Rencontre-Débat de l’IREMAM - Francesco Correale

Autour du livre de Francesco Correale, Historien (Citeres, Tours) : La grande guerre des trafiquants. Le front colonial de l’Occident maghrébin, L’Harmattan, 2014, 490 p. 

Mardi 16 juin 2015, 14h30, MMSH, salle Paul-Albert Février. Séance animée par Didier Guignard

Qui a gardé souvenance de la bataille d’al-Harri, dans l’Atlas marocain, lourde défaite infligée en novembre 1914 aux forces françaises du Protectorat par une armée de Berbères ? Qui est instruit du projet de Lyautey, le « bâtisseur » du Maroc moderne, d’inonder de gaz toxiques les territoires de la résistance maghrébine au cours de l’année 1918 ? Mesurer la portée du premier conflit mondial impose la mise en lumière de la rive méridionale de la Méditerranée, ce front « oublié » de la Grande Guerre.

Pour atteindre cet objectif, l’auteur a choisi d’évoquer un phénomène mal connu mais largement relaté par les sources coloniales : la « contrebande d’armes ». Ce faisant, il nous entraîne sur la piste d’hommes, quelquefois de femmes qui, malgré l’état de siège proclamé en 1914 sur tout le territoire du Protectorat marocain, conspirent, s’associent, trafiquent, passent d’une région à l’autre dissimulant cartouches, fusils en pièces détachées, poudre et explosifs qu’ils transportent à dos de mules ou de chameaux. Il se fait également l’écho de rumeurs alimentées pour semer l’effroi au sein des autorités coloniales au point, parfois, d’immobiliser les colonnes militaires de l’occupant.

Micro-histoire de la Première Guerre mondiale dans l’Ouest maghrébin, cet ouvrage montre l’importance des individus dans les mouvements de résistance et dévoile le rôle des apports en hommes, armes et argent envoyés par les Allemands et leurs alliés ottomans. À cette époque, l’occupation coloniale de cette partie de l’Afrique est loin d’être réalisée, et personne ne saurait affirmer qu’elle sera vraiment menée à terme.

Francesco Correale, historien au CNRS – UMR 7324 Citeres (CNRS/Univ. F. Rabelais, Tours) a travaillé sur l’histoire de la colonisation française dans l’Ouest maghrébin en consultant systématiquement les archives francophones et hispanophones les plus importantes. Il poursuit actuellement ses recherches sur l’histoire coloniale du Sahara dans le cadre de l’équipe EMAM du laboratoire Citeres et d’un projet de l’Universidad Autónoma de Madrid.

Année
2015