Colloque international "La montagne et ses savoirs"

Recherches interdisciplinaires sur le pays Jbala

27-29 novembre 2015, faculté polydisciplinaire de Larache, Maroc. Organisé par la faculté polydisciplinaire de Larache, l'IREMAM et l'université Sidi Mohamed Ben Abdellah (Fès). Dans le cadre du projet de coopération scientifique franco-marocain (PICS CNRS-CNRST 2013-2015), "La montagne et ses savoirs". Comité d'organisation : Younes Hmimsa (FPL-UAE, Larache), Salama El-Fatehi (FPL-UAE, Larache), Fouad Brigui (USMBA, Fès), Hamid Lahmer (USMBA, Fès-Sais), Michel Nieto (IREMAM CNRS-AMU), Yildiz Thomas (CEFE CNRS Montpellier), Angeles Vicente (Université de Saragosse). Comité scientifique : Mohammed Ater (FS-UAE, Tétouan), Fouad Brigui (USMBA, Fès), Dominique Caubet (INALCO), Patrice Cressier (CIHAM CNRS Lyon), Younes Hmimsa (FPLUAE, Larache), Mohammed Mezzine (USMBA, Fès-Sais), Catherine Miller (IREMAM CNRS-AMU), Jacques Vignet-Zunz (Cérij, Groupe Jbala, Rabat).

Le Projet international de coopération scientifique (PICS 2013-2015) franco-marocain, "La montagne et ses savoirs" a été une occasion de réunir différents chercheurs, de différentes équipes, de différentes disciplines et différentes nationalités, partageant une réflexion commune autour d’un champ de recherche qui s’intéresse aux variantes linguistiques, à la culture, à la société et à la biodiversité de la montagne. Ce projet a encouragé les différentes équipes à traiter des problématiques dans un contexte interdisciplinaire, en proposant plus particulièrement le croisement entre la montagne, les techniques, la façon de les nommer et/ou les savoirs lettrés de la société Jeblie "de la montagne". Mais quelle montagne ? Située à l’extrémité nord de l’Afrique, au nord ouest du Royaume du Maroc, la chaîne montagneuse du Rif possède une situation géographique et stratégique privilégiée à l’extrême ouest de la Méditerranée. La plus courte distance la séparant de l’Europe (côte espagnole) est de 14 km au niveau du Détroit de Gibraltar. Elle forme une partie du bassin méditerranéen, représentant un carrefour, une voie de passage aussi bien humaine, culturelle que naturelle. Située à l’intersection entre plusieurs ensembles et sous-ensembles régionaux, il s’agit d’une terre à la fois arabo-berbère, maghrébine, méditerranéenne, andalouse, africaine… L’ensemble de ces caractéristiques a suscité l’intérêt de différents chercheurs qui ont effectué des recherches ensemble, dans un cadre interdisciplinaire, dans la région Jbala, Ghomara et Zénète, constituant la chaîne montagneuse du Rif. Ce colloque de clôture du PICS est l’occasion de rencontre des différentes équipes du projet et de présentation de l’ensemble des travaux réalisés par les différents participants à ce programme de recherche s’inscrivant dans quatre thématiques et approches disciplinaires : 

Linguistique : approches axées surtout sur les parlers arabes montagnards des Jbala restant peu décrits ou ayant fait l’objet d’étude sous d’autres points de vue. L’apport des chercheurs à ce niveau est d’une grande importance pour faciliter la compréhension du long processus d’arabisation du Nord de l’Afrique et du Maroc. Les travaux à présenter vont permettre de mettre en évidence les différentes variétés de parlers arabes et berbères de la région étudiée en cherchant à déterminer une identité linguistique de la dite région.

Histoire et ‘ulamā’ : l’accent est mis sur ce qui fait l’originalité d’un pan de l’histoire ancienne et de l’histoire du présent de cette région, les lettrés. Spécialistes du fiqh ou simples enseignants de village, leur densité n’a pas d’équivalent dans les campagnes marocaines, sinon dans le Sous. Une équipe travaille sur la localisation des érudits encore présents dans la montagne, avec un regard particulier sur leurs bibliothèques privées, dont un recensement permettra une première approximation de l’importance, ici, de l’écrit. Par ailleurs, le rôle du fqih dans certaines activités agricoles, comme la détermination des cultures correspondant au calendrier agraire (mnazil), peut être l’objet d’approches conjointes avec les botanistes.

Anthropologique : approche s’intéressant surtout à l’étude et l’analyse des différents aspects culturels et organisationnels qui définissent les interactions entre les hommes (femmes), la différenciation des groupes culturels et les interactions entre ces groupes. En plus du genre et des liens de parenté, les liens entre les humains et le non humain ou le naturel et le non naturel ont suscité l’intérêt de certains chercheurs.

Botanique et ethnobotanique : approche abordant l’évaluation et la caractérisation de l’agrodiversité et des savoirs paysans en relation avec les espèces végétales cultivées. L’ethnobotanique s’intéresse de surcroît à comprendre comment le traitement des plantes (reproduction, techniques de transformation des plantes aux paysages) définit pour partie les relations des hommes entre eux, rejoignant là les préoccupations de l’anthropologie de la nature. Cette partie vise le renforcement d’une approche interdisciplinaire croisant ethnobotanique, linguistique et biologie afin de caractériser les dynamiques bio-culturelles en jeu dans le contexte des transformations en cours liées aux changements sociétaux et globaux, notamment celui des politiques agraires récentes (Millenium Challenge Account, Plan Maroc Vert, plan oléicole …). Le travail de groupe et le croisement interdisciplinaire entre linguistes, ethnobiologistes, biologistes et anthropologues ont abouti à des missions de terrain qui ont été réalisées dans différentes régions de la zone d’étude (Anjra, Aïn Mediouna, Bni Boufrah, Ouezzane, Bellouta, Al-Hoceima, M’sek) dont les résultats vont faire l’objet de présentations durant ce colloque.

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En savoir plus sur  le Carnet Études sur les Jbala, Maroc 

Année
2015