Colloque international "Voisinage et appartenance"

Droits, obligations, conflits

20-21 octobre 2016, 9h-17h30, hôtel Sidi Bou Saïd, Tunis. Colloque sous la responsabilité de Sami Bargaoui, Thomas Glesener et Isabelle Grangaud. Dans le cadre du GDRI APOCOPE "Appartenance locale et communauté politique. Relations sociales, droits, revendications." Avec notamment Iris Seri-Hersch (AMU, IREMAM). Lien vers l'évènement Facebook

Argumentaire 

Dans cette rencontre nous souhaitons interroger ce que fonde et impulse une commune inscription dans un lieu sur la construction tout à la fois des liens sociaux et des territoires. Ce sont les articulations entre inscription locale, liens sociaux et territoires et les configurations qu’elles dessinent que nous voulons explorer. Cette perspective se démarque de deux types d’approche, pas nécessairement exclusifs l’un de l’autre, qui tout en mettant le voisinage au cœur de leur propos n’ont pas travaillé à l’articulation entre un territoire et ceux qui le pratiquent. L’un a envisagé le voisinage comme résultant de relations primordiales, familiales, ethniques, religieuses, etc. De ce point de vue, les rapprochements résidentiels constitueraient la simple expression de l’inscription spatiale de groupes fondés sur ces liens identitaires, et ce serait essentiellement à la nature des solidarités, communautaires, tribales ou confessionnelles, que le voisinage, indépendamment du lieu de son ancrage, se trouverait éclairé. L’autre a observé le voisinage comme résultant d’un découpage du territoire, émané d’instances externes, et lié à une organisation plus générale de l’espace. Le voisinage sous cet angle apparait essentiellement comme résultant d’une circonscription administrative, considérée indépendamment des communautés qui s’y rattachent. Contre cette idée que soit le groupe, soit le territoire constitueraient des donnés déjà là, nous souhaitons envisager le voisinage sous l’angle des droits et des obligations exercés en de mêmes espaces qui structurent des liens et des lieux. Le voisinage ne peut en effet se réduire à la seule proximité d’habitation, ni à un espace délimité a priori, mais il se définit et se structure par un ensemble de droits et de devoirs qui ont pris des formes différentes selon les lieux et les époques, autour de l’accès aux ressources locales que sont les espaces privatifs ou collectifs, aussi bien que les biens communs et publics, comme autour de la distribution de contraintes et d’obligations qu’imposent fiscalité, responsabilité judiciaire ou autres. Aussi les liens d’ayant-droits et d’obligés qui se construisent autour d’un espace définissent-ils le voisinage, l’usage de cet espace et les responsabilités afférentes, infléchissant les configurations et les stratifications qui façonnent la communauté vicinale. Inversement, les lieux se trouvent modelés par les formes diverses selon lesquelles droits et obligations s’y partagent et s’exercent. Dans cette perspective, le voisinage n’est pas le conservatoire de liens primordiaux ni un cadre institutionnel décrété mais bien l’ensemble des interactions entre un espace et les liens sociaux qui s’y construisent, impulsées par l’exercice différentiel des droits, des solidarités et des contraintes. Le voisinage constitue donc un des lieux privilégiés pour observer les expressions et les modalités des droits de l’appartenance, des formes citoyennes qui structurent en les articulant relations sociales et territoires. 

Année
2016