2006 - Le cortège des captives (tragédie chiite)

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Photo @ Sabrina Mervin

Le cortège des captives (tragédie chiite) : un film de Sabrina Mervin, 2006 - 54 mn, arabe sous-titré français ou anglais, production Momento films !/CNRS Images. Prix Mario Ruspoli 2007 (Festival Jean Rouch).

Kfar Kila, un village chiite du Liban-Sud, le long de la frontière israélienne. Une région meurtrie par la guerre civile libanaise et par près de vingt ans d’occupation israélienne qui s’acheva en 2000. 
Sous la caution de deux religieux, un groupe d’habitants montent une pièce. C’est un théâtre rituel qui rapporte l’épopée de la famille du prophète Mohammed, thème central dans la mythologie de l’islam chiite. Les deux religieux se font les narrateurs qui nous introduisent dans cet univers.
Après le martyre de l’imam Hossein dans la bataille de Karbala, en 680, sa famille est capturée et emmenée à la cour du calife Yazid, à Damas. La pièce raconte la comparution de la sainte famille devant le calife vainqueur qui perd la face devant ses propres gens, tant se révèle, dans les joutes oratoires qui l’opposent aux vaincus, la suprématie du droit sur l’oppression, du bien sur le mal. 
Des extraits montrent les principales scènes de la pièce jusqu’à la libération des captifs, autorisés à repartir pour Karbala, où ils iront pleurer leurs morts. Ils constituent la trame du film, à laquelle s’entremêlent une répétition et les récits du metteur en scène, des acteurs, des religieux, sur le montage de la pièce. Du maçon au chauffeur de bus, ils ont laissé leurs occupations quotidiennes et ont dépassé leurs clivages politiques pour se réunir autour de cette œuvre qui est aussi un acte de foi dont ils espèrent une rétribution dans l’au-delà. 
Le film se déroule sur trois niveaux : le théâtre, la vie, et un entre-deux, posé dans un cadre familier et familial, où se déclinent les liens entre la mythologie et la réalité, le passé et le présent, l’amour et la dévotion pour des figures sacrées qui habitent les acteurs et sont des modèles de vie. Chacun dit son engagement, ses émotions, se raconte et émerge, à son tour, en tant que personnage. 
De l’ambiance bon enfant de la préparation matérielle de la pièce, on passe peu à peu aux choses ressenties et aux douleurs subies, tues par certains, exprimées par d’autres. La pièce se termine dans les lamentations, sur les tombes des martyrs, à Karbala. Les spectateurs sont en pleurs.
En filigrane, c’est une vision du monde qui se dégage, celle du chiisme, et l’histoire récente, troublée, de cette région, qui apparaît par bribes.

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