Deuxième table ronde dans le cadre du projet OTTOMED "Les Ottomans en Méditerranée : un patrimoine disputé"

Mise en tourisme des vestiges ottomans, d’hier à aujourd’hui : Arabie saoudite, Liban, Turquie

13 avril 2018, 10h-13h, MMSH, salle A219. Table ronde organisée par Juliette Dumas (MCF AMU, IREMAM) dans le cadre du projet OTTOMED, "Les Ottomans en Méditerranée : un patrimoine disputé", projet amorce IREMAM-IDEMEC. A retrouver sur le carnet du LabexMed

Programme

Virginia Cassola (IMA), "La progressive appropriation par l’Arabie saoudite des vestiges ottomans du Hijaz." En 2002, la démolition de la forteresse ottomane al-Ajyad qui surplombait le sanctuaire de La Mecque depuis le XVIIIe siècle fut décrite par le gouvernement turc comme un acte délibéré de l’Arabie saoudite d’effacement de la mémoire de l’Empire ottoman. En 2008, la nomination du site d’Hégra (Madâ’in Saleh) sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco a entraîné la mise en tourisme du site antique, mais également des bâtiments qui avait été construits par les Ottomans dans cette station du chemin de fer du Hijaz. Ces deux exemples de traitement patrimonial par l’Arabie saoudite témoignent d’une reconnaissance ambiguë, mais progressive, des vestiges du patrimoine ottoman du Hijaz que nous tenterons d’analyser lors de cette table ronde.

Norig Neveu (CR IREMAM), "Gestion et valorisation du patrimoine ottoman en Jordanie. Approche comparée du patrimoine urbain de deux villes moyennes : Salt et Ma‘ân." Ma présentation va interroger les mises en valeur du patrimoine urbain ottoman en Jordanie depuis les années 1990 en comparant les politiques mises en place à Salt et Ma‘ân. Ces deux villes ont en commun d’avoir été d’importants centres économiques à la fin du XIXe siècle. C’est à cette époque que de grandes familles de commerçants venues du nord du Bilâd al-Shâm et de Palestine s’y sont installées. Ces dernières ont établi d’importants patrimoines urbains en pierre ou en terre crue. La valorisation de ce patrimoine dépend aujourd’hui de la législation en vigueur en Jordanie qui ne reconnaît pas les sites postérieurs à 1700 comme des antiquités. C’est pourquoi, jusqu’aux années 1990, le patrimoine ottoman n’a pas fait l’objet de politique de conservation. À partir de cette époque, pour des raisons principalement touristiques plusieurs monuments d’époque ottomane ont fait l’objet de rénovation. J’interrogerai les divergences de mise en valeur du patrimoine ottoman en Jordanie en insistant sur la diversité des acteurs étatiques ou non qui cherchent à promouvoir son importance.

Juliette Dumas (MCF AMU IREMAM), "A la recherche des raisons d’une réussite touristique : le cas d’Eyüp." Eyüp s’impose aujourd’hui parmi les lieux de visite incontournables d’Istanbul et, à ce titre, a bénéficié d’une attention toute particulière en faveur d’aménagements touristiques poussés. Or, il est difficile d’analyser les motifs de ce succès touristique, tant l’espace lui-même est pluri-sémantique. Lieu de culte(s) musulman(s), doté d’une identité dynastique ottomane forte, c’est aussi un cimetière rendu célèbre par les récits orientalistes du 19e siècle, indissociable de la figure de Pierre Loti, dont un café conserve et met en scène le souvenir. Vecteur d’attraction touristique, cette diversité n’en soulève pas moins de nombreuses questions, quant à la mise en parallèle de discours cumulatifs, mais également contradictoires.

Année
2018