Journées d'études "Enquêter sur la bienfaisance. Approches comparatives des pratiques du bien."

11-12 décembre 2017, 9h, MMSH, salle Duby. Organisatrices : Laura Ruiz de Elvira (Chargée de recherche IRD/CEPED ; laura.ruiz-de-elvira@ird.fr) et Sahar Aurore Saeidnia (Postdoctorante Gerda Henkel-IREMAM/Chercheure associée IRIS/EHESS ; s.saeidnia@gmail.com).

Depuis plus de trente ans, la bienfaisance connaît un regain à l’échelle mondiale et apparaît comme une éthique et un registre d’action investis par un nombre croissant d’acteurs revendiquant œuvrer pour le "bien" des "pauvres", des "faibles", des "indigents", des "dépendants" ou encore des "populations des pays en développement". D’une part, dans un contexte mondial de redéfinition des modalités de protection sociale, ceux qui se présentent comme des bienfaiteurs sont de plus en plus nombreux à prendre en charge la question sociale, à produire, voire à mettre en concurrence, différentes définitions des ayant-droits, et ce tant à l’échelle micro-locale qu’internationale. D’autre part, s’inscrivant dans des histoires sociales et religieuses plurielles, les pratiques du bien adoptent des formes organisationnelles diverses (plus ou moins institutionnalisées) et sont investies par de multiples acteurs (des associations humanitaires et de développement aux institutions publiques, en passant par des institutions religieuses, des fondations privées ou encore de simples citoyens). Cette pluralité nous invite à repenser la pertinence des catégories analytiques savantes qui classent les différentes pratiques du bien selon des typologies distinguant par exemple bienfaisance, charité, humanitarisme et philanthropie. Elle appelle également à interroger la variabilité des registres et pratiques du bien, mais aussi la multiplicité des langues de la bienfaisance et de leur inscription dans le champ de l’aide sociale.

Cette journée d’études entend réunir des chercheurs qui analysent la bienfaisance et les pratiques du bien dans une perspective relationnelle et dans leurs articulations avec la question sociale. En ce sens, sociologiser la bienfaisance implique d’abord de l’appréhender de manière située, en s’intéressant aux pratiques et aux discours des acteurs qui l’investissent, dans leurs articulations avec d’autres registres de légitimation, et en lien avec les régimes de protection et solidarité sociale tels qu’ils se déclinent dans les contextes étudiés. Dans cette perspective, nous proposons de prendre en compte dans l’analyse l’ensemble des acteurs, sans en fixer a priori les rôles et des répertoires mobilisés. Ensuite, l’enjeu de cette journée d’étude sera d’élaborer collectivement, dans une approche interdisciplinaire et comparative, un état des lieux des travaux qui portent sur la bienfaisance dans différents contextes socio-culturels et politiques, dans "les Suds" comme dans les pays du "Nord". Lire le compte rendu des journées par Myriam Catusse et Antoine Perrier : https://lms.hypotheses.org/318 

Année
2017