Mémoire de papier

"Mémoire de papier. Les tribulations d’un fonds d’archives familial yéménite du XXe siècle" par Juliette Honvault

Dans le cadre du Collège de Méditerrané : mercredi 12 février 2020, 19h, Coco Velten, 16 rue Bernard du Bois, 13001 Marseille. Informations : 04 84 89 02 00 et reservations@college-mediterranee.com

En 2009, une salle de la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme d’Aix-en-Provence (CNRS) accueillait quelques dizaines de milliers de documents d’archives yéménites pour leur offrir un ultime abri, après un siècle de pérégrinations.
Correspondances et télégrammes, brouillons de discours et d’ouvrages, coupures de presse, listes, agendas, carnets personnels et photos multiples ont été amassés et rassemblés par un homme, Ahmad Nu’mân, né en 1909 dans un village montagneux du Yémen, et mort en 1996 à Genève après des années d’exil. Un jour, ces documents ont été rangés et classés, de manière à défier le temps, à « faire trace », et sont devenus des archives destinées à ceux qui chercheraient à comprendre ce qui s’est joué autour de l’homme et ses multiples activités. Fondateur de la première école moderne du Yémen dans les années 1930, Ahmad Nu’mân est devenu un militant de la réforme culturelle de son pays. Il a connu plusieurs fois la prison et l’exil, à Aden, au Caire, à Beyrouth ou Djedda, mais c’est aussi un homme d’Etat, dont la mémoire a été saluée par des funérailles nationales.
Si ses archives ne se trouvent pas aux Archives nationales yéménites, mais à des milliers de kilomètres de là, ce n’est pas un hasard. Elles ont une histoire particulière à faire valoir, à distinguer du récit national, et leur retour d’exil comporte des risques quant à leurs usages et leur préservation qui sont aujourd’hui d’autant plus grands que le pays est depuis plusieurs années ravagé par la guerre. 
Juliette Honvault, chercheure en Histoire au CNRS (IREMAM), est en charge de les rendre numériquement accessible aux historiens yéménites, entourée d’archivistes et des descendants d’Ahmad Nu’mân. Elle fait part de ce projet scientifique, politique et humain de restitution, et de la façon dont son regard d’historienne et de chercheur oriente ce travail, qui à son tour modifie ses objets et questionnements. Revoir la conférence  

Année
2020