Iremam-Myriam Catusse

Photo © Myriam Catusse

Soutenance de thèse de Marianna Ghiglia

ED 355 - Espaces, Cutures, Sociétés, Aix-Marseille Université; Spécialité : mondes arabes, musulman et sémitique

Journalistes en quête d’eux-mêmes : une socio-histoire des professionnels de l’information en Égypte (1941 – nos jours), sous la direction de Ghislaine Alleaume

 Vendredi 11 décembre 2020, 14h, MMSH, salle 101, Aix-en-Provence et en visioconférence.

Jury

Ghislaine Alleaume, directrice de recherche émérite, IREMAM UMR 7310, Aix-Marseille Université, directrice de thèse.
Gudrun Kramer, professeur, Freie Universität Berlin, Fachbereich Geschichts- und Kulturwissenschaften Institut für Islamwissenschaft, rapporteur.
Erik Neveu, professeur émérite, Sciences Po Rennes, rapporteur.
Elisabeth Longuenesse, chercheure associée au Laboratoire Printemps (CNRS /UVSQ) - UMR 8085 Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, examinatrice.
Richard Jacquemond, professeur des Universités, IREMAM UMR 7310, Aix-Marseille Université, examinateur.
Myriam Catusse, chargée de recherche, IREMAM UMR 7310, Aix-Marseille Université / IREMAM, examinatrice.

Résumé la thèse en français (English version below)

Cette thèse se veut une contribution à une socio-histoire des journalistes en Égypte. En s’inscrivant à la croisée de plusieurs disciplines, dont l’histoire sociale, l’histoire des intellectuels, la sociologie des professions, la sociologie politique et la sociologie du journalisme, elle questionne la manière dont la profession de journaliste s’est forgée dans l’interaction entre des phénomènes générationnels inhérents au groupe de ses praticiens et des politiques publiques contraignantes qui ont largement contribué à la façonner. Fondée sur une double-approche socio-historique et comparative, la démarche adoptée permet de s’interroger à la fois sur les processus de construction et d’organisation du métier, sur les modalités et les logiques d’entrée et de carrière – pourquoi et comment devient-on journaliste ? – et les transformations qu’elles subissent tout au long de la période étudiée. Le cadre chronologique choisi s’étale sur la période allant de 1941 – date de la fondation du Syndicat des journalistes – jusqu’à nos jours, mais des incursions dans une histoire plus longue ont été nécessaires aussi bien pour situer l’objet et pour mieux rendre compte de l’impact des évolutions intervenues à partir des années 1940. Ce travail de recherche s’appuie sur un large corpus de sources en langue arabe : des entretiens de type « récits de vie » ; des œuvres littéraires autobiographiques, mémorielles et romanesques ; un corpus de presse ; une série de rapports d’activité du Syndicat des journalistes ; des sources juridiques, audiovisuelles et électroniques (blogs, sites web, Facebook).

L’étude est structurée selon un plan biaxial abordant l’histoire des journalistes à partir de deux angles complémentaires : d’une part, les processus institutionnels de construction et d’organisation du métier ; de l’autre, les gens qui le font vivre, saisis du point de vue de leurs trajectoires socio-professionnelles et de leurs sociabilité(s). Les journalistes égyptiens sont d’abord appréhendés en tant que groupe professionnel, construit socio-historique dynamique dont je décris les transformations du début de son institutionnalisation en 1941 jusqu’à nos jours. En focalisant mon attention sur les contours sociaux du groupe, je mets en lumière les stratégies adoptées par ses membres pour contrôler et fermer ses frontières et maintenir ainsi son prestige social (chapitres 1 – 3). Ensuite, je retrace le processus de fonctionnarisation du métier entamé avec la nationalisation des principales institutions de presse égyptiennes en 1960, et celui de de-fonctionnarisation, qui se met en œuvre à partir de la fin des années 1970 avec la réémergence de la presse partisane et de la presse privée dite indépendante (chapitre 4). Tout en montrant que ces évolutions ne se suivent pas linéairement, j’insiste sur leurs limites : ni fonctionnarisation au sens strict du terme, ni de-fonctionnarisation « totale », la réalité est beaucoup plus complexe et nécessite des arrangements plus souples. Intitulée « Être journaliste », la deuxième partie de l’étude porte sur les gens de presse et leurs trajectoires socio-professionnelles, ainsi que leurs lieux, formes et pratiques de sociabilité. Par l’analyse comparée des itinéraires de cent cinquante-quatre acteurs appartenant à différentes cohortes d’âge, je saisis les transformations relatives aux manières de devenir et d’être journaliste tout au long du siècle, en montrant aussi bien les logiques de professionnalisation à l’œuvre que leurs limites. Le chapitre 5 porte sur les origines géographiques et sociales des journalistes, leurs cursus scolaires et universitaires et les raisons qui les poussent à se lancer dans le métier. Le chapitre 6 est focalisé sur les modalités d’entrée sur le marché du travail journalistique et les modalités et logiques de carrière, tandis que le chapitre 7 s’intéresse plus spécifiquement aux lieux, formes et pratiques de sociabilité.

Mots clés : Histoire du journalisme ; Professions et identités professionnelles ; Médias ; Histoire des intellectuels ; Histoire des professions.

This thesis aims to make a valuable contribution to the social history of journalists in Egypt. At the intersection of several research disciplines, including social history, intellectual history, the sociology of professions, political sociology and the sociology of journalism, it questions the way in which the craft of journalism was forged through complex interactions between generational phenomena within the group of its practitioners and constraining public policies that have largely contributed to shaping it.
By adopting a sociohistorical and comparative approach, I examine both the processes underlying the construction and organization of the craft and the ways and logics journalists enter the field and develop their careers – why and how does one become a journalist ? – as well as the transformations they undergo throughout the period under review. The latter spans from 1941 – the founding date of the Syndicate of Egyptian journalists – to today. Nevertheless, some forays into a longer history were necessary both to place the object and to better report on the impact of the developments that took place from the 1940s onwards.
This research builds on a wide range of source materials in Arabic: life story interviews ; autobiographies and memoirs, as well as literary novels ; articles from newspapers and magazines ; a series of activity reports of the Syndicate of journalists ; legal sources in the form of legislation and regulations ; audio-visual and electronic sources (blogs, websites and social networks, primarily Facebook).

It is structured into two main parts approaching the history of journalists from two complementary perspectives: the institutional processes underlying the construction and organization of the craft, on the one hand ; and the practitioners themselves, on the other hand, who are studied from the point of view of their socio-professional trajectories and their forms of sociability. Egyptian journalists are first conceived as a professional group, a dynamic socio-historical construct whose transformations I describe from the beginning of its institutionalization in 1941 to the present day. By focusing my attention on the group’s social contours, I highlight the strategies adopted by its members to control and close its boundaries and thus maintain its social prestige (chapters 1 - 3). Afterwards, I examine two historical overlapping processes that dramatically altered the craft of journalism and the conditions for its practice during the second half of the 20th century. First, the process by which Egyptian journalists got transformed into civil servants, which was generated by the nationalization of press institutions in May 1960 and spanned the following decades ; and secondly, the opposite development, which was brought about by the re-emergence of the partisan and private presses starting from the end of the 1970s.
Entitled “Being a Journalist”, the second part of this research focuses on newsmen and their socio-professional trajectories, as well as the places, forms and practices of sociability characterizing their group. By carrying out a comparative analysis of the social and career paths of a hundred and fifty-four journalists belonging to different age cohorts, I investigate the changes affecting the ways to become and be a journalist throughout the 20th century, showing both the logics of professionalization at work and their limits. Chapter 5 deals with the geographical and social origins of Egyptian journalists, their school and university curricula and the reasons pushing them to choose journalism as a career. Chapter 6 focuses on the conditions of entry into the journalistic labour market and of career development, while Chapter 7 looks more specifically at the places, forms, and practices of sociability.

Keywords: History of Journalism ; Professions and Professional Identities ; Media ; History of Intellectuals ; History of professions.

A retrouver sur le site de l’ED 355

Année
2020
Catégorie d'archive