Séminaire de recherche « Spatialités et temporalités palestiniennes » (2020)
Photo : marché de Bethlehem © Cédric Parizot, 2008
Responsables : Julien Loiseau, Cédric Parizot et Sbeih Sbeih.
Ce séminaire interrogera les modalités de construction de la Palestine comme objet d’étude et leurs effets sur la structuration du champ de la recherche.
Cette démarche est nécessaire dans un contexte où le conflit israélo-palestinien continue de structurer fortement les cadres à travers lesquels nous pensons, nous analysons et nous représentons la Palestine. En confrontant des travaux récents d’historiens, d’anthropologues, de politistes, de sociologues, de géographes ou de littéraires nous fixons deux objectifs principaux. D’une part, il s’agira de mettre en évidence les multiples constructions spatiales et temporelles auxquelles renvoie la Palestine et les dépayser. D’autre part, nous nous efforcerons de développer une réflexion critique sur nos propres approches, méthodes et objets de recherche.
Calendrier des séances 2020
Mercredi 29 janvier 2020, 14h-16h, MMSH, salle André Raymond.
Taher Labadi économiste, postdoctorant LabexMed, Lest/Iremam, « Faire économie sous blocus dans la bande de Gaza ».
Le blocus de la bande de Gaza ainsi que les guerres successives menées par Israël au cours de la dernière décennie ont entrainé une grave crise économique et humanitaire sur cette portion du territoire palestinien. S’ajoute à cela un contexte de fracture politique interne entre le Hamas qui gouverne la bande de Gaza et l’Autorité palestinienne établie en Cisjordanie. J’examine certaines pratiques et politiques inédites du gouvernement de Gaza sous blocus qui nous renseignent sur le caractère à la fois éminemment conflictuel et nécessairement précaire des tentatives d’adaptation, d’autonomisation et de régulation de l’activité économique en temps de guerre.
Mercredi 12 février 2020, 14h-16h, MMSH, salle André Raymond.
« La diplomatie des villes en Palestine ».
Marion Lecoquierre, géographe, TELEMMe, Aix-Marseille Université, CNRS, « Entre stratégies politiques locales et mise en réseaux transnationale ».
Dans un contexte de globalisation, mais aussi de délitement des alliances traditionnelles et de défiance croissante vis-à-vis des institutions nationales et internationales, les villes deviennent des acteurs de premier plan sur la scène globale. Le développement des relations « transmunicipales » ou de « ville à ville » fait émerger des formes de gouvernance reposant non plus seulement sur les États mais aussi sur la concertation et l’influence des gouvernements locaux. Cette nouvelle « gouvernance des villes » est souvent illustrée par le rôle de certaines métropoles particulièrement puissantes, ces « villes globales » que sont New York ou Londres par exemple. Cette activité internationale concerne pourtant également des villes qui ne jouent apparemment aucun rôle de premier plan dans la hiérarchie urbaine mondiale.
Un récent travail de terrain réalisé à Hébron a par exemple démontré la pertinence du sujet en Palestine. Je m’intéresse ainsi aux dynamiques et aux enjeux de la diplomatie des villes dans le contexte palestinien : j’évoquerai les premiers résultats d’une enquête portant sur le rôle politique des villes palestiniennes au niveau international, à travers leur implication dans des accords de coopération ou d’échange bilatéraux, et leur participation à des réseaux transnationaux multilatéraux. L’analyse se concentre sur les objectifs et les stratégies déployés par les villes palestiniennes et leurs villes partenaires, l’articulation entre les différents niveaux de gouvernance et les impacts locaux mais aussi globaux de cette politique d’internationalisation municipale.
Mercredi 1er avril 2020, 14h-16h, MMSH, salle André Raymond.
« Sociohistoire des diplomates palestiniens ».
Romain Damien, Ater en science politique, CHERPA, Sciences Po Aix, « Introduction à une sociohistoire des diplomates palestiniens ».
L’échec de la diplomatie palestinienne à s’imposer face au « plan du siècle » de Donald Trump souligne les limites d’une stratégie internationale élaborée depuis plusieurs décennies par les dirigeants de l’OLP et ce malgré l’élargissement de la reconnaissance de l’Etat palestinien. Cette reconnaissance est le fruit de négociations politiques mais aussi d’un long travail de représentation auprès des différents Etats et institutions internationales. Mon travail de thèse porte sur des acteurs souvent oubliés des sciences sociales de ce processus : les diplomates palestiniens. L’objet de ma recherche est notamment de reconstituer la sociohistoire de ces porte-paroles de la cause palestinienne à l’international à travers la question de la professionnalisation de cette activité de représentation. En retraçant leur parcours, je tente de démontrer que le rôle de ces représentants ne se limite à celui d’intermédiaire mais qu’ils participent directement à la construction de la représentation politique du peuple palestinien. Dès lors, l’un des enjeux de ma thèse que je présenterais à ce séminaire est de s’interroger sur les effets de la professionnalisation de ces diplomates sur la représentation de la cause palestinienne à l’international.