Matson photographing in Petra, 1934

Photo: Matson photographing in Petra, 1934 © Matson photograph collection, Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C. Digital Id : matpc 21956

Journée d’études "La Jordanie comme objet des sciences sociales"

Lundi 16 novembre 2020, 9h30-17h, en distanciel via Zoom. Coordination : Taher Labadi (LEST), Simon Mangon (CHERPA) et Norig Neveu (IREMAM).

Depuis une dizaine d’année, la Jordanie tient une place croissante au sein des études sur le Moyen-Orient, en particulier pour les jeunes chercheurs. Cette situation n’est pas pleinement originale puisque le pays avait déjà fait l’objet d’une attention particulière des sciences humaines et sociales dans les années 1980-1990 avec l’essor des études sur la tribalité. Les travaux concernaient principalement les villes moyennes : Karak, Madaba, Ma‘ân ou la vallée du Jourdain. C’est également pour l’étude des enjeux liés aux questions migratoires que le pays a représenté un observatoire privilégié à cette époque : camps de réfugiés palestiniens, migration palestinienne puis irakienne, etc. La plupart de ces recherches concernaient les espaces urbains, notamment Amman. Pays relativement délaissé par la recherche à partir des années 1990 et 2000 en comparaison de la Syrie, du Liban ou de la Palestine, la Jordanie suscite aujourd’hui un intérêt grandissant de la part de jeunes chercheurs, offrant ainsi de nouvelles perspectives dans l’analyse de cette société.

Cet intérêt tient à plusieurs facteurs, en premier lieu, le difficile accès à certains pays de la région depuis 2011, en particulier la Syrie et l’Irak. La fermeture de ces terrains aux jeunes chercheurs se reflète sur des dynamiques institutionnelles telles que le développement des stages d’arabe en Jordanie. Ces derniers ont permis à de jeunes chercheurs de se familiariser avec le terrain jordanien et ses enjeux. Dans une perspective épistémologique et théorique, cette journée d’étude entend porter une réflexion sur la place de la Jordanie comme objet ou terrain d’étude ces dernières années. Comment des spécialistes de différentes disciplines des sciences humaines et sociales envisagent-ils leur rapport à l’objet Jordanie et contribuent-ils à sa redéfinition ? La Jordanie peut-elle être considérée comme un observatoire privilégié de l’évolution des productions récentes de sciences sociales sur le Moyen-Orient ? Que font ces dynamiques de recherche à l’objet étudié mais également aux sociétés observées ? Quelle est le poids de ces études sur la production des savoirs sur le Moyen-Orient ? Cette journée d’étude s’articulera autour de trois axes principaux.

Dans un premier temps, nous discuterons de l’évolution de la Jordanie comme “objet d’étude” dans les travaux de sciences humaines et sociales, en essayant d’identifier les différentes tendances historiques, et en analysant la place de cet objet au sein des débats disciplinaires.

Ensuite, nous interrogerons l’intérêt grandissant pour l’“objet” jordanien, à la fois terrain d’étude “par défaut” du fait de la stabilité du pays, mais également “par intérêt” comme terrain d’enquête riche et peu étudié.

Enfin, nous nous intéresserons à la pratique de l’enquête de terrain en Jordanie. Les doctorant.es et chercheur.es seront invités à adopter une démarche réflexive pour discuter de leur pratique de l’enquête, des difficultés rencontrées, de leurs relations avec les enquêté.es.

Cette journée d’étude permettra de réunir des doctorants et des jeunes chercheurs travaillant sur la Jordanie pour discuter des enjeux méthodologiques et épistémologiques de leurs travaux. Elle sera également une première étape vers la constitution d’un réseau de chercheurs, lequel constituera un atout décisif pour les nouvelles recherches en cours et à venir. Cette première rencontre à la MMSH à Aix-en-Provence posera les bases d’une réflexion dans la perspective de projets collectifs tels que des publications en commun, une conférence, un ou plusieurs programmes de recherche.

Programme

9h30 - Ouverture

Norig Neveu, IREMAM, CNRS/AMU.
Taher Labadi, LEST/AMU.
Simon Mangon, CHERPA, Sciences Po Aix.
Julie Bonneric et Simon Dubois, Ifpo.

9h45-12h15 - SESSION 1 - Faire de la Jordanie un « objet » d’étude

9h45
Emma Empociello, (Centre Emile Durkheim/ Sciences Po Bordeaux - Ifpo)
« Comparer la Jordanie : sortir d’une vision euro-centrée des études migratoires ».

10h
Solenn Al Majali (Telemme/AMU)
« La Jordanie comme point d’observation des migrations : le cas du quartier Al-Masarwah ».

10h15
Livia Perosino (Sciences Po Bordeaux)
« L’agriculture en Jordanie, un cas d’école moyen-oriental ? ».

10h30
Simon Mangon (CHERPA, Sciences Po Aix)
« Journalisme jordanien et coopération internationale. Analyser les enjeux de la ‘stabilité’ jordanienne ».

10h45 : pause

11h-11h15 : discussion des présentations
Taher Labadi & Norig Neveu.

11h15-12h15 : discussion avec le public

12h15-14h : Déjeuner

14h-16h45 - SESSION 2 - Faire de la Jordanie un « terrain » d’enquête

14h
Camille Abescat (Doctorante CERI/Sciences po – IFPO)
« Étudier l’État jordanien sans prendre de risques. Retours sur la praticabilité du terrain auprès des élus municipaux et parlementaires ».

14h15
Héloïse Peaucelle, (Ifpo, Université de Tours)
« Pratique de terrain à Irbid, ville secondaire de Jordanie ».

14h30
Marc Dugas ( LEM, EPHE)
« Le lieu du baptême de Jésus en Jordanie, terrain autonome ou annexe ? ».

14h45
Léa Macias (CEMS, EHESS)
« Terrain sensible ou difficile d’accès en Jordanie ? Le camp de réfugiés de Zaatari comme terrain de thèse ».

15h
Amal Khaleefa, (DILTEC, U. Sorbonne nouvelle Paris 3)
« Enquêter dans un camp de réfugiés « chez soi » : enjeux politiques et méthodologiques pour une chercheure jordanienne ».

15h15 : pause

15h30 - 15h45 : discussion
Norig Neveu & Taher Labadi.

15h45-16h30 : discussion avec le public

16h30 : conclusion

A retrouver sur le site du LEST  / Lire le compte rendu de la journée d’étude par Taher Labadi, Simon Mangon et Norig Neveu, Les Carnets de l'Ifpo, 26 avril 2021.

Année
2020