CONDITIONS DE PRODUCTION DES SAVOIRS DANS ET SUR LES SOCIÉTÉS ARABES ET MUSULMANES

Bien que l’IREMAM ait été souvent classé comme un « laboratoire d’aire culturelle », une priorité a toujours été accordée à la réflexion sur les conditions de production du savoir en sciences sociales dans et sur les sociétés arabes et musulmanes. Dans cette perspective, cet axe pluridisciplinaire et transversal est commun aux trois pôles disciplinaires du laboratoire ; son objectif est de favoriser l’émergence de nouvelles pistes de recherche et des pratiques innovantes. Trois grandes thématiques sont explorées : l’histoire littéraire, la structuration des champs du savoir, la constitution des archives et la notion de patrimoine.

En s’intéressant notamment aux questions des différentes « renaissances » qui se sont échelonnées depuis le XIXe siècle dans l’ancien espace ottoman, cet axe se propose de dresser un état des lieux des relectures critiques des histoires littéraires nationales dans une perspective comparée. Elles y ont accompagné la formation des littératures nationales déjà affectées par des relations de domination impériale, par des rivalités régionales, par des idéologies universalistes ou nationales. Les transformations à l’œuvre depuis les années 1990 (recul des idéologies universalistes, recomposition des espaces nationaux, diffusion du modèle économique libéral, mouvements migratoires ou exils choisis qui reconfigurent des espaces politiques en crise) ont débouché un peu partout sur une relecture critique de l’histoire de ces « renaissances» nationales, à la fois dans le champ de la création (par les nouvelles générations d’écrivains et d’artistes) et dans le champ académique (par les critiques et historiens de la littérature et de la culture).

Cet axe s’interroge également sur le rôle des conditions politiques, économiques, sociales et culturelles, notamment des conflits, dans la structuration des champs du savoir et des champs culturels dans les sociétés étudiées. Cette question nous paraît d’autant plus pertinente au Moyen-Orient et au Maghreb où l’on constate la prégnance des conflits. Pour autant, cette réflexion ne saurait se limiter à l’actualité événementielle contemporaine. Inscrivant notre réflexion dans le temps long, l’enjeu est de comprendre comment la guerre s’impose comme une donnée structurante dans l’histoire politique, sociale, culturelle et économique des sociétés. Une attention particulière est également portée aux pratiques mémorielles (autobiographies et mémoires) et aux pratiques privées d’archivage de documents de toutes sortes. Quelles sont les stratégies de préservation d’archives privées mises en danger dans des contextes de crise ? Comment les fonds d’archives et la mise en archives de documents privés en sont-ils affectés ? La distance prise par leurs propriétaires avec les institutions étatiques des pays où ils sont nés, tout comme les demandes de soutien faites auprès d’institutions étrangères pour leur conservation sont également des éléments centraux pour la réflexion. 

Programmes de recherche et séminaire 

Renaissances littéraires méditerranéennes. Coordination : R. Jacquemond et S. Baquey
Sciences sociales et conflits. Coordination : M. Catusse, C. Raymond et F. Siino
Terre, terrains et disciplines : ruptures et permanences générationnelles dans les sciences humaines et sociales en Algérie (XIXe - XXIe siècles). Coordination : K. Chachoua
Archives non étatiques, témoignages et sciences sociales. Coordination : J. Honvault et N. Michel. Partenariat IFPO/IREMAM.
Documents en langues orientales de l’expédition d’Égypte du SHD (Vincennes). Coordination : M. Tuchscherer
- Séminaire Vous avez dit Maghreb ? Coordination : K. Boissevain, A. Dusserre, S. Mazzella