Séminaire « La crise des relations euro-méditerranéennes » (2011)

Laboratoires de la MMSH associés au projet : Iremam, Telemme, Lames
Groupe de pilotage : J-R Henry, A. Donzel, G. Dorival, G. Groc, B. Mesini B. Morel.

Objectifs du séminaire

Ce séminaire qui se réunit au moins trois fois par an a pour objectif de maintenir une veille scientifique sur les relations euro-méditerranéennes actuelles, leurs crises et leurs acteurs. Il mobilise des membres de plusieurs laboratoires composant la MMSH et divers partenaires locaux concernés par cet objectif. La constitution d’un groupe de suivi sur les relations euro-méditerranéennes vise à reconstruire, avec les outils, la distance et l’esprit critique du chercheur, les questions posées par l’évolution de ces relations. Ainsi, la crise institutionnelle actuelle du partenariat euro-méditerranéen ou plutôt la nouvelle phase du long processus de crise qui affecte ce partenariat - est un lieu propice d’observation de la tension croissante qui s’observe entre acteurs "d’en haut" et acteurs "d’en bas", à l’intérieur du partenariat mais aussi sur toute la scène méditerranéenne, comme le montrent à voir les récents évènements d’outre-Méditerranée. Le développement, la diversification et le rôle des "acteurs civils" évoluant dans l’espace méditerranéen, sans oublier les acteurs économiques, sont un champ de recherche qui a été à peine exploré. Il faut y ajouter le rôle de plus en plus important joué par les acteurs publics non étatiques (collectivités locales, établissements universitaires, fondations parlementaires…). A travers ce séminaire, il s’agit aussi de renforcer la capacité de la MMSH à observer et analyser des enjeux politiques euro-méditerranéens qui ont une incidence sur nos activités. Ce suivi des relations politiques euro-méditerranéennes ne saurait se confondre avec l’activité du pôle Euromed de la MMSH, dont la vocation est de saisir les opportunités offertes par la politique de recherche européenne.

Modalités

Le séminaire s’adresse en priorité à un groupe de travail dont la composition, donnée ci-dessous, reste largement ouverte. Ce groupe comprend, autour du noyau des chercheurs intéressés de la MMSH, des universitaires, chercheurs, observateurs ou praticiens appartenant à notre environnement proche. On s’emploiera à faciliter au sein du groupe la circulation des informations sur l’actualité des relations transméditerranéennes, et on cherchera de même à favoriser le dialogue (indispensable à l’information) avec les acteurs politiques, sans perdre de vue la nécessité de privilégier dans notre réflexion la posture de recherche. Chaque séance du séminaire, d’une demi-journée, sera organisée autour d’un thème et de deux à trois intervenants, dont un externe. Les résultats de ces rencontres pourront être publiés sur le site de la MMSH ou dans des publications ciblées (à l’instar du dossier sur le devenir méditerranéen qui vient d’être publié dans la revue Rayonnement du CNRS).

Programme

03/05/2011, salle 101, 9h30-13h, MMSH
"La crise du système institutionnel euro-méditerranéen. Interprétations et perspectives" : exposés de Jean-Robert Henry (DREM/Iremam) et d'Eduard Soler (CIDOB, Barcelone).

Bilan de la séance : deux exposés avaient été présentés, le premier sur la crise de la politique méditerranéenne de l’Europe (Jean-Robert Henry), dont le texte avait été diffusé auprès des participants, et le second sur la nécessité d’une "révolution mentale" et d’un changement de paradigme dans les relations euro-méditerranéennes (par Eduard Soler, chercheur au CIDOB, de Barcelone, qui avait été associé aux initiatives de la présidence espagnole de l’Europe au 1e semestre 2010 visant à relancer le dialogue politique euro-méditerranéen). Par ailleurs, un texte de Jean-François Coustillière avait été distribué aux participants, ainsi que la revue Rayonnement du CNRS sur le "devenir méditerranéen".

Le débat qui a suivi a réuni une vingtaine de participants. Un des principaux points évoqués a été la comparaison des approches française et espagnole de la question méditerranéenne. L’initiative française a accentué les différences et les concurrences entre les politiques méditerranéennes des deux Etats, même s’ils sont parmi les seuls en Europe à rester attachés au projet d’Union pour la Méditerranée, pour des raisons différentes : la France, parce qu’elle est prisonnière de son projet, L’Espagne, parce qu’elle est soucieuse de conserver le siège du secrétariat de l’UPM. Tout en ménageant sa relation avec la France, et malgré la crise financière qui pèse sur sa politique étrangère, l’Espagne a essayé d’européaniser le projet Sarkozy et d’empêcher que les relations euro-méditerranéennes soient complètement discréditées et inopérantes au moment où le "printemps arabe" les rendrait utiles. Un autre point du débat a porté sur les scénarios possibles des relations euro-méditerranéennes :
- soit la paralysie du système euro-méditerranéen conduit à sa disparition et à son remplacement par le vide, le sous-régional, ou encore relance du dialogue euro-arabe ;
- soit les Européens se contentent de changements cosmétiques d’ordre rhétorique au système euro-méditerranéen, la commission se soumettant aux attentes des Etats, principalement des pays du sud de l’Europe ;
- soit s’impose un changement de paradigme, visant à favoriser le passage d’une logique de défense des intérêts nationaux et de contention des problèmes (notamment en matière de mobilité des personnes) à la redéfinition d’une politique euro-méditerranéenne globale accordée à la légitimité des nouveaux pouvoirs qui émergent au sud.

Ce ne pourra se faire avant fin 2011, ni au moins avant la réunion des Nations unies sur la question palestinienne en septembre 2011. En attendant, il conviendra de prêter attention aux textes publiés par la Commission européenne sur la politique de voisinage. Une suite du séminaire en matière de publications a été un article paru fin juin dans la revue Projet, qui partait de l’exposé initial présenté par J. R. Henry, en prenant en compte certains éléments du débat. De même, Eduard Soler a tenu compte de nos échanges dans ses articles ultérieurs. Par ailleurs, des échanges sur le contenu du séminaire se sont poursuivis avec des chercheurs ou des acteurs politiques qui n’avaient pu participer à la réunion.

Une autre séance du séminaire est prévue au premier trimestre 2012 sur "Les nouvelles perspectives de coopération en matière de recherche et d’échanges universitaires". Nous avons sollicité à cette fin la participation de Michèle Gendreau-Massaloux, Gilles Dorival, Gérard Dufour, François Siino. Avant cette séance, l’actualité nous obligera peut-être à réserver une séance supplémentaire aux nouvelles stratégies qui se dessinent dans l’espace méditerranéen depuis le printemps arabe et depuis l’intervention de puissances européennes en Libye, des stratégies qui remettent en cause les problématiques euro-méditerranéennes classiques. L’ambition régionale turque, les débats électoraux français/européens et la montée en puissance des acteurs civils dans la région sont aussi des facteurs qui incitent à s’interroger sur les nouveaux scénarios possibles des rapports entre l’Europe et les sociétés d’outre-Méditerranée. Nous discuterons le 7 novembre de cette éventualité. 

07/11/2011, séance N° 2, 9h30-13h, MMSH, salle 01
"Le retour des acteurs civils dans l’espace méditerranéen"

Le développement, la diversification et le rôle des "acteurs civils" évoluant dans l’espace méditerranéen sont un champ de recherche qui a été longtemps délaissé, sauf par les chercheurs qui s’intéressaient à la dimension humaine des relations euro-méditerranéennes. Depuis plusieurs années, la montée en puissance et en visibilité des acteurs civils et de leurs revendications a pourtant fait bouger certains dossiers en matière de droits de l’homme, y compris des droits déniés par les logiques interétatiques comme le droit à la libre circulation. On a relevé aussi le rôle croissant que les acteurs civils occupent dans les opérations de coopération "décentralisée" menées par des instances publiques non étatiques (collectivités locales, établissements universitaires, fondations parlementaires…). Mais c’est évidemment le "printemps arabe" et ses suites au sud et au nord qui ont fait exploser la visibilité des acteurs civils et invité à reproblématiser l’étude de leur rôle dans les relations euro-méditerranéennes. Trois exposés sont prévus pour cette séance :
- Celui de Béatrice Mésini (TELEMME) sur "Expressivité des sociétés civiles en Méditerranée : le "Maghreb des peuples" dans les forums sociaux 2000-2010",
- Celui de Salam Kawakibi (Arab Reform Initiative) sur "La mobilisation des sociétés civiles dans le 'printemps arabe' " ; et celui d’Ali Bensaad (IREMAM) sur "Les mobilisations transnationales de réseaux de migrants au sud de la Méditerranée en matière de droits de l’homme" (en dernière minute, celui-ci, en déplacement à l’étranger, nous informe qu’il n’est pas certain de pouvoir participer à la séance).
- Autres auteurs de brèves interventions : Mounira Chariet, François Siino.

La revue Maghreb-Machreq est intéressée par la publication d’un dossier sur le retour des acteurs civils. A l’occasion de la réunion, nous ferons le point sur les évènements d’actualité qui font sens dans les relations euro-méditerranéennes (comme l’intervention militaire en Libye), et sont susceptibles d’engager de nouveaux scénarios de ces relations.

Composition du groupe (liste non limitative)

- MMSH : Brigitte Marino, Dominique Seigne
- IREMAM : Ali Bensaad (MCF UP), Christian Graeff (chercheur associé), Gérard Groc (chercheur associé), Jean-Robert Henry (DR émérite), Ahmed Mahiou (DR émérite), François Siino (ingénieur de recherche)
- TELEMME : Maryline Crivello (professeure UP), Sylvie Daviet (professeure UP), Gérard Dufour (professeur émérite UP), Béatrice Mesini (chercheur CNRS), Philippe Mioche (professeur UP), Bernard Morel (professeur UP), Stéphane Mourlane (MCF UP)
- LAMES : André Donzel (chercheur CNRS), Mohamed Tozy (professeur IEP)
- CPAF : Gilles Dorival (professeur émérite UP)
- CERIC (U3) : Rostane Mehdi (professeur U3), Olivier Grojean (MCF)
- Doctorants : Rémi Caucanas, Anne Vallat
- Réseau externe : Chérif Dris (MCF sciences politiques Alger), Aomar Baghzouz (MCF sciences politiques Tizi-Ouzou), Isabelle Coustet (fonctionnaire européen détachée à Marseille 2013), Jean-François Coustillière, Jacques Huntzinger, Thomas Lacroix,  William Lenne, Jean-Yves Moisseron, Joachim Rothacker (directeur du Centre Franco-Allemand, Aix-en-Provence), Isabel Schäfer (Humbold Universität, Berlin), Ozan Serdaroglu (MCF sciences politiques, Chypre), Eduard Soler (chercheur au CIDOB, Barcelone), Lionel Urdy, Claire Visier (MCF sciences politiques, Rennes, Yahia Zoubir (professeur à l’Ecole de commerce de Marseille.