Rencontre-Débat de l’IREMAM - Alix Philippon

Alix Philippon (Cherpa-Sciences Po Aix) présentera son livre : Soufisme et politique au Pakistan. Le mouvement barelwi à l'heure de la guerre contre le terrorisme. Karthala-Sciences Po Aix, juillet 2011, 348 p.

Mardi 15 novembre 2011, 14h30, MMSH, salle Georges Duby

Alix Philippon est docteur en science politique et attachée temporaire d’enseignement et de recherche à Science Po Aix. Spécialiste du Pakistan où elle a vécu plusieurs années dans le cadre de ses recherches, elle a exploré les multiples dimensions politiques du soufisme. Ce livre s’inscrit dans le prolongement de sa thèse (Science Po Aix CHERPA/IREMAM) dirigée par François Burgat et soutenue en 2009.

4e de couverture

État créé en 1947 au nom de l’islam, le Pakistan est aujourd’hui pointé du doigt comme l’épicentre du jihadisme international. Mais sait-on que l’islamisme pakistanais compte dans ses rangs des soufis, des mystiques de l’islam ? Souvent perçu comme une alternative « quiétiste » et « tolérante » à un islamisme plus politiquement (voire radicalement) actif, le soufisme constitue pourtant un prisme privilégié pour appréhender les complexes dynamiques politiques au Pakistan. Au sein du champ islamiste pakistanais, c’est le mouvement barelwi qui a le plus revendiqué son appartenance à une identité soufie. Inspirées du modèle confrérique, implantées dans les centres urbains et dirigées par des leaders charismatiques, les différentes organisations barelwies ont tenté de se redéfinir en fonction des exigences de la modernité, démontrant ainsi comment la « tradition » peut se transformer en un véhicule puissant du changement et de la mobilisation politique. Ce mouvement présente néanmoins un paradoxe intéressant : défenseur sur la scène publique de l’islam majoritaire représentatif de la sensibilité religieuse de la population, les barelwis sont toujours demeurés confinés dans une minorité politique. A l’heure de la « guerre contre le terrorisme », dont le Pakistan est un État de ligne de front depuis 2001, la politisation des lignes de fractures doctrinales et la radicalisation des identités religieuses, déjà bien engagées dès les années 1980, se sont accélérées. Dans ces processus politiques et sectaires où le soufisme s’est vu plus que jamais idéologisé et où le champ islamiste s’est encore davantage différencié, le mouvement barelwi a joué un rôle émergent et ses contours ont dessiné un islamisme autre, un véritable soufislamisme, qui a su séduire le nouveau gouvernement au pouvoir à Islamabad.

Année
2011