Séminaire - Littératures contemporaines du monde arabe (SELICMA)
Séminaire IISMM 2023-2024 / Responsables : Frédéric Lagrange, professeur des universités à Sorbonne Université, Najla Nakhlé-Cerruti, chargée de recherche au CNRS et rattachée à l'IREMAM et Rima Sleiman, professeure des universités à l’Inalco.
Lundi 11 mars 2024, 14h-16h, IISMM, salle B3-18, Paris et en visioconférence. Lien Zoom / Id de réunion : 867 5235 3405 / Code secret : 893551
Chakib Ararou (doctorant à l'IREMAM-Aix Marseille Université)n "Les années 1920-1930 : un tournant mašriqī dans la littérature marocaine ?"
Pays tard venu à l’imprimerie (1865) et relativement isolé des dynamiques culturelles du Levant et de l’Égypte au XIXe siècle, le Maroc dispose au moment de sa colonisation (1912) d’une presse arabophone de faible envergure et d’une littérature écrite et imprimée très réduite et à la diffusion très restreinte. Dans les premières décennies du XXe siècle, la presse naissante se met néanmoins à publier des vers des grandes figures de la Nahḍa littéraire venue de l’Est. Dans le même temps, la presse culturelle égyptienne se met à circuler dans quelques centres urbains (Fès, Tanger, Rabat-Salé). L’idée de la littérature dont ces supports sont les véhicules se met à infuser dans les milieux lettrés, où émerge une réflexion d’un genre nouveau sur le statut de l’adab et sur son rôle. À travers deux anthologies, Al-Adab al-ʿarabī fī-l-Maġrib al-Aqṣā de Muḥammad b. al-Abbās al-Qabbāǧ (1929) et Al-Nubūġ al-maġribī fi-l-adab al-‘arabī (1937) de ʿAbdallāh Gannūn, un canon de littérature marocaine contemporaine et classique en langue arabe se met en forme à cette période. Dans les premières revues culturelles comme Al-Maġrib (1932-1936), la question de la critique littéraire oppose de jeunes intellectuels désireux d’importer et d’appliquer aux textes marocains la méthodologie qu’ils découvrent chez des auteurs comme ʿAbbās Maḥmūd al-ʿAqqād ou Ibrāhīm al-Māzinī, aux tenants d’un conservatisme poétique qui voient dans la qaṣīda un élément d’apparat dédié à l’éloge du sultan et de la notabilité. Dans ce champ littéraire embryonnaire, le Machrek et son modèle polarisent fortement les débats, et l’envoi, à partir de 1927, de jeunes étudiants lettrés dans les établissements secondaires et universitaires de Palestine, de Syrie et d’Égypte, fait émerger dans le pays la conscience de l’existence d’une aire littéraire et culturelle arabe dans laquelle le Maroc occupe une position périphérique...
Chakib Ararou, né à Rabat en 1992, est doctorant à l'IREMAM (Aix-Marseille Université) sous la direction de Richard Jacquemond. Sa recherche porte sur les rapports de la littérature marocaine avec le Machrek sur le long cours de la formation du champ littéraire marocain moderne, des années 1930 à nos jours. Il a notamment consacré une étude à l'écho de la guerre israélo-arabe de 1967 dans la littérature marocaine.
Consulter le programme complet du séminaire 2023 - 2024 / À retrouver sur le site de l'IISMM