Colloque international "Les printemps arabes quatre ans après : Etats et sociétés civiles face aux logiques segmentaires"
23-24 avril 2015, 23 avril 2015 : 9h30/18h (Université Roma Tre, Rome), 24 avril 2015 : 9h30/18h (Ecole française de Rome, Rome). Ecole Française de Rome, Università Roma Tre, Dipartimento di Studi Umanistici, GSRL : Groupe Sociétés Religions Laïcités, Laboratoire de recherche EPHE/CNRS, Paris, EFR: Ecole Française de Rome, WAFAW (When Authoritarianism Fails In The Arab World ), programme du Conseil Européen de la Recherche (ERC), IREMAM: Institut de Recherches et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman, IFPO: Institut Français du Proche Orient (Liban, Syrie, Jordanie, Territoires Palestiniens, Irak), CERI: Centre d’Etudes en Relations Internationales, Institut Français, ECFR: European Council on Foreign Relations, IRMC: Institut de Recherches sur le Maghreb Contemporain, Università di Pavia.
Partout dans le monde arabe, les Printemps ont libéré les expressions les plus diverses de la société. Pourtant, dans certains pays, l’affirmation des identités régionales, tribales et confessionnelles l’a vite emporté sur les revendications de ce qu’il est convenu d’appeler la « société civile ». Les mots d’ordre en faveur de réformes démocratiques et de droits économiques et sociaux, ont été vite accompagnées par la résurgence de logiques segmentaires, qui ont entraîné l’affaiblissement de l’Etat. Là où l’Etat est une création européenne récente, sous le régime des mandats (Irak, Syrie, Liban) ou sous une tutelle extérieure comme celle exercée sur la Libye, cet affaiblissement de l’Etat est allé de pair avec une remise en cause tacite ou implicite de sa légitimité. Le défi que les salafistes-djihadistes manifestent face aux Etats en place n’a pas abouti partout aux mêmes résultats : si, en Irak, le groupe sunnite qui a proclamé le califat a poursuivi une logique unitaire exclusiviste sunnite (le califat comme élément fédérateur des identités régionales au nom d’un sunnisme transnational), en Libye, le triomphe d’identités individuelles longtemps réprimées et d’une pluralité d’allégeances locales, tribales et régionales en concurrence, a abouti à une fragmentation à l’infini de la société. Les succès que l’Etat islamique a remportés jusqu’à présent dans la région manifestent ce processus de délégitimation des Etats à la faveur de conflits confessionnels et/ou régionaux. Au Yémen, on trouve au moins trois formes de segmentarisation : confessionnelle, régionale et tribale. Rébellion huthiste zaydite sur les hauts plateaux du nord, implantation d’Al-Qaïda et de l’Etat islamique en lisière des déserts et en Hadramaout au sud, velléités autonomistes d’Aden. Sanaa n’est plus le lieu central du pouvoir. Le projet du colloque vise à comparer les processus de remise en cause de l’autorité ou de la légitimité de l’Etat dans cinq pays arabes touchés par ce phénomène post-Printemps arabes : Irak, Syrie, Liban, Libye, Yémen. Il s’agit d’éclairer les différents processus en cours en les rattachant à un temps plus long. L’ancrage historique permet, en effet, d’identifier les prémisses d’un phénomène dont les racines remontent souvent à la création de l’Etat, au début du XXe siècle, et après, sur le modèle de l’Etat-nation moderne européen. Le recours à l’histoire peut également expliquer le caractère souvent autoritaire des régimes qui se sont succédé dans ces Etats : ils se sont souvent affirmés contre leur société, et n’ont pas réussi à susciter une citoyenneté partagée.