Colloque "Les transitions arabes"
"La place de l'Islam dans les polarisations politiques et confessionnelles"
26-27 mars 2014, Paris Site Pouchet, Paris. / IISMM, salle Lombard, Paris. Organisé par Anna Bozzo, historienne (Université Roma Tre), membre associée au GSRL. Pierre-Jean Luizard, historien (GSRL-CNRS/EPHE). A noter la participation de François Burgat (Iremam), "L’opposition syrienne au piège de la variable religieuse."
L’islam, qui n’était pas la première référence des Printemps arabes, se trouve actuellement au cœur des radicalisations en cours dans les pays du Proche-Orient et du Maghreb engagés ou non dans des phases de transition. La haine, qu’elle soit confessionnelle ou opposant des mouvements à référents religieux à des mouvements laïques, semble s’être généralisée dans le monde arabe, depuis l’Irak jusqu’à l’Egypte, en passant par la Syrie, et bien au-delà. Le processus de confessionnalisation est à l’œuvre. Nous l’étudierons à travers des études de cas (Irak, Syrie, Yémen, mais aussi Turquie). Il s’agira d’analyser comment ces haines se sont construites et d’établir si elles sont comparables. Quelle est la place de l’islam, notamment des acteurs se réclamant de l’islam, dans cette polarisation que connaissent la plupart des sociétés arabes en transition (Egypte, Tunisie, Syrie, Yémen) et, au-delà, en Algérie ? On s’intéressera notamment à la légitimation par les autorités religieuses de combats politiques et/ou confessionnels (par exemple, la position d’Al-Azhar et des ulémas sunnites du monde arabe face au "coup d’Etat" en Egypte ou à la guerre en Syrie). Quelles nouvelles autorités religieuses musulmanes peuvent émerger dans ce contexte de polarisation généralisée ? Quel devenir pour les mouvements islamistes à la suite du changement de pouvoir en Egypte et de l’adoption d’une nouvelle Constitution en Tunisie ? Tenter de répondre à toutes ces questions est l’objet de ce colloque. Encore faut-il que nous arrivions à résoudre une série de problèmes méthodologiques majeurs. Comment faire de la recherche dans des pays polarisés politiquement et/ou confessionnellement ? Comment travailler quand des chercheurs sont sollicités sans cesse par une actualité mouvante dont on ignore encore la temporalité à court, moyen ou long terme ? Comment se situer lorsque les collègues, localement ou dans les diasporas, sont parties prenantes aux conflits en cours ? La confrontation de nos expériences devrait pouvoir nous permettre de dresser un état des lieux de ce qui nous est permis, en tant que chercheurs, dans un contexte de crise aigüe.