Culture pop en Égypte. Entre mainstream commercial et contestation

Richard Jacquemond et Frédéric Lagrange (dir.)
Riveneuve, 2020, 458 p.
Ouvrage publié avec le concours du CERMOM (Inalco), de l’IREMAM et de Sorbonne Université.

Culture pop en EgypteAlors que la seconde décennie du XXIe siècle s’achève sur un constat de désenchantement politique et social dans le pays le plus peuplé du monde arabe, la fécondité de sa culture populaire n’est pas un souvenir du passé. Les icônes qui ont nourri l’imaginaire arabe tout au long du XXe siècle ont disparu et la vallée du Nil a certes perdu de sa centralité hégémonique, mais le dialecte cairote dans la chanson, dance music électro-sha’bî, feuilletons télévisés, cinéma, mèmes internet, irrévérencieuses publicités et même « pop littérature » est toujours un trait d’union entre arabophones. Ce ne sont pas tant Beyrouth ou Dubai qui concurrencent Le Caire dans la pop culture arabe actuelle qu’une mondialisation des goûts et des références auxquelles les productions Made in Cairo s’adaptent, aujourd’hui comme un siècle plus tôt.

Cet ensemble de dix contributions saisit le pays autour d’un moment-pivot : la révolution de 2011, dont le déclenchement a exacerbé le sentiment enthousiaste d’un destin collectif, suivi d’un dépit dont les Égyptiens sortent - aussi - par leur humour ravageur. Analysant un corpus musical, audiovisuel, littéraire ou immatériel très contemporain, allant d’un auteur de thrillers en vogue à une adaptation de show comique américain, en passant par des caricatures numériques, des pubs virilistes pour bière sans alcool, des chansons de mahragan ou des ballades révolutionnaires, ces articles aident à redéfinir les notions couramment utilisées par les Cultural Studies. Le terrain égyptien aide à cerner les concepts de populaire et de pop, et les échos qu’ils trouvent dans le terme arabe sha’bi.

Mais au-delà de l’apport théorique qu’on en tirera, ces articles sont d’abord une promenade jouissive dans la culture égyptienne populaire d’aujourd’hui, et son regard sur hier et demain.

Richard Jacquemond est professeur de langue et littérature arabes modernes à l’Université d’Aix-Marseille et chercheur à l’Institut de Recherches et d’Études sur les Mondes Arabes et Musulmans (IREMAM, CNRS), dont il est actuellement directeur. Ses recherches portent sur l’histoire et la sociologie de la littérature arabe moderne et des échanges traductionnels entre l’arabe et les autres langues. Auteur de Entre scribes et écrivains. Le champ littéraire dans l’Égypte contemporaine (Actes Sud-Sindbad, 2003), il a également traduit une vingtaine d’ouvrages de l’arabe, dont huit romans de l’écrivain égyptien Sonallah Ibrahim.

Frédéric Lagrange est professeur de langue et littérature arabe à Sorbonne-Université et traducteur. Ses travaux ont porté sur la sociologie de la musique au Moyen-Orient, la construction du genre et des transgressions dans les littératures arabes médiévale et moderne, et les représentations littéraires de l’oralité dans l’écrit contemporain. Il oriente sa recherche actuelle vers les études culturelles.

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