Espaces, Cutures, Sociétés - Aix-Marseille Université

« Étude épigraphique de graffiti arabes des débuts de l'islam (Ier-IIIe siècles) en Arabie du Nord », sous la direction de Frédéric Imbert.

Lundi 21 novembre 2022, 14h, MMSH, salle Paul-Albert Février, Aix-en-Provence.

Jury

Directeur de thèse : Frédéric Imbert, Aix-Marseille Université, IREMAM.
Examinateur : Julien Loiseau, Aix-Marseille Université, IREMAM.
Rapporteur : Emmanuelle Tixier Du Mesnil, Université Paris Nanterre.
Examinateur : Sylvie Denoix, UMR 8167 Orient et Méditerranée.
Rapporteur : Saba Farès, Université Toulouse Jean Jaurès.

Résumé de la thèse

L'historiographie des débuts de l'islam se renouvelle depuis quelques décennies grâce à l'ouverture à de nouveaux types de documentation comme les graffiti ou les papyri qui permettent une lecture plus critique des sources traditionnelles généralement tardives. Ces textes sont authentiques et n'ont pas été soumis à la censure et rarement à la correction. Face à la rareté des sources de haute époque islamique, avoir à sa disposition des milliers de textes, de première mains, inédits pour la plupart, permets d'envisager des pistes inexplorées. Les graffiti remontant aux débuts de la période islamique sont principalement situés en Arabie Saoudite, mais également en Jordanie, en Syrie, en Irak et dans le Sinaï. On a même pu en trouver jusque sur les îles de Chypre et de Chios. Partout, en fait, où l'environnement permettait leur écriture et surtout leur conservation.

Cette thèse porte spécifiquement sur l'étude de trois corpus de graffiti issus de sites situés dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite actuelle. Je procède à la lecture, la traduction et le commentaire de ces documents. J'interroge d'une part la pratique du graffiti, et d'une autre je les analyse en tant que textes. Le très grand nombre de textes disponible pose la question de la diffusion de l'écriture. L'étude est orientée sur les questions d'onomastique, avec la fréquence de tel ou tel nom ; le caractère plus ou moins clairement islamique de certains noms (par exemple ʿAbd Allāh), leur connotation judéo-chrétienne (comme Ismāʿīl ou Ibrāhīm). Les différents degrés d'ascendance revendiqués par les auteurs ainsi que les nombreux éléments qui nous fournissent des informations sur leur vie, leur affranchissement ou leur conversion à l'islam. Une part considérable des auteurs des graffiti a laissé une trace dans l'historiographie. La majeure partie des personnages identifiés le sont grâce à leurs statuts de traditionnistes. Cette population fait généralement partie d'une élite aristocratique originaire du Hedjaz, ou de sa clientèle proche. Concernant le contenu des textes, il s'agit d'établir une typologie des différents formulaires. Les invocations tiennent évidemment la part belle et on observe une standardisation des formulaires qui permettent de concevoir le graffiti comme en genre à part entière avec des codes à respecter, des phénomènes d'inspiration ou de copie. Le très grand nombre de textes et sa variété nous fournissent un faisceau d'informations sur tous les aspects de la vie de la première communauté de l'islam. Les traits les plus marqués sont semble-t-il ceux relatif à l'émergence de l'individu parallèlement à la mise en place de pratiques cultuelles permettant l'apparition d'un sentiment d'appartenance.

Année
2022
Catégorie d'archive