Journée d’études et de recherches internationales sur les regards de femmes cinéastes sur l’espace méditerranéen
Samedi 29 mai 2010, MMSH, salle Paul-Albert Février. Organisée par l’Institut d’Etudes et de Recherches sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM) avec la participation de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH) et la collaboration du groupe « Genre, Femme, Méditerranée » (GeFeM)/TELEMME.
Responsables : Fabienne Le Houérou et Randi Deguilhem Cette journée internationale rassemble des réalisatrices de fiction et de documentaires, des cinéastes universitaires et des étudiantes de cinéma autour du questionnement sur l’existence d’un regard féminin au cinéma. La terminologie « films de femmes » sera convoquée, tant celle-ci ne fait pas l’unanimité dans l’univers des femmes cinéastes. La journée s’interrogera sur la capacité des cinéastes à saisir la complexité des rapports de genre sur l’aire méditerranéenne.
Comité scientifique : Ghislaine Alleaume, directrice de l’IREMAM, Kamel Chachoua, sociologue (IREMAM), Brigitte Marin, directrice de la MMSH.
Programme
La place du genre dans le documentaire
9h30-9h40 : Introduction et ouverture du colloque par Ghislaine Alleaume, directrice de l’Institut de Recherches et d'Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM)
9h40-10h : Introduction de la problématique par Fabienne Le Houérou. "De l’existence d’un regard de femmes ?"
10h00-10h30 : Fabienne Le Houérou, chercheuse CNRS-IREMAM, présentera un travail comparatiste entre le Darfour et le Tibet sur la thématique « gender, exile and persecution. Filmer les violences faites aux femmes? »
10h30-11h : Projection en avant-première «Les sabots roses du Bouddha » de Fabienne Le Houérou. Ce film est réalisé dans le cadre du programme « Filmer les Suds » (IREMAM), qu’elle dirige. Il est question de la persécution des femmes tibétaines plus spécialement les nonnes. Le film explore la notion de « bouddhicide» des Tibétains, par la police chinoise. Les femmes tibétaines en Inde évoquent la place de la femme dans la diaspora. Durée : 30 minutes, 2010. Synopsis : Réfugiée du Bouddha, dans l’Himalaya, en Inde, Tsering Choeki, narre la réalité des persécutions des nonnes tibétaines victimes d’un véritable « bouddhicide », une tentative d’éliminer le bouddhisme du Tibet par les autorités chinoises. Elle témoigne des adaptations de la diaspora tibétaine en Inde et de la puissance de la méditation comme forme élaborée de résistance à la présence chinoise. Sur les hauteurs de Dharamsala, autour de la résidence du Dalaï-Lama, une communauté de 20 000 Tibétains a reconstruit un Lhassa d’exil. Elle évoque la possibilité de la réincarnation du Dalai-Lama en femme et la pensée profondément réformatrice de Tenzin Gyatso en faveur des femmes dont il est parvenu à s’imposer comme le défenseur. Ce travail se trouve dans le droit fil des études cinématographiques sur la migration forcée au Darfour et tente une comparaison sur le déplacement forcé et les persécutions des femmes dans une perspective de genre.
Productions : Institut d'Études et de Recherche sur le Monde arabe et Musulman (IREMAM). Unité de production programme transversal : « FILMER LES SUDS » CNRS IMAGE - Directrice de Production : Véronique Kleiner, assistée de Céline Ferlita. 11h-12h : Discussion animée par par Lisa Anteby-Yemini, chercheuse au CNRS, anthropologue à l'Institut d'Ethnologie Méditerranéenne et Comparative (IDEMEC), spécialiste des migrations et Hélène Franconie, qui présidait une association en faveur des réfugiés tibétains.
Paroles de femmes
14h-14h10 : Randi Deguilhem, directrice de recherche au CNRS-IREMAM, présentera un documentaire qu’elle a réalisé en 2008 et 2009.
14h10-15h : Projection de « Paroles de Syriennes - Women’s Voices from Syria » (37 mn), réalisé par Randi Deguilhem.
Synopsis : Pourquoi ce film ? C’est un outil pour comprendre. C’est un élément pour voir autrement. Conçu et réalisé par une historienne, ce documentaire est construit autour d’entretiens filmés en septembre 2008 et mars 2009 avec des femmes de Damas sur leurs lieux de travail, entrecoupés avec des prises de vue de la rue. Son objectif : donner l’occasion à entendre directement la voix de ces femmes qui ne s’entend que très peu à l’extérieur de leur pays. Ecouter l’autre, c’est complexifier l’image que l’on reçoit des médias qui véhiculent des messages stéréotypes notamment sur le genre dans ce pays lui-même trop souvent encore stéréotypé. En regardant et en écoutant une artiste graphiste/créatrice d’entreprise, une médecin, une adjointe de direction d’institut ainsi qu’une universitaire et une chercheuse syriennes, l’image produite par les médias est remise en question et le regard est décentré pour dépasser des « certitudes » collectives. Ainsi nous écoutons ces Damascènes, provenant de différentes origines socio-économiques mais aussi confessionnelles, qui parlent d’elles-mêmes (An Account of Oneself, Judith Butler), de leurs trajets professionnels, familiaux et personnels, de leurs responsabilités diverses, de leurs prises de positions à l’égard des rapports de pouvoir sociétal, de leurs visions du monde et des rôles qu’elles se donnent dans la société, des rôles qui leur sont possibles d’assumer dans la gestion d’entreprise et d’institut, dans la médecine, dans l’espace créatif artistique, dans la recherche et l’enseignement, etc. Par ailleurs, la décision de ne pas intervenir par le biais d’une voix anonyme qui « explique » la situation de ces femmes ou de leur pays est tout à fait volontaire. Cette décision de créer un espace filmique afin de laisser entendre les paroles de Syriennes sans vouloir interpréter ou discourir plus que le processus nécessaire de l’édition du film même se relève de la question de la réflexivité et du « contrôle » sémiotique et heuristique.
Production : Institut d’Etudes et de Recherches sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM), Unité de production programme transversal Filmer Les Suds (anciennement FMAM : Filmer les Mondes Arabe et Musulman), 2010
15h-15h30 : Discussion animée par Laurence Hérault (ethnologue), maîtresse de conférence, université de Provence/Institut d'Ethnologie Méditerranéenne et Comparative (IDEMEC).
15h30-15h40 : Hélène Claudot-Hawad, directrice de Recherche au CNRS-IREMAM, présentera le film qu’elle a réalisé avec Nathalie Michaud.
15h40-16h40 : Projection du film "Furigraphier le vide. Art et poésie touareg pour le IIIe millénaire" réalisé par Hélène Claudot-Hawad. Synopsis : Le thème de ce film est universel : comment exister hors des modèles hégémoniques imposés par la mondialisation ? Pour les Touareg, berbérophones du Sahara central, comment être nomade aujourd’hui ? Comment poursuivre la marche qui multiplie les horizons ? Comment occuper le vide ? Ces questions douloureuses se posent avec une violence accrue dans les espaces arides du Sahara et du Sahel à l'économie asphyxiée, à la population criminalisée et aux territoires âprement convoités pour leurs richesses minières. Pour résister au chaos et au non-sens, pour lutter contre l'ultime dépossession de soi : celle de l'imaginaire, quarante-quatre poètes touareg réunis pendant trois nuits et trois jours en novembre 2006 à Agadez dessinent des parcours sonores libérés des entraves qui immobilisent aujourd'hui leur société et réinventent à leur manière les trames du présent. A travers un langage esthétique de l’intime, au plus près des visages, des corps, des regards, des gestes, des voix, ce film s’attache à saisir les émotions et la logique des acteurs en action. Il présente une facette ignorée du monde touareg, celle qui provient de l’intérieur de la société et fait découvrir la richesse insoupçonnée des productions poétiques et artistiques de cette culture originale et de ses cheminements esthétiques et éthiques dans la modernité. Durée 55 minutes. 2006.
16h40-17h : "De l’existence d’un regard de femme-chercheus(e) sur les aires culturelles ?" Discussion animée par Joëlle Armieux et Christiane Grazilly, consultantes en communication, Alep compagnie.
Le film d'animation
17h-17h10 : Maha Ben Ayed, étudiante en doctorat à l'Université de Tunis et de Provence, présentera un court métrage et « IN AND ON » et « Kashf ».
17h10-17h30 : Projection des courts métrages. Réalisation, idée, scénario, caméra et animation : Maya Ben Ayed « IN AND ON » Synopsis : Le film réfléchit sur notre relation aux écrans qui nous entourent et sur « l’identification » à l’activité écranique. Ce film est une adaptation d’une installation vidéo de trois films sur trois écrans (films combinant animations et prises de vue réelles). Le sujet réfléchit sur « l’écranisation » et le va et vient entre Le réel et le virtuel à travers les moyens de communication audiovisuel ( TV, cinéma, Internet) Notre rapport au réel est perverti par une identification à l’activité écranique. L’idée était de détruire cette identification par l’élimination du récit. L’élimination du récit s’est faite donc par la multiplication de celui-ci, une multiplication linéaire (plusieurs récits dans le récit) mais aussi par une multiplication ponctuelle (récits différents simultanément sur trois écrans). Le but est de dérouter le spectateur vu que dans un premier temps, le même film passe simultanément sur les 3 écrans puis chaque film prend une direction différente. Durée : 3 minutes. 2001.
Distinctions : 3e Prix au Festival International du Film Amateur de Kelibia en 2001. Sélectionné par le festival international du court métrage d’Oberhausen en Allemagne en 2002. Projection dans le cadre de l’exchange forum Dresde Prague au festival international de court métrage de Dresde ainsi qu’à Prague en 2002. Sélectionné par le festival international des très courts Mai 2008.
« Kashf ». Le voyage erratique et mystique d’un ballon
Kashf est un film d’animation réalisé en technique de screen split, on voit simultanément trois scènes différentes sur un même écran. Il a été présenté initialement sous forme d’installation vidéo. La disposition des trois écrans de télévision est identique à la disposition des fenêtres dans le film en screen split. Mais la distance entre les différents écrans est mesurées en fonction du temps que prend le personnage en se déplaçant d’un écran à l’autre. Durée : 5 minutes. 2003.
Distinctions : Mention spéciale au Festival International du Film Amateur de Kelibia en 2003. Projection dans le cadre de l’exchange forum Dresde Talinn au festival international de court métrage de Dresde ainsi qu’à Prague en 2004. Projection à l’exposition « l’aire libre fait son cinéma » à l’espace el Teatro en marge des JCC novembre 2008. Projection dans le cadre de « la nuit du cinéma d’animation tunisien », à la Medina le 11 septembre 2009.
17h30-18h : Discussion et clôture par un membre du groupe Genre, Femme, Méditerranée (GeFeM) / Temps, Espaces, Langages, Europe Méridionale - Méditerranée (TELEMME) et Françoise Gallo, auteure et réalisatrice de fictions et de documentaires.