Marc-et-anna-Côte

Photo : Marc Côte et sa femme Anna Côte @ Saïd Belguidoum

Hommage à Marc Côte

Marc Côte nous a quitté. Il est parti dans la nuit du 26 au 27 mars. Professeur émérite de géographie à l’université de Provence, il aura effectué l’essentiel de sa carrière en Algérie, pays où il vivra sans interruption de 1966 à 1994 et où il continuait de se rendre régulièrement.

Son œuvre est considérable. Il a formé des générations d’étudiants et de chercheurs algériens, géographes, sociologues, architectes et urbanistes, notamment à l’université de Constantine, mais aussi dans les autres universités de l’Est algérien où il avait de nombreuses attaches et où il était souvent invité (Sétif, Biskra, Annaba, Oum El Bouaghi et Ouargla).

L’auteur de L'Algérie ou l'espace retourné, (Flammarion, 1988), devenu ouvrage de référence pour comprendre la société algérienne et son espace, nous laisse d’innombrables publications, un leg immense pour les générations actuelles et futures.

Travaillant d’abord sur la paysannerie et les structures agraires de l’Est algérien, il s’intéressera ensuite à l’armature des petites villes qui structure l’espace rural algérien, puis consacrera la dernière partie de sa carrière au Sahara. On lui doit une série d’ouvrages sur « les » Sahara, tel qu’il aimait le dire (La ville et le désert - Le Bas-Sahara algérien, Karthala, 2005 ; Signatures sahariennes. Terroirs & territoires vus du ciel, PUP, 2012 ; Le Sahara, barrière ou pont ? PUP, 2014).

Tous ceux qui ont eu la chance d’arpenter les terrains en sa compagnie garderont le souvenir de ces qualités humaines, de sa simplicité et surtout de la manière qu’il avait à faire comprendre et partager sa connaissance fine des paysages agraires et des terroirs.

Ces terrains qu’il faisait vivre grâce aux clés de lecture qu’il avait élaborées et qu’il transmettait avec la générosité qui le caractérisait tant. Comment retourner dans les Zibans, l’Oued Righ, le Souf où les palmeraies de l’Oued Mya sans penser aux leçons de Marc ? Comment suivre les sentiers escarpés du Boutaleb, pénétrer dans le massif des Babors, ou suivre les lignes de crètes du bassin versant du Bousselam sans avoir en tête ses commentaires précis, toujours justes qui permettaient de saisir la complexité de ces territoires et la subtilité des savoir-faire des sociétés paysannes ?

Il a profondément marqué tous ceux qui l’ont côtoyé par l’ampleur de son savoir, sa faculté à lire et comprendre l’espace. Un savoir que son humilité à le transmettre rendait encore plus profond et intense.

Merci Marc.
Saïd Belguidoum, le 27 mars 2022