L'Annuaire de l'Afrique du Nord (1952-2003)
par Mohamed Benhlal, rédacteur en chef de l’Annuaire de l’Afrique du Nord en 2002, IREMAM-CNRS
L’Annuaire de l’Afrique du Nord a été créé au sortir de la guerre d’Algérie. Il a été le rite d’initiation de toute une génération étudiante et qui a sans doute déterminé la spécialisation de nombreux chercheurs en sciences sociales à Aix-en-Provence et ailleurs. L’Annuaire de l’Afrique du Nord devenait alors l’indispensable observatoire des nouveaux mondes qui émergeaient de la décolonisation.
C’est en 1962 que des spécialistes de diverses disciplines, rassemblés à Aix-en-Provence au Centre d’Etudes Nord-Africaines, ont voulu mettre à profit leur expérience et la documentation accumulée depuis la fondation du Centre en 1958, par la publication régulière d’un Annuaire.Recouvrant pour l’Afrique du Nord les problèmes se rattachant aux Sciences humaines et plus particulièrement à la Science Politique, l’Histoire, la Géographie, l’Economie et la Sociologie, cet annuaire est réalisé en France avec le concours des chercheurs résidant dans les pays de l’autre rive de la Méditerranée.
Le modèle retenu pour le premier volume est celui d’un Annuaire qui recouvre la période comprise entre le 1er janvier et le 31 décembre 1962. Cette définition chronologique comporte une certaine souplesse pour les articles de fond ; par ailleurs, il a paru nécessaire pour cette première année de rappeler, dans les chroniques, certains événements antérieurs et de publier, dans les documents, les textes les plus importants depuis l’indépendance.
Le contenu de l’Annuaire est réparti en cinq rubriques : d’abord, des études sur des sujets d’actualité, puis les chroniques politiques, diplomatiques, économiques et socio-culturelles. Ces chroniques s’appuient sur des chronologies politiques, diplomatiques, économiques et sociales dont la disposition typographique permet soit une lecture des événements concernant un seul pays, soit une lecture de tous les événements concernant les pays pour un jour donné. Dans la partie relative aux documents, ont été sélectionnés les textes les plus importants en donnant la priorité à ceux qui sont difficiles à retrouver ou qui n’ont pas encore été publiés en français. La partie bibliographique comprend une recension alphabétique de tous les ouvrages et articles parus dans le courant de l’année de référence ; y figurent non seulement les articles de revues, mais ceux de la presse française ou maghrébine chaque fois qu’il s’agit d’études sur un sujet déterminé et non pas seulement de relations de fait.
Ces mêmes titres sont ventilés dans une bibliographie systématique établie sur la base du code utilisé pour la classification de la documentation du C.E.N.A. Enfin, quelques comptes rendus amorcent une bibliographie critique qui sera largement développée dans les volumes suivants. Ce travail n’aurait pu être mené à bien sans le concours du C.N.R.S. qui a bien voulu fournir aux initiateurs aixois les collaborateurs qui leur étaient nécessaires et qui a accepté de prendre en charge l’édition de cet Annuaire.
Au fil des ans, l’Annuaire de l’Afrique du Nord a su s’imposer dans le champ scientifique comme un outil de travail fondamental. Il a constitué un lieu d’échanges des savoirs entre intellectuels des deux rives. L’apport de la partie études, et plus encore les chroniques, les chronologies, les actualités scientifiques, les bibliographies, les comptes rendus ont été, de l’avis unanime des utilisateurs, d’une grande utilité. La mise à disposition de cette somme (des dizaines de milliers de pages) sur le Web permet de prendre la mesure de l’éventail des thématiques traitées. Elle répond aujourd’hui à un besoin plus que jamais nécessaire d’interconnaissance entre les deux rives de la Méditerranée. Plusieurs centaines de livres rares sur l’Afrique du Nord ont déjà été numérisés et mis en ligne, soit en photographies et c’est le fonds Gallica de la Bibliothèque Nationale de France, soit sous forme de documents numériques immédiatement exploitables pour la recherche d’information à partir de mots-clés.
Tous les chercheurs, y compris, depuis peu, nos collègues des pays de l’autre rive, disposent d’Internet. L’AAN, avec la masse d’informations qu’il propose dans les domaines les plus divers, les chroniques, les bibliographies, les analyses, les dossiers spéciaux, les recensions, la chronologie, les synthèses savantes de Roger Le Tourneau, André Noushi, Claude Zarka, André Adam, Robert Mantran, pour n’en citer que quelques-uns, est aujourd’hui l’outil le moins accessible pour les nouvelles générations d’étudiants et de chercheurs. Celles-ci trouveront dans les différents volumes de l’Annuaire, méticuleusement numérisés, des compléments de première main sur le déroulement des événements au Maghreb durant ces quarante années cruciales. Grâce à cette nouvelle mise en ligne éditoriale initiée par l’IREMAM, tous les chercheurs, francophones, du monde arabe, du monde musulman ou du monde entier ont accès à cette encyclopédie exceptionnelle du Maghreb. Ils peuvent obtenir en quelques secondes les bibliographies spécialisées dont ils ont besoin, les informations référencées se rapportant aux sujets qui les intéressent et enfin télécharger les textes les plus importants qu’ils souhaitent exploiter. Le monde change très vite et le cyber-intellectuel qui va apparaître disposera d’une bibliothèque mondialisée. Il sera plus informé et il aura ainsi le sens de la diversité des opinions venant d’horizons multiples.
A côté de la recherche classique en texte intégral, un moteur de recherche assez fin permet à l’internaute l’accès :
- d’abord à des références à des chapeaux de présentation d’articles,
- ensuite aux articles eux-mêmes qu’il peut donc consulter et télécharger.
Cette mise en ligne est réalisée en partenariat scientifique et technique avec le Service informatique de la MMSH comme un outil de valorisation scientifique de l’IREMAM. Le site de l’AAN est hébergé par le serveur de la MMSH.