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Sommaire
- Conseil de Laboratoire et PV (2024 - 2028)
- PV - Conseil de Laboratoire et AG (2018-2023)
- Codes d’accès à BibCnrs 2024
- Hcéres - CAMPAGNE D’ÉVALUATION 2022-2023 - VAGUE C
- PV - Conseil de Laboratoire et AG (2007-2017)
- Plan de Formation de l'Unité 2024
- Plan de Formation de l'Unité 2023
- Planning des présences des ITA
- Vade-mecum des manifestations scientifiques à l’IREMAM (juillet 2019)
- Charte de signature des publications scientifiques AMU (dernière version)
- Chartes des chercheurs et artistes associés à l’IREMAM
- Liste des artistes et chercheur·e·s associé·e·s à l’IREMAM (juillet 2021)
- Livret Prévention et Sécurité (Octobre 2024)
- Logos IREMAM, CNRS
- Organisation des missions 2019 à l’IREMAM
- Documents IREMAM (demande d’ordre de mission, papier en-tête 2024, règlement intérieur, changement de l’intitulé du laboratoire...)
- Documents Missions (AMU et CNRS) & FSD
- Fiches Fournisseurs CNRS
- Liens vers demande d’autorisation de cumul d’activité à titre accessoire CNRS et AMU
- Documents CNRS & AMU (politique scientifique, fonctionnement des structures de recherche, guide AMU...)
- Quadriennal 2012-2016
- Prospectives Quadriennal 2012-2015
- Débat de prospective
- Projets en cours d'élaboration
- Projets à reformuler
- Projets soumis à un appel d'offres
- Etat des propositions et avant-projet
- Projet scientifique
- Archives quinquennal (2012-2016)
- Archives quadriennal 2008-2011
- Archives Séminaire "Appropriations d’espace en contexte colonial) (1er semestre 2015)
- Archives Cycle de conférences Cherpa/Iremam « Thawra » (2011-2012)
- Autres archives (anciens doctorants, conventions, coopération internationale, partenaires...)
- Archives séminaire doctorants "L'État colonial : une analyse au concret" (2018)
- Archives décès et autres
Conseil de Laboratoire et PV (2024 - 2028)
Composition du Conseil de Laboratoire
PV CL 26 02 2024
PV - Conseil de Laboratoire et AG (2018-2023)
PV CL 23 01 2023
PV CL 10-06-2022
PV CL 28-03-2022
Nouvelle composition du Conseil de laboratoire au 26 04 2022
Nouvelle composition du Conseil de laboratoire au 27 05 2022
PV CL 10-06-2022
PV CL 24-01-2022
PV CL 01-02-2021
Nouvelle composition du Conseil de laboratoire au 14 04 2021
PV CL 14-06-2021
Nouvelle composition du Conseil de laboratoire au 22 11 2021
PV CL 13-12-2021
PV CL 07-12-2020 et candidatures Cnrs 2021 (fichier Excel)
PV CL 19-10-2020
PV AG 07-09-2020
PV CL 29-06-2020
PV CL 21-01-2020
Nouvelle composition du Conseil de laboratoire au 1er janvier 2020
PV CL 09-12-2019
PV AG 22-10-2019
Projet CIVIS AMU
Présentation de l'Institut SoMuM
Présentation des données de la recherche en accès ouvert V. Litaudon
PV CL 03-09-2019
PV CL 08-07-2019
PV AG 13-05-2019
PV CL 28-01-2019
PV CL 03-12-2018
PV AG 08-10-2018
PV CL 19-06-2018
PV CL 14-02-2018
Liste des membres (élus et nommés) du Conseil de laboratoire de l’IREMAM 2018-2022
Résultats des élections du Conseil de Laboratoire 2018-2022
Codes d’accès à BibCnrs 2024
BibCnrs est le portail d’accès aux ressources électroniques documentaires du CNRS. Il met à disposition des chercheurs des unités du CNRS un ensemble négocié de revues, d’ouvrages et de bases de données multidisciplinaires, ainsi que des ressources libres qualifiées. L’accès aux ressources mises à disposition sur BibCnrs est réservé aux chercheurs travaillant dans les laboratoires du CNRS, qu’ils soient rémunérés par le CNRS ou par d’autres organismes ainsi qu’aux doctorants, post-doctorants et personnels œuvrant aux travaux de recherche des chercheurs dans ces laboratoires. Il permet la consultation de l’ensemble des ressources électroniques négociées et financées par le CNRS pour le domaine INSHS - CNRS Sciences humaines & sociales.
Pour se connecter, deux possibilités :
- Via le gestionnaire d’identité JANUS (compte personnel pour l’ensemble des services du CNRS : Agate...).
- Ou via votre ancien code d’accès portail avec les codes ci-dessous (respecter scrupuleusement les majuscules. Ces identifiants ont un caractère strictement confidentiel).
Identifiant : 23SHSUMR7310
Mot de passe : DDQRRP
A saisir en majuscules sans espace dans la partie « Via votre ancien code d’accès portail » de la boite de connexion. (Certains navigateurs peuvent conserver en mémoire l’ancien code d'accès, auquel cas il nécessaire, soit de vider le cache du navigateur puis fermer et relancer le navigateur pour pouvoir saisir le nouveau code d’accès, soit d’utiliser un autre navigateur.)
Hcéres - CAMPAGNE D’ÉVALUATION 2022-2023 - VAGUE C
Télécharger le rapport d'évaluation définitif - IREMAM
Document d'autoévaluation HCERES
Données de production et d’activités de l’IREMAM
PV - Conseil de Laboratoire et AG (2007-2017)
PV CL 11-12-2017
PV CL 11-10-2017
PV CL 08-02-2017
PV CL 15-12-2016
PV CL 23-02-2016
PV CL 14-10-2015
PV CL 10-09-2014
PV CL 02-07-2014
PV CL 21-11-2012
PV CL 03-01-2011
PV CL 18-01-2011
PV CL 05-12-2011
PV AG 02-03-2010
PV CL 08-04-2010
PV CL 06-09-2010
PV CL 13-12-2010
PV CL 10-02-2009
PV CL 23-03-2009
PV AG 22-06-2009
PV CL 22-06-2009
PV CL 10-03-2008
PV CL-13-10-2008
PV CL 11-01-2007
PV Commission scientifique 14-02-2007
PV CL 19-03-2007
PV CL 12-11-2007
Plan de Formation de l'Unité 2024
Plan de Formation de l'Unité 2023
Planning des présences des ITA
Planning de présence du personnel ITA - Novembre 2021
Planning de présence du personnel ITA au 01-09-2020
Vademecum des manifestations scientifiques à l’IREMAM (juillet 2019)
Vademecum
Rétroplanning
Formulaire Budget prévisionnel au format Excel
Fiche de renseignements (Word)
Charte de signature des publications scientifiques AMU (dernière version)
Charte de signature des publications scientifiques AMU (dernière mise à jour : mai 2022)
Prévention et sécurité
Télécharger le livret Prévention et Sécurité (Octobre 2024)
Chartes des chercheurs et artistes associés à l’IREMAM
Charte des chercheurs·euses associé·es à l'IREMAM
Charte des artistes associé·es à l'IREMAM
Liste des artistes et chercheur·e·s associé·e·s à l’IREMAM (Juillet 2021)
Logos IREMAM, MMSH, AMU, CNRS
Organisation des missions 2019 à l’IREMAM
Rappel des règles élémentaires pour vos missions par Isabelle Lenoir et Christine Pelletier
christineiremam@gmail.com
Utiliser SVP le document « demande d’ordre de mission IREMAM », mieux qu’un mail où il manque toujours une information pour établir un ordre de mission (OM). Ce sera un gain de temps pour tout le monde.
Ensuite, pour faire simple, on différencie les missions à l’étranger dans les pays à risques (1), les missions à l’étranger Europe et Amérique du Nord (2), et celles qui se déroulent en France (3).
- (1) Les missions à l’étranger dans les pays dits "à risques" (paragraphe concernant les PERSONNELS AMU & CNRS)
Ce sont celles qu’il faut le plus anticiper : nous prévenir impérativement un mois minimum avant le départ. Pourquoi ce délai ?
Que vous soyez un personnel CNRS ou AMU, vous devez tous remplir, un formulaire d’autorisation d’absence à l’étranger (AAE). En revanche, c’est le type de formulaire qui diffère selon que votre employeur est le CNRS ou l’AMU (Cf. Doc2 et Doc3). L’important est de les remplir le plus précisément possible (dates exactes du voyage, contacts sur place, les différentes villes ou sites visités, etc…).
Ces formulaires doivent être approuvés par les fonctionnaires Sécurité Défense (FSD). Il faut impérativement que les FSD les reçoivent 3 semaines à 1 mois, avant la date de départ. Si le délai est inférieur à ces 3 semaines, ils ne traiteront pas vos demandes et nous ne recevrons plus de réponse de leur part. La conséquence est préjudiciable puisque sans cette autorisation, nous ne pourrons pas prendre en charge vos billets, ni faire d’ordre de mission. La seule solution sera de partir à vos frais, pour raison personnelle (congés). De plus, le formulaire AAE de l’AMU, doit être signé par le Président de l’Université. Imaginez le temps que peut mettre ce document pour arriver jusqu’au bureau du Président… Ainsi, pour éviter les déboires, nous vous demandons d’anticiper vos demandes de missions « pays à risques » le plus en amont possible soit 2 à 1 mois avant le départ. Comme les FSD ne répondent plus dans un délai inférieur à 3 semaines (équivalent à 15 jours ouvrés), nous ne pourrons plus traiter les demandes tardives.
- (2) Les missions à l’étranger Europe et Amérique du Nord (cette partie concerne UNIQUEMENT les personnels AMU)
Ces missions exigent toujours un formulaire AAE mais seul, le directeur d’unité signe l’approbation. Le circuit des signatures étant bien plus court, ces missions peuvent être faites 15 jours avant le départ (Cf. Doc4).
- (3) Les missions en France (POUR TOUS : CNRS & AMU)
Idem que précédemment : merci de nous informer 15 jours avant le départ, afin que nous puissions nous organiser, surtout si vos demandes arrivent en même temps que l’organisation de journées d’études, séminaires, thèses, HDR etc…
Documents joints
1- Demande-ordre-mission IREMAM (Word)
2- CNRS-demande-autorisation-mission-fsd (fichier Excel)
3- AMU-Autorisation d’absence à l’étranger HORS EUROPE (Word)
4- AMU-Autorisation d’absence à l’étranger EUROPE & Amérique du Nord (Word)
Documents IREMAM (papier en-tête 2024, règlement intérieur, changement de l’intitulé du laboratoire...)
Règlement intérieur 2016
Papier en-tête de l’IREMAM 2024 (Word)
Changement de l’intitulé du laboratoire (2018)
Documents Missions (AMU et CNRS) & FSD
Formulaires Missions AMU & CNRS
Demande d'ordre de mission CNRS Formulaire demande autorisation FSD CNRS AMU Autorisation d'absence à l'étranger Hors Europe et Amérique du Nord AMU Autorisation d'absence à l'étranger Europe et Amérique du Nord Dossier de demande de mission de longue durée hors du territoire national CNRS Note relative à la maîtrise des risques pour les missions hors territoire métropolitain CNRS Référents missions en délégations CNRS
Procédure FSD et liste des pays à risques - Mise à jour du 11/12/2019
Liste des pays à risques (mise à jour au 11/12/2019 ) pour tout déplacement dans le cadre :
- des demandes d’autorisation d’absence à l’étranger (AAE),
- des mobilités étudiantes à l’étranger (stages, études, …),
- des césures,
- etc.
L’avis du Fonctionnaire de Sécurité de Défense de l’université (FSD) est obligatoire pour tout déplacement dans une destination identifiée à risque ; cet avis conditionne l’autorisation de départ.
Par rapport à la précédente liste, 6 pays/destinations ont été ajoutés : Antarctique, Bolivie, Chili, Hong Kong (Chine), Ghana, Rwanda.
A noter, même si la demande doit impérativement nous être adressée, les pays qui suivent recevront un avis défavorable systématique du FSD : Afghanistan, Burkina Faso, Corée du Nord, Haïti, Irak, Iran, Libye, Mali, Pakistan, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Syrie, Tchad, Venezuela, Yémen.
Rappel : les nécessités suivantes pour les demandes d’autorisation d’absence à l’étranger (AAE) dans les pays à risques :
1) la procédure prévoit l’envoi de la demande dans un délai de 3 semaines au moins avant le départ ;
2) d’une manière générale, le formulaire doit être rempli dans son intégralité ;
3) d’une manière plus précise, les informations suivantes sont impératives afin que tout déplacement dans un pays à risques puisse être évalué, et permettre en cas d’incident lors de la mission de suivre, voire d’intervenir :
- présence du nom de l’organisme d’accueil, ainsi que de l’adresse complète ;
- présences des coordonnées du correspondant chargé de l’accueil (téléphone + courriel) ;
ce correspondant doit être du pays et de l’organisme d’accueil ;
- objet du déplacement ;
- les villes de déplacement au cours du séjour ; 4) de même, les signatures de l’agent, du DU/Chef de Service et du Doyen de Composante de rattachement sont nécessaires.
Les nécessités suivantes pour les mobilités étudiantes à l’étranger dans les pays à risques :
1) envoi de la demande plusieurs semaines avant le départ ;
2) joindre la convention de stage visée a minima par le stagiaire et le Responsable pédagogique de la formation.
Aucun avis ne sera formulé :
- en l’absence des informations et pièces décrites ;
- à partir du jour du départ.
Toutes ces informations sont de nature à permettre de protéger le missionnaire ou l’étudiant-e dans le cadre de son déplacement ; à cela s’ajoute la nécessaire obligation que le missionnaire ou l’étudiant s’inscrive sur Ariane. En l’absence de ces informations, le FSD ne sera pas en mesure d’émettre les consignes à destination de l’agent, ni l’avis à destination de l’Administratrice provisoire/du Président.
Liste des pays à risques - Mise à jour du 11/12/2019
Fiches Fournisseurs CNRS
Fiche Fournisseur français
Fiche Fournisseur étranger
Liens vers demande d’autorisation de cumul d’activité à titre accessoire CNRS et AMU
Cumul d’emploi - Procédure en lien avec le cumul d’activités pour le personnel CNRS (par la plateforme Ariane CNRS) et pour le personnel Aix Marseille Université (par l’ENT).
Documents CNRS & AMU (politique scientifique, fonctionnement des structures de recherche, guide AMU...)
Guide pratique « Unité de recherche d’Aix-Marseille Université
Document de présentation de Monsieur Petit, pdg CNRS, lors de sa visite vendredi 21 septembre 2018
Présentation de l’Institut des sciences humaines et sociales (INSHS)
Fonctionnement des structures de recherche. Décision no 920520SOSI du 24 juillet 1992 modifiée portant organisation et
fonctionnement des structures opérationnelles de recherche du CNRS
Fonctionnement du Conseil de Laboratoire : décision du directeur général no 920368SOSI du 28 octobre 1992 modifiée relative à la constitution, la composition, la compétence et au fonctionnement des conseils de laboratoire des structures opérationnelles de recherche et des structures opérationnelles de service du CNRS.
Extrait du BO du CNRS
Quadriennal 2012-2016
Rapport HCERES-IREMAM 2012-2016
Données du contrat en cours 28-09-2016 (fichier Excel)
Données du prochain contrat (fichier Excel)
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Prospectives Quadriennal 2012-2015
Première évaluation faite par UP de la partie "bilan" de notre quadriennal
Bilan du contrat quadriennal 2006-2009 : voici, en pièces jointes, les documents qui constituent la version du bilan remis à l’Université pour le quadriennal écoulé (par Ghislaine Alleaume) :
- le "Bilan général de l’unité"
- le "Bilan scientifique détaillé" (rapport sur l’exécution des contrats et des programmes)
Débat de prospective
Les propositions sont distribuées sous trois rubriques :
1) la programmation scientifique
Projets en cours d’élaboration
par Ghislaine Alleaume
1.AAKTS database, KinShIP processing system and linguistic analysis (sur le vocabulaire de la parenté dans les langues hamito-sémitiques). Préparé pour être soumis à l’ANR franco-allemand 2011. En collaboration avec l’Université de Bayreuth. Responsable pour l’IREMAM : Ph. Cassuto.
2. Une ANR sur "l’élection", en collaboration avec l’IFPO, préparée pour être soumise en 2011. Responsable pour l’IREMAM : M. Catusse. Le texte n’en est pas encore disponible.
Projets à reformuler
1. Knowledge, Education and Cultural Production in the Nile Valley: Entangled Histories from Modern Egypt and Sudan. Soumis à un Starting Grant de l’ERC, par Götz Nordbruch, avec un groupe de doctorants de Gh. Alleaume.
2. Représentation, participation et militantisme politique au Maghreb : pouvoirs et sociétés en réseau. Soumis à un PICS entre l’IREMAM/CNRS (UMR 6568, France) et l’IESA/CSIC (Espagne). Projet présenté par Eric Gobe et Thierry Desrues.
Projets soumis à un appel d’offre
1. Med in China. La question chinoise en Méditerranée : logiques migratoires, enjeux commerciaux et recompositions urbaines. Soumis à l’ANR "Suds", par V. Geisser et M. Béchir Ayari.
2. ENIGMUR. Politique du mur. Séparation / Contrôle dans la globalisation. Soumis à l’ANR "Suds", pilotage SPIRIT, Sciences Po Bordeaux. Responsable pour l’IREMAM : C. Parizot.
3. Dyrasa. Dynamique du Réseau des Agglomérations et du Système urbain en Algérie. Métropolisation, recompositions territoriales et sociales. Soumis à l’ANR "Suds", pilotage LPED (IRD), en collaboration avec Espace (Univ. Avignon) et le CREAD (Alger). Responsable pour l’IREMAM : S. Belguidoum.
4. GENDERMED, projet soumis à l’appel ITN.
2) la structuration interne (pôles, axes, thématiques, réseaux)
Proposition de réseaux
-Master européen d’études berbères : un projet de création d’un « Master Européen en Etudes Berbères » (« MEEB »), dans le cadre du dispositif « Erasmus-Mundus ». Animé notamment par l’IREMAM, l’INALCO, L’Orientale de Naples et l’Université d’Agadir. Proposé par Salem Chaker. En cours d’examen par les instances concernées (Dossier : proposition de réseaux).
-Hautes Etudes urbaines en régions méditerranéennes (HEurMED) : un projet de Doctorat européen "Erasmus-Mundus", dans le domaine des études urbaines, en collaboration avec l’Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional (IUAR), Université Paul-Cézanne. Sous la responsabilité de D. Pinson, correspondant IREMAM : S. Belguidoum (Dossier : proposition de réseaux).
-Institut Méditerranéen Interdisciplinaire de recherche en éducation (IMIRE) : un projet de création d’une structure fédérative de recherche, présenté par J. Ginestié (IUFM). Correspondant IREMAM : F. Lorcerie (Dossier : proposition de réseaux).
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Propositions d’axes thématiques
1. Histoire, Anthropologie, Images : axe thématique interlaboratoires et interéquipes, proposé par Fabienne Le Houérou (Dossier AXES THEMATIQUES : fichiers WORD).
2. Histoire : objets et pratiques : une proposition de restructuration de l’équipe d’histoire proposée par Nicolas Michel et deux axes de recherches :
- Propositions pour l’équipe d’histoire ; Crédit et société ; Documents et archives (Dossier AXES THEMATIQUES : fichiers WORD).
- Un axe de recherche proposé par Randi Deguilhem : propriété (Dossier AXES THEMATIQUES : fichiers WORD).
3. Héritages conflictuels : colonisation et production scientifique :axe thématique interdisciplinaire, proposé par Isabelle Grangaud (Dossier AXES THEMATIQUES : fichiers WORD).
4. La "situation coloniale" revisitée : une proposition de programme inter-labos d’Isabelle Merle (Dossier AXES THEMATIQUES : fichiers WORD).
3) les partenariats
par Ghislaine Alleaume
- Convention avec l’IFPO (cartographie). Convention-cadre de coopération entre l’IREMAM et l’IFPO dans le domaine de la cartographie. Les deux centres ont convenu d’échanger ressources documentaires et compétences techniques pour la numérisation et la vectorisation de fonds cartographiques relatifs à la Syrie (pour l’heure : cadastres de Damas et Homs).
- Convention avec le CREAD. Convention-cadre de coopération avec Centre de Recherche en Economie appliquée du développement (Alger), pour le pilotage conjoint du Pôle de la recherche Urbaine en Algérie. Une convention plus large est en cours d’élaboration, sur le même thème, entre les trois MSH de Tours, Aix et Montpellier.
- Convention IFPO/CEFAS/IREMAM. Convention-cadre de coopération entre les trois centres, pour la conservation et la valorisation des archives Nu’man (Yémen), fonds d’archives privées ayant fait l’objet d’un dépôt auprès de l’IREMAM.
- Convention avec l’IRCAM. Convention-cadre de coopération avec l’Institut Royal de la Culture Amazighe (Maroc), pour la valorisation conjointe de nos archives berbères. Pour mémoire : la numérisation de la collection de manuscrits est en cours, dans le cadre d’un projet du Centre inter-régional de conservation du livre d’Arles. Les premiers textes (une trentaine) sont accessibles sur e-corpus.
Etat des propositions et avant-projet
L’organisation qui semble se dégager organiserait la recherche au sein de l’IREMAM autour de trois pôles disciplinaires et de trois pôles thématiques, comportant les uns et les autres plusieurs axes de recherche :
Trois pôles disciplinaires :
- Science politique (Axes de recherche : Mobilisations et actions collectives ; Elections (M. Catusse) ; Questions de genre (titre à préciser) (Stéphanie Latte Abdallah) ; Entrepreneurs de cause, expertises organisation et décision politique (CHERPA / IREMAM)
Murs/Frontières/Processus carcéraux (S. Latte Abdallah, C. Parizot) ; Identités migrantes en Amérique latine. Les « Palestiniens » de Colombie (B. Botiveau, H. Salcedo Fidalgo) ; Le développement : fabrique de l’action publique dans le monde arabe (M. Catusse, G. Chatelard).
- Histoire : Objets et pratiques (Axes de recherche : Crédit et société (N. Michel) ; Documents et archives (I. Grangaud) ; Propriété (R. Deguilhem) ; Droits de propriété et appartenance locale (I. Grangaud), projet de GDRI (à préciser) ; Logiques d’Empires (N. Michel) ; Héritages conflictuels : colonisation et production scientifique(I. Grangaud) ; La "situation coloniale" revisitée (I. Merle).
- Langues, littérature et linguistique (Axes de recherche : Dialectologie arabe maghrébine et linguistique berbère(S. Chaker) : GIS LACNAD / IREMAM ; Epigraphie arabe (F. Imbert) ; Les mondes sémitiques anciens (P. Cassuto et R. Mugnaioni) ; Linguistique arabe et persane (P. Larcher et H. Lessan Pezechki) ; Littérature arabe classique et moderne (M. Bakhouch et R. Jacquemond)
Trois pôles thématiques :
Anthropologie, Histoire, Images.
Pôle de la recherche urbaine.
Débats autour du fait colonial (titre à préciser).
Projet Scientifique
Avis rapporteur sur projet scientifique
Projet - Partie I - Projet Scientifique
Projet - Partie II - Formulaire (fichier Excel)
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Archives quinquennal (2012-2016)
1- Colonisation/post-colonisation
Historique : « Colonisation / post-colonisation » ne renvoie pas seulement à une périodisation, par ailleurs charnière dans la construction des champs de recherche investis par les travaux du laboratoire. Le thème est avant tout réflexif, et quitte à affronter de façon critique des questionnements aujourd’hui renouvelés qui bousculent non pas seulement les périodisations, mais aussi les frontières disciplinaires et les pratiques de recherche collective. Il se développera sous la forme de deux axes de recherche qui aborderont la question de façon distincte et complémentaire, la première sous l’angle d’une réflexion autour des effets d’héritage comme de leurs usages, la seconde sous l’angle du renouvellement des études coloniales.
D’un côté, on interrogera, dans une perspective interdisciplinaire, la nature conflictuelle et les débats relatifs aux héritages historiques, en évaluant en particulier la place du moment colonial, dans les processus de construction des savoirs sur le monde arabe et musulman et des imaginaires sociaux et politiques.
D’un autre côté on visitera, à nouveau frais, la notion de « situation coloniale » en principe comme en pratique et dans une perspective comparative élargie à une grande variété de terrains, par-delà le quadrillage des aires culturelles. L’ouverture d’un tel chantier prendra la forme d’un réseau associant plusieurs laboratoires.
Participants : Isabelle Grangaud, Didier Guignard, Jean-Robert Henry, Richard Jacquemond, Stéphanie Latte Abdallah, Françoise Lorcerie, Isabelle Merle, Iris Seri-Hersch, François Siino.
- Axe 1. Héritages conflictuels : colonisation, savoirs et imaginaires
Participants : I. Grangaud (CNRS), D. Guignard (associé), J.-R.Henry (émérite CNRS),R. Jacquemond (UP), S. Latte Abdallah(CNRS), F. Lorcerie (CNRS), I. Seri-Hersch (doctorante), F. Siino (CNRS).
Au cœur de cet axe thématique se trouvent les enjeux et les héritages du fait colonial dans l’étude des sociétés couvertes par l’aire géographique du « monde arabe et musulman », que ces enjeux et héritages soient constitués en objets proprement dits, ou qu’ils s’imposent comme vecteurs de la construction d’objets pré ou post-coloniaux, et qu’ils affectent des sociétés qui ont eu des expériences diverses de la colonisation et du colonialisme. Ce travail sera opéré de façon pragmatique sur la base de la confrontation et de la discussion de recherches aussi bien individuelles que collectives, issues de disciplines différentes,et traitant d’objets très divers mais qui ont en commun d’être travaillés par la donne coloniale.
L’ambition de cette confrontation est de réfléchir aux héritages de la colonisation à la fois sur les sociétés à l’étude, et sur les conditions de production des savoirs en sciences sociales. On cherchera dans ces conditions à caractériser la nature et l’impact du fait colonial comme les enjeux de sa projection sur le temps présent, ou encore à analyser les apports et les limites du questionnement post-colonial sur les sociétés concernées comme dans le domaine scientifique.
Seront ainsi analysées les modalités inégales de la circulation des savoirs, que ce soit à travers l’étude des trajectoires intellectuelles ou des processus de la traduction des textes aujourd’hui. On interrogera également les conditions du phénomène récent de redécouverte du temps colonial associé aux sociétés du Maghreb et du Machrek, sa portée discursive, sociale et idéologique, et les effets en termes de connaissance comme en termes d’imaginaires de cette « redécouverte ». On cherchera aussi à retracer et à évaluer l’impact du moment colonial dans les constructions du rapport des sociétés à leur propre passé, colonial et précolonial.
La perspective ici, mais encore l’enjeu de l’entreprise, seront l’interdisciplinarité. Elle visera l’élaboration d’objets et de paradigmes communs à partir du croisement des points de vue des études littéraires aussi bien que sociologiques, historiens ou politistes. Une interdisciplinarité adossée à la configuration particulière de notre laboratoire : ce travail en commun induira une réflexion plus générale sur le sens de la production scientifique à l’échelle d’un laboratoire « aire culturelle » comme le nôtre.
- Axe 2. De la « situation coloniale » revisitée. Proposition pour une approche socio-historique et anthropologique des pratiques
Responsable : Isabelle Merle, chercheure associée à l’IREMAM et membre de l’IRIS (CNRS/EHESS/INSERM).
Partant de la notion de « situation coloniale » telle que l’analyse Georges Balandier en 1951, il s’agit de réfléchir à ce que sous-tend et engage une approche fondée sur une « histoire sociale de la colonisation » et ses effets. Le point de départ réflexif et méthodologique rigoureusement adossé à cette proposition aujourd’hui datée mais sur laquelle reviennent fréquemment les historiens, spécialistes de l’étude des processus coloniaux invite d’abord à réfléchir précisément sur ce que signifie et recouvre le mot « colonial », « l’histoire coloniale », « le fait colonial ou encore la notion de « post colonial » très utilisée et pourtant ambiguë. Cette réflexion préalable dont on ne peut faire l’économie peut aller jusqu’à interroger la pertinence, dans l’enquête historique, d’un usage trop généralisé et prédéterminé du mot « colonial » qui finit par verrouiller la réflexion plutôt que de l’ouvrir. S’appuyer sur les perspectives et intuitions d’un George Balandier à la fin des années 1960, c’est affirmer d’entrée une approche résolument « située », intéressée d’abord par la sociologie ou l’anthropologie d’univers sociaux aux prises ou constitués par les processus de la colonisation européenne tels qu’ils se sont déployés, en particulier, lors de la formation de ce que Leroy Beaulieu appelait « l’empire moderne », c’est à dire les empires constitués à partir de la fin du XVIIIe siècle et au cours du XIXe siècles. L’approche via « la situation coloniale » permet d’affirmer un intérêt soutenu pour l’univers des pratiques, en concentrant l’attention sur la façon dont on peut appréhender ce que constitue une société coloniale, les liens sociaux qu’elle recouvre, les conflits, violences, contradictions, ségrégations, collaborations, évitements ou adhésions, en articulant rigoureusement les échelles micro et macro. L’enjeu est de revenir sur la complexité de pratiques quotidiennes, sur l’analyse de situations précises ainsi que sur le problème de circulations d’hommes et de femmes, de projets, d’institutions ou de dispositifs.
Il s’agit ici de dépasser les frontières d’une « aire culturelle donnée », en procédant par choix de lieux d’enquête pertinents dans différentes régions du monde dont, bien évidemment, l’Afrique du Nord, le Moyen Orient mais aussi l’Afrique subsaharienne, l’Asie ou le Pacifique, sans oublier l’Europe, siège des anciennes métropoles impériales. Le choix des enquêtes sera fondé sur des objets ou des questions particulières, telles que propriété, citoyenneté et ses exclusions, le statut personnel, la salarisation et le monde du travail, l’éducation, les questions judiciaires et les questions sociales, permettant de sortir des frontières strictes du « colonial » et de penser en comparaison et en dynamique les processus qui ont pu jouer sur d’autres espaces, placés sous domination impériale non européenne, les marges de l’empire russe, l’empire ottoman ou encore l’empire japonais.
Il s’agit aussi de porter une attention particulière aux continuités et discontinuités des effets d’héritage d’une « situation coloniale » passée sur les terrains anciennement colonisés, y compris dans les anciennes métropoles impériales, en privilégiant une perspective de longue durée et une attention aux contextes contemporains. La réflexion peut suivre ici deux logiques :
- Penser à partir de situations contemporaines et réfléchir au sens du qualificatif « colonial » et on pense ici à des cas de tension comme Israël, le Tibet et la Chine ou encore dans un autre registre, l’Irlande et son histoire complexe dans l’archipel britannique, les peuples du Sahara et les espaces nationaux dans lesquels ils s’insèrent.
- Penser à partir de questions d’actualité qui font débat et qui renvoient directement aux héritages coloniaux, questions mémorielles, enjeux de patrimonialisation ou encore questions foncières, rapports à l’ancienne puissance coloniale, populations migrantes issues de l’empire, les héritages du droit, les pratiques policières, etc.
- Penser la notion de « post-colonial » en travaillant très précisément ce que l’on peut comprendre des continuités et discontinuités des « héritages coloniaux » dans les anciennes métropoles et les anciens terrains de colonisation. Le débat, aujourd’hui, est d’actualité en France avec une multiplication des ouvrages s’interrogeant sur les ruptures post-coloniales, les études post-coloniales, la « question post-coloniale » (ainsi que la mobilisation du passé colonial de La République à l’aune dans une lecture de continuité et de renouveau d’une dénonciation anti-coloniale autant de thèses et perspectives qui méritent d’être soumises à examen et réexamen.
Cette proposition, prendra la forme concrète d’un séminaire expérimental ouvert dès septembre 2010 dans le cadre de la MMSH afin d’organiser et consolider les collaborations.
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2 - Axe Images et imaginaires. Approches anthropologiques et historiques
Ce pôle explore la valeur heuristique des images en sciences humaines. Responsable : Fabienne Le Houérou.
Chercheurs et ITA Iremam : Kamel Chachoua, chercheur cnrs, anthropologue ; Fabienne Le Houérou, chercheure CNRS, historienne ; Myriam Laakili, IE, doctorante LAMES ; Sabine Partouche, ITA, responsable éditoriale ; Saïd Belguidoum, Sociologue, enseignant‐chercheur (Université d’Aix-Marseille/Iremam).
Chercheurs associés : Lisa Anteby, CNRS, IDEMEC, anthropologue ; Majid Arrif, anthropologue, MMSH, chercheur associé à l’IREMAM ; Mohamed Benhlal ; Pierre Boccanfuso, anthropologue, CNRS, Maison de l’Asie, Marseille ; Hélène Claudot‐Hawad, Directrice de Recherche au CNRS, anthropologue ; Marie-Luce Gélard, Anthropologue, Université Paris Descartes ; Alain Guillemin, CNRS, sociologue, chercheur au Lames, MMSH ; Petram Khosronejad, anthrologue, Université de St Andrews ; Stéphanie Latte Abdallah, chercheure CNRS, historienne ; Gilles Remillet, anthropologue, Maître de conférences Nanterre.
Doctorants : Sarah Limorté, doctorante IREMAM, historienne ; Maya Ben Ayed, doctorante Université de Tunis, historienne ; Belkacem Ayyache, doctorant IREMAM, historien ; Mohammed Diouf, doctorant IREMAM, historien.
Historique : une approche pluridisciplinaire a été mise en place au cours d’un séminaire transversal intitulé « Filmer les Mondes Arabes et Musulman » en 2007. Le programme FMAM qui s’est poursuivi de 2007 à 2010 est une unité de production de films scientifiques sur le monde arabe visant à la création d’une banque d’images et de rushs consultables par les étudiants et autres chercheurs sur un site collaboratif : « Science and Video » qui publie sur internet les travaux en cours sur l’utilisation des images sur ces terrains. La revue affiliée à l’université de Provence est reliée aux travaux occasionnés par le séminaire « Images et Sciences Humaines, filmer les suds ». Le programme organisait également un séminaire bi‐mensuel qui s’intéressait aux questions épistémologiques relatives aux images et à leurs utilisations dans un dispositif de recherche en Sciences Humaines. Le séminaire en 2007‐2008 s’adressait aux étudiants de master 2 comme option. En 2008‐2009 le séminaire s’est inscrit dans une formation doctorale sans toutefois se fermer aux étudiants de master2.
Le programme FMAM (Filmer les Mondes Arabes et Musulmans) a exploré plusieurs thématiques : en 2007, au cours d’une Journée d’étude d’explorer le lien entre les affects et la cognition pour le Cinéma d’enquête (qu’il s’agisse de Cinéma anthropologique mais également de films réalisés par des chercheurs en sciences humaines en général). Les émotions esthétiques sont‐elles des entraves pour faire des films scientifiques de véritables véhicules didactiques ? Nous avons sollicité des articles sur des expériences cinématographiques où l’enquête est au centre du dispositif de recherche pour un ouvrage collectif paru en 2008 dans la revue « Science And Video ». En 2010, le séminaire a examiné le cinéma scientifique de femmes dans une approche en « Gender Studies » en s’interrogeant sur l’existence d’un regard de femmes cinéastes sur l’aire méditerranéenne. Cette thématique a donné lieu à un colloque le 29 mai 2010 objet d’une publication collective « regards de femmes » pour la revue « Science and Video ». Au cours de cette journée ont été présentés trois films réalisés à l’IREMAM par le programme "Filmer les Suds".
Le séminaire de recherche en méthodologie « FILMER LES SUDS » : en 2010 le programme FMAM s’est élargi aux autres aires culturelles. En effet de nombreux collègues historiens ou anthropologues nous ont présenté des travaux liés à leurs interrogations sur les images sur des zones géographiques élargies à l’Asie et à l’Afrique. Ces incursions sur d’autres aires culturelles se sont révélées scientifiquement fécondes en permettant d’effectuer des analyses comparatives. En effet, le séminaire a une vocation essentiellement méthodologique et apprend aux étudiants à utiliser une caméra sur leurs champs d’études. Les expériences sur d’autres aires que le monde musulman ont été particulièrement enrichissantes aussi le séminaire s’est il progressivement dirigé vers des approches méthodologiques libérées de la contrainte géographique pour embrasser des thématiques globales. Ce séminaire est dirigé à la fois par Fabienne Le Houérou, Randi Deguilhem, Kamel Chachoua et Gilles Remillet. Il réunit des chercheurs en sciences humaines sur différentes aires culturelles et associe Pierre Boccanfuso, anthropologue à la Maison de l’Asie, cinéaste qui travaille en Asie du Sud‐Est. Le séminaire est ainsi une expérience inter-laboratoires associant l’IRSEA (Institut de Recherches sur le Sud‐Est Asiatique) pour les études asiatiques mais également le Cémaf (Centre d’Etudes des Mondes Africains) pour les études africaines et également le groupe de réflexion animé par Jean Claude Penrad à l’EHESS : Pratiques cinématographiques. Figures de l’islam et de ses mondes. Un séminaire qui s’attache, comme notre groupe de travail, à installer une écriture visuelle dans les discours académiques en amont et en aval de la science. En effet cette approche pluridisciplinaire permet de réunir une équipe travaillant sur plusieurs thématiques.
Les deux thématiques présentées ci‐dessous insistent sur le concept de coexistences entre groupes sociaux distincts mais également entre « ethnies » ou communautés exogènes, diasporas. Le rapport avec l’Autre est soumis à une analyse à la fois historique et anthropologique en utilisant la vidéo comme outil méthodologique privilégié sur les "terrains".
- Axe 1. Immigration, diasporas, migrations sud-sud, figures de mobilités plurielles
Cet axe de recherche réunit des chercheurs autour d’un objet multiforme propice aux approches pluridisciplinaires. Cette équipe explore les imaginaires sociaux en interaction en utilisant les images et la méthodologie du film pour analyser les phénomènes migratoires dans leur diversité. Le CEDEJ est étroitement associé à cet axe de recherche sur une thématique de migrations sud‐sud explorant les interactions entre Subsahariens et Egyptiens dans des coexistences
urbaines. Ces productions de territoires urbains issus des migrations seront l’objet d’enquêtes filmées en Egypte avec la participation du CEDEJ dans un programme sur les migrations.
Sarah Limorté, doctorante à l’IREMAM, explore grâce à l’outil audiovisuel l’émigration arabe au Chili de l’époque Ottomane à l’époque contemporaine. Elle s’interroge sur l’existence réelle d’une « diaspora » palestinienne au Chili et exploite autant les sources écrites que les images. L’émigration des pays du Levant vers le Chili a débuté depuis la fin du XIXème siècle, et les descendants de ces premiers immigrés "Ottomans" ont connu un processus d’intégration remarquable dans la société chilienne. En ce début de XXIème siècle, les troisièmes générations ‐ qui se définissent comme descendants de Palestiniens, Libanais et Syriens ‐, partent à la découverte de leurs racines et produisent divers comptes rendus de leur rencontre avec la terre des ancêtres. Plusieurs de ces comptes rendus font appel aux images, allant du diaporama amateur (travaux des élèves du Collegio Arabe de Santiago au retour de leur voyage d’études au Moyen‐Orient) au film de fiction (La ultima luna, long métrage de Miguel Littin retrace l’expérience de son grand‐père). Ces travaux sont un outil d’analyse exceptionnel pour comprendre le processus de reconstruction de la mémoire qui a cours aujourd’hui parmi les descendants de levantins au Chili, et plus particulièrement parmi les descendants de Palestiniens, plus grande communauté de cette origine à l’extérieur du Moyen Orient.
Stéphanie Latte Abdallah décrypte les images divergentes créées par différentes sources et individuelles) sur les réfugiés palestiniens depuis 1948. Plus largement ce sont les enjeux politiques de ces images, le rôle qui leur a été donné par les différents protagonistes et celui qu’elles ont joué dans l’invisibilité puis dans les formes de leur visibilité des réfugiés et donc de leur présence à l’histoire qui l’intéressent. Son travail s’attache d’une part à analyser des fonds d’archives audiovisuelles peu connus et qui racontent un conflit, et donc deux, voire même plusieurs histoires qui s’ignorent voire qui s’auto‐excluent ; d’utiliser des sources visuelles pour faire l’histoire d’une guerre par le regard, par la manière dont il s’est donné à voir. D’autre part, Stéphanie Latte Abdallah travaille l’image même, en réalisant un documentaire de 90 minutes à
partir de ces images d’archives et de sources visuelles actuelles, et de leur mise en perspective par ceux qui les ont faites (photographes, réalisateurs), intitulé Palestiniens. Images réfugiées. Naili Falestin propose un projet de recherche sur l’évolution des images de la Palestine au 19e et au début du 20e siècle. Il est question d’images au sens propre et au sens figuratif (photos, dessins et littérature). Clichés ou descriptions produits par des Européens et Américains séjournant en Palestine en tant que missionnaires, chercheurs, voyageurs ou colons. Elle examinera les photos de ces « passeurs de frontières », c’est‐à‐dire « l’image » qu’ils souhaitaient montrer d’eux‐mêmes ou l’auto‐mise en scène de leur présence en Palestine.
Les études sur les migrations africaines à Paris seront portées également par les travaux d’anthropologie visuelle de Damien Mottier sur l’incidence religieuse dans les phénomènes migratoires, à travers les recherches qu’il consacre à l’implantation du pentecôtisme et à la résurgence du prophétisme en France au sein de l’espace migratoire africain. Son travail « d’enquête filmée » lui permet de construire sa relation au terrain, d’approfondir son objet d’étude, et au‐delà, de restituer un certain nombre de connaissances par le film au terme d’un travail d’accumulation de documents filmés sur la culture transnationale des réseaux et la vie quotidienne des églises de migrants.
Majid Kodmani, doctorant à l’université de Mashach et de Provence, entreprend une étude sur les aspects socio‐historiques de la migration clandestine des enfants afghans en Iran. Il utilise largement les images et la méthodologie du film pour étudier ce phénomène migratoire. Il tente de comprendre comment ces enfants déplacés coexistent dans la société iranienne. Il retrace les étapes historiques de cette migration entre deux pays du sud. Deux pays musulmans, l’un Afghanistan (envahi et confronté à des conflits intérieures et extérieurs) et l’autre, l’Iran, soumis à des sanctions internationales. Cette étude socio‐historique se se trouve dans la mouvance théorique sur les nouvelles logiques sud‐sud des phénomènes migratoires contemporains.
Mohammed Diouf, doctorant à l’IREMAM, explore les migrations économiques des mourides (une confrérie d’origine sénégalaise fondée par le Cheikh Bamba) à Marseille. Le mouridisme est ainsi étudié dans sa double composante économique et religieuse. Les rituels de la confrérie seront filmés afin de montrer les imbrications à l’oeuvre d’une vie religieuse étroitement associée à de multiples activités économiques. La manière de célébrer le religieux insiste sur la dimension économique et sur l’éducation religieuse des enfants la diaspora. Les liens avec YOU Tube et l’instrumentalisation des images sur internet seront également explorées dans les aspects les plus innovants d’un rituel désormais mondialisé.
Belkacem Ayyache, doctorant à l’IREMAM, explore les coexistences juridiques des pieds noirs d’Algérie avec leurs voisins algériens. Il étudiera les relations de voisinage en filmant un groupe de pieds noirs en « pèlerinage » nostalgique sur les lieux de leur enfance à Alger afin de régler des problèmes de succession.
Pierre Boccanfuso, cinéaste anthropologue, étudie la culture Palawan de façon filmique et travaille, depuis 1994, sur une population autochtone isolée vivant à l’intérieur des terres au sud de l’île Palawan (Philippines). Il étudie les traditions ancestrales et les croyances animistes dans cette communauté mais également les interactions entre cette société du sud et les éléments extérieurs. Confrontés aux expériences allogènes, les Palawan doivent faire face aux figures de l’altérité du monde d’aujourd’hui avec la médecine, dite moderne, l’autorité gouvernementale et l’exposition aux dynamiques des mobilités contemporaines avec l’intrusion dans leur univers forestier préservé de missionnaires protestants, de mariages mixtes avec des éléments exogènes (notamment des musulmans) et de contraintes à de nouvelles coexistences. De plus, la menace de l’implantation d’une compagnie minière plane au‐dessus des Palawan. Ils se retrouvent face à leur identité, au coeur d’une dualité marquée par leurs traditions ancestrales et ce monde extérieur caractérisé par son attraction, son emprise, ses bienfaits et ses méfaits. Le rôle de la caméra ici participe à la connaissance et le cinéaste tisse son univers de sens grâce à la maîtrise du dialecte Palawan, une immersion totale au sein de cette société et une relation de confiance avec les autochtones dans une approche anthropologique du partage. A travers cette caméra participante, le travail d’écriture audiovisuelle et de réalisation sont abordées les problématiques de l’évolution des Palawan d’un point de vue social, politique, économique, environnemental et religieux.
Les phénomènes de Thalasso et le tourisme de santé sont l’objet d’une recherche menée par Fabienne Le Houérou qui s’interroge sur la hiérarchie des circulations entre le Maghreb et l’Europe et tente de comprendre les sens des circulations Nord‐Sud dans la « migration de santé » ou « tourisme de santé » qui a été l’occasion d’un colloque en octobre 2010 sur les mobilités liées à la santé. Un film sur les nouveaux « cosmopolitismes » des cités balnéaires en Tunisie examine la relation touriste/ autochtone et les coexistences singulières autour de l’offre de soin en Thalasso. Un travail collectif a été présenté le 25 et 26 octobre 2010 à Aix‐Provence sur les « voyages pluriels » dans l’espace euro‐méditerranéen et publié dans la collection « champs humanitaires » dirigée par Fabienne Le Houérou aux éditions l’Harmattan.
Dans le prolongement de ses travaux ethnofilmiques sur l’artisanat de la médina de Fès, Baptiste Buob mène une recherche ethnologique avec une caméra au poing sur le tourisme au Maroc et plus généralement sur le processus de valorisation patrimoniale des objets artisanaux. Au niveau filmique, son travail consiste à décrire les moments de rencontre entre étrangers et locaux ainsi que les négociations commerciales et culturelles qui en découlent. Il continue ainsi son travail en faveur d’une pleine intégration de la démarche filmique dans le processus de recherche ethnologique.
Les travaux de Gilles Remillet, chercheur associé, anthropologue et cinéaste, s’attacheront à explorer les univers de l’acupuncture dans le sud de la France et de l’offre thérapeutique en méditerranée. Il s’agit en particulier d’interroger les modèles de mise en récit des maux dans la relation médecin/malade en acupuncture et de comprendre en quoi consiste le travail de la relation de soins. Une place centrale est accordée au film (vidéographique) en tant qu’outil d’investigation ethnologique pour la description, l’analyse et la restitution des pratiques thérapeutiques étudiées. Au‐delà de l’objet, c’est cette double « narrativité du terrain et du processus de connaissance anthropologique : récits des enquêtés, récits de l’enquêteur » qu’il s’agira aussi de questionner tant sur le plan méthodologique qu’épistémologique.
Mohammed Benhlal poursuivra ses travaux sur deux institutions scolaires marocaines pendant la période coloniale (1916‐1956) : le collège musulman Moulay Idriss à Fès (1915‐195‐) et le collège musulman Moulay Youssef (1916‐1956) à Rabat. Deux pôles qui ont servi de moules afin de fabriquer les élites d’Etat du Maroc indépendant. Ce travail sera finalisé par la publication d’une monographie dans un premier temps, et, dans un second temps par l’édition d’un ouvrage inspiré par une réflexion plus générale sur la genèse du nationalisme marocain.
- Axe 2. Crises humanitaires, crises sociales et approches anthropologiques de la maladie, perspectives de genre, ONG sudsud
Cet axe engagé par les études sur la crise du Darfour a entrainé une réflexion plus large sur l’avènement de l’humanitaire dans les sociétés du Nord et du Sud et les relations d’ambivalences qu’elles entrainent. Cet axe humanitaire explore les coexistences sociétales (allogènes et exogènes) d’une part mais explore également la maladie, les relations de genre et des études sur les phénomènes d’urgence en général, le jeu des ONG Nord‐Sud et Sud‐Sud, enfin l’étude des relations internationales sous l’influence des relations humanitaires.
Un axe « humanitaire » comprendra plusieurs volets dont des études sur le genre et l’exil « gender, exile and persecutions » avec Françoise Duroch, Chargée de recherches, UREPH, Unité de Recherches sur les Enjeux et les Pratiques Humanitaires, Médecins Sans Frontières, Genève. Enseignante, CERAH, Centre d’Enseignement et de Recherches en Action Humanitaire. Elle travaille sur la figure de l’altérité féminine et les représentations des victimes de violence sexuelle. Thématique sur laquelle elle a coordonné un numéro pour Science And Video en 2010.
Une problématique étudiée également par Fabienne Le Houérou dans une étude filmique comparée sur les persécutions des femmes darfouri au Caire et des femmes tibétaines réfugiées en Inde. Les violences faites aux femmes dans les situations de conflits seront l’objet d’analyses du rôle des média et des images dans la construction de la figure victimaire des femmes réfugiées.
Lisa Anteby‐Yemini, poursuivra une recherche entamée récemment sur les différentes dynamiques d’insertion mais aussi d’exclusion que connaissent les migrants forcés africains en Israël (en majorité d’Erythrée et du Soudan, mais aussi de Côte d’Ivoire et de la République Démocratique du Congo). Cette nouvelle catégorie de migrants non‐juifs qui traversent clandestinement la frontière égyptienne pour demander l’asile en Israël constitue un défi migratoire (ils sont plus de 20 000) mais aussi éthique (certains sont des rescapés du génocide au Darfour), religieux (la plupart des Soudanais sont musulmans) et social (beaucoup ont un statut temporaire qui n’octroie aucun droit social). Pourtant, des communautés soudanaises et érythréennes commencent à se développer, surtout à Tel‐Aviv, Eilat et Arad, avec des commerces ethniques, des lieux de prière (églises ou salles de prière musulmanes), des garderies d’enfants, et des associations culturelles et politiques. C’est cette double tendance – à la fois d’intégration dans le tissu urbain israélien et d’exclusion du système de droits sociaux ou de statut permanent – qu’il s’agira d’analyser. Par ailleurs, les dimensions transnationales seront également étudiées à travers les liens forts qui perdurent entre ces « réfugiés » et leur pays d’origine mais aussi avec les pays de transit dans la région, à commencer par l’Egypte. Enfin, une culture « hybride » émerge, où certains migrants qui apprennent l’hébreu et s’adaptent à un mode de vie israélien évoluent aussi vers une diasporisation de leur identités africaines.
L’axe « gender » est également source de réflexion pour Randi Deguilhem, historienne, qui s’interroge sur la place des femmes dans la société syrienne au 19e siècle par le biais des femmes qui établissent leurs fondations waqfs (en utilisant des documents juridiques des tribunaux ottomans) et, depuis quelques années pour l’époque contemporaine en explorant les univers du travail et aux formes genrées d’adaptations qu’il occasionne. Son travail à la caméra permet d’entreprendre une analyse « déconstructiviste » des stéréotypes occidentaux des femmes dans le monde arabo‐musulman (soit des femmes passives, soit des « extrémistes ») en montrant des réalisations individuelles et des trajectoires d’épanouissement professionnel pour les femmes de la bourgeoisie et de la moyenne bourgeoisie urbaine.
Jean-Paul Cheylan et Liliane Dumont, proposent un documentaire de 55 minutes en collaboration avec les acteurs et décideurs du développement local et territorial au Maroc sur les femmes tisserandes en explorant la métaphore du tissage sociologique. Le projet de film s’intègre à un travail de recherche sur les patrimoines pluriels (fonciers, humains, artistiques) du Haut Atlas. Le projet explore les savoirs féminins. Le film documentaire s’intéresse à l’intimité des femmes berbères, leurs fonctionnements, perceptions, aspirations, importance effective dans les fonctionnements sociaux et coordinations collectives, en quelque sorte une approche insérée et empathique de la société féminine (réalisé par des femmes... et des hommes, peut être l’occasion de tenter quelques expériences de vidéo participative (accompagner les femmes dans du tournage réalisé par elles, à propos des sujets qui les mobilisent).
Ces explorations visuelles permettent de complexifier le regard occidental sur la femme dans le monde arabo‐musulman. Une collaboration avec le CEDEJ en Egypte permet d’entreprendre des travaux sur les nouvelles stratégies humanitaires sud‐sud au sein d’un programme sur les migrations des Subsahariens à Alexandrie et au Caire portant également sur les ONG du sud. Les nouvelles stratégies humanitaires endogènes nées d’une critique à l’encontre des ONG occidentales interprétées comme des entreprises « néo‐coloniales » imposant un regard occidental sur l’aide humanitaire.
Fabienne Le Houérou retrace d’un point de vie historique les grandes crises humanitaires du XXe et XXIe siècles. L’après guerre froide marque la fin de l’équilibre bipolaire. Pendant les années 80 et la décennie 1990 nous assistons à l’émergence de l’humanitaire en tant qu’acteur et outil dans les relations internationales. La multiplication des actions dites humanitaires ne sont pas une nouvelle, elles existaient depuis le XVIIIe siècle et n’ont fait que progresser pour acquérir à la fin du XXe siècle une visibilité qui laisse présager l’émergence d’une ère nouvelle avec des gestions de crises qui tendent à supplanter l’action politique internationale et qui se confondent parfois également en interventions militaires. Ce pôle auquel est attaché Fabrice Weisman (Médecins Sans frontière), spécialiste du Darfour et des questions humanitaires s’appartient à ce groupe de réflexion, il collabore également au séminaire humanitaire dirigé par Rauny Brauman à l’IEP (l’Institut d’Etudes Politiques de Paris) avec lequel nous avons des
liens universitaires féconds.
Les méthodes d’enquêtes de l’équipe s’appuient sur une méthodologie originale exploitant des enquêtes filmés comme sources à part entières ; permettant des approches sur des parcours de vie où l’enquête qualitative et l’observation participante se conjugue à l’analyse des archives écrites. Cet intérêt pour la polyvalence des sources est un des aspects les plus significatifs de cette équipe.
3 - Pôle de la recherche urbaine en Algérie
Responsable du pôle : Saïd Belguidoum. Chercheur : Sidi Mohammed el Habib Benkoula
Historique : formé en 2008 à l’initiative de l’IREMAM et du CREAD (Alger) et réunissant des chercheurs de plusieurs universités algériennes (Alger, Oran, Constantine, Sétif...), le Pôle de la Recherche Urbaine en Algérie (PRUA) est un réseau de chercheurs appartenant aux différentes disciplines des SHS. Il se fixe comme objectif principal de fédérer, coordonner, animer la recherche urbaine en Algérie. Cette initiative repose sur la volonté délibérée de construire le fait urbain comme objet transversal et de créer une structure pérenne fédérant et impulsant l’activité de recherche à partir de quatre grandes lignes d’action :
- La mise en place de programmes de recherche transversaux,
- L’animation scientifique,
- La participation aux formations universitaires,
- La création d’une revue spécifique à la recherche urbaine.
- Sur le versant de la recherche, il se propose de réaliser un bilan du phénomène urbain en Algérie. L’objectif est à la fois de dresser un état des lieux, en tentant de comprendre et de mieux cerner le processus d’urbanisation en Algérie et un état des savoirs, à travers un recensement détaillé et analytique des recherches menées sur la question urbaine ces dernières 40 années. En mettant l’accent sur cette double dimension – l’état des lieux et des savoirs - l’ambition est d’arriver à une meilleure connaissance des processus d’urbanisation et de produire des savoirs nouveaux sur les dynamiques et les mutations sociales de la société algérienne. Il s’agira également de favoriser les approches transversales aux sciences humaines, de stimuler la recherche urbaine en aidant à identifier les problématiques les plus pertinentes et de produire des travaux et des réflexions utiles aux différents acteurs institutionnels de la question urbaine.
La question urbaine en Algérie, un phénomène central et peu étudié.
La question urbaine est au cœur des mutations de la société algérienne. Espace de vie de près de 65 % de la population, l’urbain de par ses effets, est devenu le cadre structurant de l’ensemble de la population. En 45 ans, le phénomène a été massif, rapide et parfois brutal tant les bouleversements dans les modes de vie et les structures sociales ont été profonds. Phénomène particulièrement complexe dans sa genèse, dans ses manifestations comme dans ses effets, l’urbanisation est paradoxalement insuffisamment étudiée et les politiques publiques ont consisté à produire du bâti sans penser la ville.
Pris par l’urgence, les pouvoirs publics n’ont eu de cesse de promouvoir des réponses rapides, partielles et ponctuelles (même si elles sont présentées à travers des dispositifs appelés programmes ou plans urbains) à la forte demande sociale. Les grands programmes de logements, d’équipements, d’infrastructure et depuis peu de « villes nouvelles » sont des illustrations de ces interventions étatiques. Ces politiques publiques de développement urbain, loin d’être des réponses globales aux mutations de la société, reposent sur des logiques technocratiques et sont génératrices de nouvelles contradictions. Cette gestion prioritaire de l’urgence (répondre à la question du logement et des équipements, contenir les effets de l’urbanisation sauvage…) qui caractérise les interventions institutionnelles, fait que seules les logiques de constructions ont prévalu alors que les questions liées à la gestion de la vie quotidienne ont été occultées. Aujourd’hui, sans que la phase de construction soit pour autant achevée, ce qui devient primordiale, c’est la question de la gouvernance des villes et de la mise en œuvre de véritables approches permettant la maîtrise des nouveaux cadres spatiaux. En clair, le processus d’urbanisation est caractérisé par le passage de la problématique du bâti à celle de la gestion des villes.
La création récente d’un ministère délégué à la ville, témoigne d’un début de prise de conscience de l’acuité d’un phénomène qui devient un centre d’intérêt identifié en tant que tel. Elle préfigure peut-être une approche nouvelle de la politique de la ville. La maîtrise du processus urbain, enjeu sociétal central, est d’autant plus difficile à réaliser que le phénomène est peu étudié, donc compris. Le déficit dans le domaine de la production de la connaissance est considérable. Plutôt perçu comme un effet inéluctable du développement économique, de la crise des campagnes et de la poussée démographique, le phénomène urbain intéresse peu les sciences humaines en Algérie qui de ce fait ne l’ont pas construit comme un véritable objet d’étude. Des disciplines comme la sociologie et l’anthropologie sont quasiment absentes de la réflexion. D’autres, telles la géographie et l’urbanisme, restent souvent cantonnées dans des approches monographiques. De manière générale la recherche actuelle est éparse, fragmentaire et/ou cloisonnée. L’accumulation de monographies souvent redondantes, l’absence de coordination permettant de mettre en œuvre des approches comparatives et de tenter des synthèses, participent à la faible valorisation des recherches existantes.
De fait, la complexité du fait urbain est renforcée par son caractère inachevé. Les villes apparaissent souvent comme des ensembles où se juxtaposent plusieurs tissus, sans articulation véritables, et formant une totalité chaotique et désordonnée [6]. La discontinuité entre les différents tissus de la trame urbaine et la dimension hybride de ces villes toujours « en chantier » attestent de la ville inachevée. Cette profonde transformation spatiale est le corollaire des mutations sociales qui ont marqué l’Algérie depuis l’indépendance. L’inachèvement des mutations sociales se reflète et se traduit dans l’organisation spatiale. Ces transformations urbaines sont portées par des dynamiques sociales mises en œuvre par différents agents et groupes sociaux (État, anciennes et nouvelles élites sociales et politiques, promoteurs immobiliers, citadins modestes…). Progressivement et sous l’impulsion des différentes forces sociales mues par leurs propres stratégies, la ville de demain émerge. Car ces villes inachevées sont aussi des villes en devenir, évoluant au rythme des recompositions sociales qui leur donnent le ton.
Villes inachevées et en devenir, les villes algériennes, aux tissus hybrides et mal articulés, reposent sur des logiques que l’on a du mal à identifier. Pourtant la structure urbaine interpelle à plus d’un titre. Les processus de production de l’urbain, du bâti et des espaces, les modes de vie, les pratiques et les représentations sociales induits par la ville, la construction des territoires urbains, le rapport entre l’espace voulu et l’espace vécu, la relation entre le système urbain et le système économique, la question de la gestion quotidienne des cadres de vie, le rapport espace et environnement, les politiques publiques et leur efficacité, sont autant d’axes d’approche exigeant des réponses pour arriver à mieux cerner les enjeux des processus d’urbanisation. Comprendre l’urbain c’est d’abord définir des axes de recherche pertinents. Saisir la complexité de la question urbaine, c’est s’intéresser aussi bien aux processus de fabrication de la ville, aux modes de vie, à l’économie urbaine, au développement durable et à l’élaboration d’outils de gestion urbaine.
- Axe 1. Les processus de fabrication de la ville : formes et espaces urbains
Comprendre la ville, c’est d’abord s’intéresser aux logiques de sa production. L’identification des acteurs (institutionnels et habitants), l’analyse des tissus et de l’armature urbaine seront au centre de cet axe.
A- Les logiques et les acteurs de la production de l’espace urbain
Ce versant portera sur l’analyse des modèles urbains, des conflits et des tensions que les différentes logiques (urbanisation programmée et urbanisation spontanée) produisent.
B – De la ville à l’urbain : étude des aires et des réseaux
L’armature urbaine dans l’espace algérien, les hiérarchies et différentes formes de réseaux urbains. Les aires urbaines : les métropoles régionales, les villes de l’intérieur, l’émergence des villes moyennes et des petites villes.
C – Architecture et espace urbain
Le dessin de la ville n’est pas neutre, il porte en lui des desseins sociaux et culturels. L’analyse de la ville comme production architecturale est essentielle.
- Axe 2. Vie sociale et modes de vie urbains : la construction de nouvelles urbanités
Cet axe permettra de s’interroger sur les évolutions sociologiques induites par la ville. Il s’agira de comprendre comment les pratiques sociales s’articulent à l’espace urbain, c’est-à-dire aux processus de territorialisation et de différenciation socio-spatiale. On s’intéressera en particulier aux dimensions essentielles que sont les groupes sociaux dans la ville, les recompositions sociales, les structures familiales, les formes d’habitat et les et les modes d’habiter.
A – Du rural à l’urbain : changement social et l’évolution des modes de vie
La recherche intégrera les dimensions sociodémographiques (tendances démographiques de l’évolution des structures familiales), sociologiques (les groupes sociaux dans la ville et la construction des nouvelles identités sociales, la mise en œuvre de nouvelles formes de lien social), et de la vie quotidienne (évolution des modes de vie, inscription dans l’espace et dans le temps des pratiques sociales…).
B – De la ville hybride à la ville ségrégée : la différenciation sociale de l’espace.
Le processus d’urbanisation est au centre de nouvelles différenciations sociales qui s’inscrivent dans l’espace. L’habitat comme facteur de la distinction sociale propice à la mise en œuvre de stratégies résidentielles, sa distribution dans la ville, la répartition des équipements, le rapport entre proximités spatiales et les mécanismes de mise à distance sociale seront au centre des interrogations. L’identification des territoires urbains et de leur production (les modes d’appropriation et les pratiques de l’espace, l’étude des quartiers urbains comme lieux de vie sociale et territoire d’appartenance, de référence et d’identification), les fonctions symboliques de l’espace, le rapport entre l’espace domestique et l’espace public, les hiérarchies spatiales, constitueront l’autre versant de cet axe.
C – les formes de l’urbanité
Quelles sont les façons de vivre et se représenter la ville ? L’étude des formes de l’urbanité devra permettre de comprendre les rapports à l’habiter, à la vie publique et à la sociabilité, point d’articulation entre les sphères du public et du privé.
- Axe 3. Mutations économiques et urbanisation
La ville, les réseaux urbains et les aires métropolitaines constituent les nouveaux cadres spatiaux du développement économique.
- Comment l’urbain est devenu le lieu privilégié de l’activité économique ? - Quelle synergie existe-t-il entre appareil de production et cadre urbain ? (Marché du travail, flux pendulaires, mobilités géographique, les bassins d’emploi)
- Comment émerge une économie urbaine (les services, la distribution, l’organisation transports, l’appareil de formation, les équipements (centraux et de la quotidienneté).
- Quel rôle joue l’économie informelle dans la ville ? La ville lieu de la concentration des activités, du bâti et des populations renvoie aussi à la question de l’environnement et du développement durable.
- Qu’en est-il en Algérie ?
- Axe 4. De la production des villes à la gestion urbaine : politiques publiques, acteurs urbains et gestion de la ville
Les politiques urbaines sont des modes de régulation politique, économique, sociale et spatiale. Elles sont au cœur de la gestion des villes. Elles articulent conception globale de la ville et gestion de proximité.
Quels sont les modalités existantes et les outils utilisés ? (La décentralisation, les différentes formes de gestion participative, l’intercommunalité). Les villes induisent une gamme de métiers spécifiques liés à leur gestion, leur organisation, leur animation et leur développement. Les métiers classiques comme les nouveaux métiers nécessitent un inventaire détaillé permettant un redéploiement pour les uns et un création pour les autres. C’est aussi la question des nouvelles compétences qui leur sont associées et des formations qu’il faut penser et prendre en charge.
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4 - Axe 6 : féminités, masculinités. Relations de genre et genre dans la cité (SSC)
Responsable : Stéphanie Latte Abdallah. Chercheurs IREMAM : Vincent Geisser, Stéphanie Latte Abdallah, Florence Bergeaud-Blackler. Doctorants et post-doctorants : Myriam Laakili, Michela Romagnoli, Imen Ben Jemia.
Historique : ce pôle thématique réunit des recherches en sciences humaines sur des questions de genre (féminités/masculinités) surtout sur la période contemporaine dans les mondes arabes et musulmans et dans les communautés musulmanes en Europe. Ces recherches transdisciplinaires engagent des chercheurs et doctorants du laboratoire afin de constituer un groupe de travail pérenne. Il s’appuie sur trois axes principaux, l’un centré sur les sexualités, les questions morales et les transgressions, le second sur la façon dont les problématiques de genre se posent en termes ethniques et religieux dans les représentations et les enjeux publiques et politiques, et enfin le troisième sur la manière dont les relations de genre, entre les sexes, se transforment et se recomposent.
Les trois axes du pôle thématique recoupent les préoccupations des participants et ne sont pas nécessairement exclusifs les uns des autres. Ce pôle thématique nouveau au sein du laboratoire ne constitue qu’une première formulation des travaux en cours, il sera plus largement développé et précisé au cours des quatre ans à venir en fonction des collaborations qui viendront s’y adjoindre. Il réunit des recherches individuelles qui s’inscrivent pour la plupart dans des travaux plus larges insérés dans des réseaux et des collaborations trans-laboratoires au sein de la MMSH, et avec d’autres laboratoires et universités aux échelles nationale et internationale. La constitution de ce pôle a pour objectif de réfléchir aux dimensions genrées des phénomènes étudiés dans les recherches en cours, mais aussi de fédérer des recherches où la thématique du genre, des féminités et des masculinités est plus centrale dans le but de mettre en place des programmes de recherche communs. Pour se faire, des réunions préparatoires seront organisées dès la première année pour réaliser un état des lieux de ces travaux . Ces réunions aboutiront à la mise en place d’un séminaire commun.
Ce pôle se structure aussi autour de la volonté de mieux intégrer recherche et enseignement : à travers le séminaire d’enseignement ouvert à partir du M1 de l’IISMM-EHESS Paris coordonné par Stéphanie Latte Abdallah, auquel participeront plusieurs membres du pôle, le M2 du Master MAMS de l’Université de Provence ainsi que le M2 de l’IEP d’Aix-en-Provence et des programmes engageant des doctorants et alliant recherche et enseignement.
- 1. Genre, sexualités, transgressions et enjeux moraux
Participants : Florence Bergeaud-Blackler, Stéphanie Latte Abdallah, Randi Deguilhem, Michela Romagnoli
Féminités, masculinités, enjeux moraux et éthiques contemporains. Séminaire d’enseignement mensuel IISMM-EHESS, Paris. Débute en octobre 2010 sous la responsabilité de Stéphanie Latte Abdallah
Il s’agit de réfléchir aux enjeux moraux et éthiques contemporains qui se posent dans le monde arabe, musulman et dans les communautés arabes ou musulmanes d’Europe ou d’ailleurs, à partir d’une approche en termes de subjectivités et de genre. Une approche dont l’objet est l’élaboration conjointe des féminités et des masculinités, et leurs interactions et liens. Des féminités et des masculinités marquées par l’histoire, les rapports sociaux, le politique et les conflits, et qui sont parfois émergentes, transgressives ou alternatives. A partir de ce postulat, comprenant la notion de genre dans un sens effectivement relationnel, ce qui est rarement le cas, seront analysés une série de pratiques et de discours sociaux, politiques, et évidemment religieux, mettant en jeu des questions morales et éthiques. Parmi les grands thèmes qui seront abordés, on envisagera les sexualités, dont des sexualités marginales (homosexualités, transsexualisme, prostitution) mais aussi les questions éthiques ou morales posées par les avancées scientifiques dans le champ de la procréation et certains débats sociétaux (harcèlement sexuel, avortement…etc.). Par ailleurs, un certain nombre de transgressions morales ou religieuses seront évoquées, telles que les conversions, le suicide, ou différentes formes de criminalités.
Islam et homosexualité au prisme des analyses intersectionnelles. Florence Bergeaud-Blackler
L’intersectionnalité des catégories (au départ pensée par le féminisme pour réfléchir aux imbrications des rapports sociaux de sexe, de classe et de race qui produisent des discriminations spécifiques) et donc des identifications conduit à penser les appartenances religieuses en tant que dimension d’un ensemble plus complexe. Il convient donc de revisiter cette perspective intersectionnelle, de dépasser le tryptique sexe, classe, race, pour élargir l’analyse à d’autres catégories et de distinguer plus nettement les intersections politiques et sociales. Le couple islam/homosexualité est le produit d’un discours public de construction d’une singularité, sur l’irréductibilité d’un vécu musulman à la problématique homosexuelle mainstream. Il sera question d’analyser la construction de cette double identification à l’islam et à l’identité homosexuelle, repérer les lieux, les formes de mobilisation ainsi que les raisons de l’émergence des groupes de gays et lesbiennes musulmans. La formation et la matérialisation de cette double identification s’opèrent au prix de la mise entre parenthèses d’autres discriminants qui, pour ne pas être explicites, continuent de structurer les relations à l’intérieur du groupe (âge, sexe, milieu social, compétences linguistiques, éducation…etc.) que la réflexion aura précisément comme projet de mettre en lumière. Se définir comme homosexuel et musulman est l’aboutissement d’événements dont deux particulièrement intéressants à étudier pour saisir ces clivages : celui de la sortie (du placard, c’est-à-dire d’une socialisation hétérosexuelle subie) i.e. le coming out, et celui de l’identification/socialisation au groupe de référence, aujourd’hui institutionnalisé (la très récente émergence du mouvement associatif Gay Muslim). Les recherches / réflexions seront menées dans les sociétés musulmanes ainsi qu’en Europe dans les sociétés d’immigration (France et Belgique).
GenderMed : Genre, Transgressions et Normes en Méditerranée (projet MMSH). Participants IREMAM : Randi Deguilhem (coordination), Stéphanie Latte Abdallah, Florence Bergeaud-Blackler
GenderMed est un projet de la MMSH présenté comme un ITN (Initial Training Network) au financement de la Communauté européenne. C’est un projet et un vaste réseau interdisciplinaire engageant de multiples coopérations avec des universités en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du Nord. Il prolonge et renouvelle des coopérations déjà établies par le réseau d’excellence RAMSES 2 (janvier 2006 – mai 2010). Ce projet entend déconstruire les catégories de transgressions et de normes relatives au genre dans le contexte d’un espace méditerranéen moderne et contemporain en pleine mutation à partir de quatre thèmes majeurs qui sont chacun (coordonnés chacun par une université ou une institution de recherche différente de l’espace euro-méditerranéen) : genre, mobilité et espaces urbains (la mobilité féminine/les dimensions urbaines des systèmes normatifs) ; genre, marginalité et criminalité (prostitution et pornographie/genre et transgressions) ; genres atypiques et sexualités marginales (transgressions ordinaires/identités, expériences transgenres/féminismes, sexualités, religions) ; pluralisme des normes et construction des catégories (normes de genre, pouvoir et savoir/ genre et crises). Ce projet a pour objectif premier la formation d’étudiants et de jeunes chercheurs sur ces thématiques et leur intégration dans des réseaux et des pratiques de recherche (par le financement de travaux de doctorat et de post-doctorat et la mise en place de séminaires, ateliers, et écoles d’été) mais aussi l’accès à l’expertise et à l’expérience professionnelle (à travers des stages et formations dans des ONG et des entreprises dans ces domaines).
Randi Deguilhem assure la coordination du programme et inscrit ses travaux dans l’axe Genre et transgressions : pratiques, stratégies, représentations dans l’espace Euro-Méditerranéen (16ème-21ème siècle). Stéphanie Latte Abdallah est co-responsable (avec Mathias Morgenstern de l’Université de Tübingen de l’axe Genres atypiques et sexualités marginales). Florence Bergeaud-Blackler et Stéphanie Latte Abdallah participent plus spécifiquement aux travaux du sous-axe Féminismes/sexualités, religions. Ce qui s’inscrit dans le prolongement de leurs recherches individuelles sur les engagements féminins et les féminismes (séculiers, islamiques/Stéphanie Latte Abdallah) et de leurs projets en cours sur les sexualités (Florence Bergeaud-Blackler, Stéphanie Latte Abdallah).
- 2. Genre et fondations pieuses (waqfs) dans le Damas Ottoman
Responsable : Randi Deguilhem. Participants : Randi Deguilhem, Vincent Geisser, Myriam Laakili
Cette recherche, qui s’appuie sur un important fonds empirique provenant des tribunaux de la ville syrienne de Damas à l’époque ottomane, interroge les comportements féminins et masculins au regard des usages des fondations pieuses. Expression personnelle qui s’inscrit souvent mais pas toujours dans des orientations familiales d’un/e fondateur/trice, les fondations waqfs révèlent, entre autres, des priorités sociétales d’un individu de par la désignation, dans sa charte de fondation de waqf, de bénéficiaires allant recevoir une part des revenus générés par les propriétés appartenant à sa fondation. Sur la base de nombreuses années de travail archivistique et analytique dans la documentation portant sur les waqfs ottomans de Damas (dans des centres d’archives en Syrie, en Turquie et en France) l’accent est plus particulièrement porté sur une analyse genrée des pratiques des fondateurs/trices des waqfs à Damas quant au choix de bénéficiaires, notamment, durant les deux derniers siècles ottomans (entre la fin du 18e siècle au lendemain de la Première Guerre mondiale). A cette fin, des analyses approfondies sont entreprises, tant sur le plan statistique que qualitatif, afin d’étudier des différents usages par les femmes et les hommes du waqf et qui donne la possibilité de soutenir des bénéficiaires (des personnes mais aussi des lieux bâtis) spécifiés nommément par le/a constituant/e d’une fondation. Il s’agit de voir si des modèles genrés spécifiques se dégagent. Par la suite, il est envisagé de comparer les résultats provenant du Damas ottoman avec d’autres parties de l’Empire ottoman (pour des communautés musulmanes, chrétiennes et juives – car toutes ces communautés utilisaient le waqf) puis éventuellement à d’autres régions.
Ethnicité et genre dans le champ politique français : enquête sur les enjeux autour de la « diversité féminine ». Vincent Geisser
Cette étude s’articule autour d’une enquête qualitative sur les femmes politiques héritières de l’immigration africaine, maghrébine et des DOM-TOM. Une telle perspective devrait permettre de capitaliser les acquis des travaux sur les discriminations ethniques et sexistes dans les institutions publiques, en croisant l’origine ethnique (réelle ou imaginaire) et le genre des militant(e)s, des élu(e)s et des cadres partisans. En somme, nous partons de l’hypothèse que les modes de valorisation des femmes issues des minorités dites « visibles » (enjeux autour de l’exotisme politique et de la diversité féminine) contiennent en creux des modes de stigmatisation sexistes qui contribuent à instaurer une « double peine » symbolique. Si les discours publics tendent généralement à opposer les femmes comme « modèle d’intégration » aux hommes comme symptomatiques des « échecs de l’intégration », les processus sociopolitiques à l’œuvre dans le champ politique ne se traduisent pas moins par des discriminations sexistes qui continuent à pénaliser les femmes. L’enquête, qui a débuté, au cours de l’année 2010 et qui devrait se poursuivre jusqu’à fin 2012, concerne une centaine d’élues locales et nationales, de cadres partisans, de militantes des principales formations politiques (PCF, Les Verts, PS, Modem, UMP…) mais aussi de leaders d’opinion (dirigeantes de mouvements et d’associations).
Genre et conversions à l’islam en France. Myriam Laakili
Dans le cadre de sa thèse en sociologie et d’une enquête de terrain commencé en mai 2009 (entretiens, suivi de trajectoires de convertis), Myriam Laakili entend analyser la façon dont les conversions à l’islam permettent à ces acteurs de redéfinir leurs féminités et leurs masculinités et leurs pratiques dans une société séculière, la société française contemporaine. Il s’agit d’étudier comment ces choix de conversions sont aussi liés à la volonté d’affirmer d’autres identités de genre et de nouveaux rôles féminins et masculins via l’apprentissage de l’islam. Ce faisant, ce travail déconstruira notamment des perceptions communes qui résument par exemple souvent, pour les femmes, les conversions à l’islam à la question des modalités du port du voile.
3. Transformations des relations de genre
Participants : Stéphanie Latte Abdallah, Imen Ben Jemia.
Ce réseau de recherche lancé par le CEFAS (Centre Français d’Archéologie et de Sciences sociales de Sanaa, Michel Tuchscherer) impliquant le pilotage de l’IREMAM réunit des chercheurs en sciences sociales travaillant sur les pays de la péninsule Arabique et de la Corne de l’Afrique autour des « Transformations dans le genre ». Des transformations en cours tant en termes d’objets d’études émergents et d’approches méthodologiques ou théoriques nouvelles que des diverses formes du changement et des mobilités (sociales, géographiques), ou encore de discours ou d’interventions à déconstruire qui défendent une vision du changement ou du progrès social (tel que le développement). Ce projet a aussi comme vocation de mettre en place un espace de débat incluant des chercheurs de différents horizons (de France, d’Europe, du Golfe, du Yémen, de la Corne de l’Afrique et d’ailleurs) et aussi de diverses disciplines (sociologie, anthropologie, sciences politiques, économie, historiens du contemporain) à même de travailler sur les changements survenus depuis le milieu du XXème siècle jusqu’à présent. Il développe des partenariats avec des centres de recherche et des institutions universitaires, en particulier dans la péninsule Arabique et la Corne de l’Afrique.
La première étape de ce travail est un colloque sur le thème « Transformations dans le genre en péninsule arabique ». Il entend, à partir d’entrées thématiques, faire un état des lieux des recherches encore bien peu nombreuses sur le genre dans les pays du Golfe, de la péninsule Arabique et de la Corne de l’Afrique (au Yémen, au Koweït, en Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis, à Bahrayn, à Oman, au Qatar, en Irak, à Djibouti, en Ethiopie…etc.). Cette problématique interroge les changements sociaux et les mobilités sociales et spatiales, les lieux ou parfois les espaces émergents, alternatifs de ces changements (espaces de travail, du savoir, de sociabilités ancrés dans les villes ou les territoires ou bien virtuels, associations, ONG, etc.) tout en adoptant une approche plus théorique engageant une réflexivité méthodologique sur les présupposés, les pratiques et les concepts employés quand on aborde la question du genre, particulièrement dans cette région du monde. Le colloque se construit autour de cinq axes (un axe méthodologique centré sur des approches interactionniste, relationnelle et biographique/une réflexion critique sur le développement comme langage et interventions visant le changement social/les mobilités sociales : le marché et les espaces du travail, l’articulation entre éducation et capacité d’agir (agency)/ les mobilités spatiales/ les pratiques dans les nouveaux espaces et lieux alternatifs de sociabilité) qui sont une base de réflexion pour le réseau et le programme qui sera lancé à la suite de cette première rencontre organisée par le CEFAS à Sanaa au Yémen à l’automne 2011.
Maternité, paternité : métamorphoses et permanences de la différenciation sexuée. Programme transversal MMSH coordonné par Laurence Hérault (Université de Provence, IDEMEC).
Participants IREMAM : Stéphanie Latte Abdallah.
Ce programme lancé en 2009 s’articule autour de deux questions centrales : différenciation sexuée et parentalité/différenciation sexuée et engendrement. Les façons sexuées d’être parent varient évidemment selon les contextes socio-historico-culturels mais elles déterminent habituellement les capacités et les possibilités de relations avec l’enfant à la fois dans les registres juridique, économique, émotionnel ou affectif. Pourtant dans certains contextes ou dans certaines situations (économiques, politiques, démographiques, etc.), cette distinction peut se brouiller, être questionnée ou malmenée. On s’attachera ici à comprendre les transformations et les redéfinitions, temporaires ou définitives, qui affectent les rôles paternels et maternels. Quels sont les aspects de la « maternalité » et de la « paternalité » concernés par ces changements ? On s’intéressera également à la manière dont ces transformations sont pensées et vécues par les individus : sont elles initiés, subies ou consenties ? Sont-elles revendiquées, discutées ou controversées ? L’engagement des individus dans la procréation est bien évidemment étroitement lié aux capacités offertes par leur corps. Mais si l’asymétrie biologique est ici très prégnante, elle est cependant diversement vécue et appréhendée selon les contextes historiques et socio-culturels.
On examinera ici la manière dont les conceptions et les pratiques autour de l’engendrement distinguent la maternité et la paternité. Les capacités des corps (offertes par les corps mais aussi offertes aux corps), leurs usages, la manière dont ils sont pensés et mobilisés seront ici au centre de l’analyse. On pourra explorer ainsi la façon dont la fécondité et la stérilité, la contraception, sont envisagées et vécues par les hommes et par les femmes. Pour les sociétés contemporaines, on sera particulièrement attentif aux transformations liées à la déliaison sexualité/procréation/gestation (procréation médicalement assistée et grossesse pour autrui). Plusieurs journées thématiques ont été et seront organisées autour des axes de ce programme : Paternité/maternité et technologie de l’engendrement (PMA, GPA) ; Paternité/maternité et migrations ; Paternité/maternité et maladie ; Paternité/maternité et conflit/enfermement/incarcération ; Déliaisons contemporaines conjugalité/filiations (familles recomposées, monoparentales, homoparentales) ; Genre et engendrement (Procréation dans des situations transexuelles).
Dans le cadre de ce programme transversal, Stéphanie Latte Abdallah a la responsabilité de l’organisation des journées sur les conflits et les situations d’enfermement et d’incarcération qui réuniront des travaux sur des situations conflictuelles ou carcérales en divers lieux du monde. Son travail personnel s’attachant à l’expérience carcérale des Palestiniens en Israël depuis 1967. D’une part il s’agit de s’intéresser aux modalités de prise en compte et en charge collective de cette parentalité par les autorités carcérales israéliennes d’un côté et par les ONG ou les partis plutôt palestiniens et parfois israéliens de l’autre. D’autre part de se centrer sur les façons d’être parent et sur les relations parents-enfants dans ce contexte d’incarcération politique.
5 - PICS CNRS-CNRST (Maroc) 2013-2015 « La montagne et ses savoirs »
Responsables scientifiques : Catherine Miller et Fouad Brigui.
Ce projet international de coopération scientifique (PICS 2013-2015 « La montagne et ses savoirs ») retenu par le CNRS et le CNRST (Maroc) réunit des chercheurs et des équipes françaises, espagnoles et marocaines.
A l’origine de cette collaboration multidisciplinaire et internationale se trouve le “Groupe Jbala pour la Recherche et le Développement” (2010), devenu une association sous le nom de « CÉRIJ-Groupe Jbala » (Centre d’Études et de Recherches Interdisciplinaires sur les Jbala, 2013) , l’un et l’autre héritiers du « Groupe Pluridisciplinaire d’Études sur les Jbala » (1985-2000).
Les champs d’études relèvent à la fois des sciences humaines et sociales et des sciences de l’environnement, autour d’un champ de recherche aujourd’hui en déshérence : les études rurales en général, celles des sociétés de montagne en particulier. De part et d’autre de la Méditerranée, le PICS s’appuie sur des équipes engagées dans des problématiques qui privilégient à la fois la diachronie et l’interdisciplinarité et ont pour objet commun la société paysanne de certaines des montagnes du littoral méditerranéen de l’Afrique du Nord. Autour d’une étude de cas (les Jbala, populations du nord-ouest du Maroc), il se propose plus particulièrement de traiter du croisement entre la montagne et ses savoirs (lettrés ou techniques), dans une approche de longue durée.
En savoir plus sur le Carnet de recherche du PICS
Archives quadriennal 2008-2011
Toutes les archives 2008-2011
Programme National de Recherche. Population et Société - (PNR 31)
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Archives Séminaire "Appropriations d’espace en contexte colonial) (1er semestre 2015)
Séminaire Axe 6 du pôle Histoire de l’Iremam. Lancé par Charlotte DEWEERDT, Didier GUIGNARD, Christine MUSSARD, Mehdi SAKATNI et Iris SERI-HERSCH, ce séminaire propose un échange de réflexions sur des notions communes dans nos travaux : le territoire, l’appropriation, le discours sur, la production ou l’usage d’espace(s), en s’interrogeant notamment sur les effets du temps colonial. Il a vocation à s’ouvrir à l’ensemble des sciences humaines et à l’ensemble des chercheurs intéressés, quelle que soit leur aire de spécialité ou leur institution de rattachement.
Agenda des réunions du premier semestre 2015 :
- Lundi 12 janvier 2015, 10h-12h, en salle 219 de la MMSH.
Lectures en débat : l'article d’Hélène BLAIS, « Coloniser l’espace : territoires, identités, spatialité », dans la revue Genèses, 2009/1, n° 74, p. 145-159. Et l’introduction de l’ouvrage d’Etienne LE ROY, La terre de l’autre. Une anthropologie des régimes d’appropriation foncière, Paris, LGDJ / Lextenso éditions, 2011, p. 13-37.
- Lundi 16 février 2015, 10h-12h, en salle 219 de la MMSH.
Lectures en débat : Le chapitre 8 (« La production de la localité ») du livre d’Arjun APPADURAI, Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation, Paris, Petite bibliothèque Payot, 2005 (1re éd. 1996), p. 257-284. Et le chapitre 9 (« La "déterritorialisation" dans le discours économique allemand ») du livre de Guillaume GARNER, Etat, économie, territoire en Allemagne. L’espace dans le caméralisme et l’économie politique 1740-1820, Paris, Editions de l’EHESS, 2005, p. 277-307.
- Lundi 30 mars 2015, 10h-12h, en salle 219 de la MMSH.
Lecture en débat : Christian LUND (trad. de Christine Deslaurier), « Propriété et citoyenneté. Dynamiques de reconnaissance dans l’Afrique des villes », Politique africaine, avril 2013, n° 135, p. 5-25
- Lundi 11 mai 2015, 14h-16h, en salle 219 de la MMSH.
Lecture en débat : Cole HARRIS, "How did Colonialism Dispossess ? Comments from an Edge of Empire", Annals of the Association of American Geographers, vol. 94, n° 1, mars 2004, p.165-182.
- Lundi 22 juin 2015, 10h-12h, en salle 219 de la MMSH.
Lectures en débat : Jean-Pierre JACOB et Pierre-Yves LE MEUR, "Citoyenneté locale, foncier, appartenance et reconnaissance dans les sociétés du Sud", introduction de l’ouvrage collectif qu’ils ont dirigé : Politique de la terre et de l’appartenance. Droits fonciers et citoyenneté locale dans les sociétés du Sud, Paris, Karthala, 2010, p. 5-57. Et Brenda S.A. YEOH, "Power Relations and the Built Environment in Colonial Cities", chapitre 1 de son ouvrage : Contesting Space in Colonial Singapore, Singapour, Singapore University Press, 2003 (1re éd. 1996), p. 1-27.
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Archives Cycle de conférences Cherpa/Iremam « Thawra » (2011-2012)
Les dynamiques protestataires en cours dans le monde arabe ont déjà donné lieu à des réactions et analyses nombreuses et variées. Les institutions académiques ont commencé à se mobiliser pour « décrypter » les premières expressions de ce mouvement global puis pour les interpréter. Les chercheurs en science politique se sont investis pour leur part à différents degrés pour comprendre ce qui est en train de se jouer, et transmettre au public leurs analyses. C’est le cas pour les universités et centres de recherche d’Aix-Marseille où plusieurs réunions publiques ont déjà été organisées dans le cadre de conférences, de séminaires et de journées d’études, à l’IEP, à l’IREMAM et à la MMSH notamment.
Les temps chaud d’une actualité toujours en marche appellent à la mise en contexte et à la prise de recul historique. Ils offrent des angles de comparaison renouvelés pour des pistes d’analyse à reformuler. L’avenir des régimes autoritaires de la région reste placé sous le signe d’une incertitude qui incite à multiplier les regards sur les sociétés qui se mobilisent. C’est pourquoi, dans le moyen terme de l’observation, nous proposons d’organiser en collaboration entre le laboratoire CHERPA de l’IEP d’Aix-en-Provence et l’IREMAM une série de tables rondes destinées à exposer, débattre, expliquer les mécanismes de ces mouvements tels que nous les comprenons. Plutôt que de produire des analyses ad hoc, il s’agit pour nous de saisir cette fenêtre d’opportunité pour reformuler d’anciennes questions, en proposer de nouvelles, ou nous interroger sur les ressorts possibles du comparatisme.
Ces séances, introduites par un court texte assorti de questions, s’adressent à un large public parmi lequel en premier les étudiants de l’IEP et de l’Université d’Aix-Marseille, nos collègues et les « usagers » des sciences sociales...
Lieux : MMSH, 5, rue du Château de l’Horloge (Jas de Bouffan) à Aix-en-Provence (bus n° 6, arrêt Pablo Picasso). IEP, 25, rue Gaston de Saporta à Aix-en-Provence. Horaire : 18h-20h
Séance 1- 12 janvier 2012, MMSH, 18h-20h. "Egypte, Tunisie, un an après : de la rue aux urnes"
Séance introduite et coordonnée par Myriam Catusse et discutée par Stéphanie Dechezelles (CHERPA).
Intervenants
Amin ALLAL, doctorant Cherpa/Iremam
Sarah BEN NEFISSA, chercheure IRD
Olfa LAMLOUM, chercheure Ifpo
Séance 2 - 16 février 2012, IEP, 18h-20h. "Egypte, Tunisie, Yémen : L’ancien régime et la révolution"
Séance introduite et coordonnée par Marine Poirier.
Intervenants
Tewfik ACLIMANDOS, Chercheur, Collège de France
Michel CAMAU, Professeur émérite des universités
Séance 3 – 22 mars 2012, MMSH, Salle Georges Duby, 18h-20h. "Tempêtes syriennes : mobilisations et violences politiques"
Séance introduite et coordonnée par Myriam Catusse (IREMAM).
Intervenants
Elizabeth PICARD, Directrice de recherche émérite (Cnrs/Iremam)
Thomas PIERRET, Enseignant-chercheur (University of Edinburgh)
Cécile BOEX, post-doctorante (Ehess/Ceifr)
Séance 4- 12 avril 2012, IEP. "Activistes, combattants et insurgés. Les acteurs des soulèvements arabes"
Séance introduite et présentée par Amin Allal, Cherpa/Iremam
Intervenants
Claire BEAUGRAND, post-doctorante, Institut français du proche Orient : Bahreïn, qui veut en découdre ?
Arthur QUESNAY, doctorant, Université Paris-1 Panthéon Sorbonne : Libye. Au cœur d’une Katiba (unité de combattants)
Youssef AL-CHAZLI, assistant à l’université de Lausanne, doctorant à l’Institut d’études politiques de Paris (CERI – FNSP) et à l’Institut d’études politiques et internationales : Egypte. La nuit ou « tout fout le camp » au Caire
Sélim SMAOUI, Doctorant à l’Institut d’études politiques de Paris : Maroc. La coordination casablancaise du Mouvement du 20 février au péril des Baltajiyya.
Séance 5- Jeudi 10 mai 2011, 17h30, MMSH Aix, Salle Paul-Albert Février. "La question islamiste dans le printemps arabe"
Séance introduite et présentée par Alix Philippon (CHERPA)
Intervenants
François BURGAT, Directeur de recherches (CNRS), directeur de l’Institut Français du Proche-Orient
Jean-Pierre FILIU, Professeur associé à Sciences Po Paris
Patrick HAENNI, Chercheur à l’Institut Religioscope, Fribourg
Autres archives (anciens doctorants, conventions, coopération internationale, partenaires...)
2009, un bon cru pour l’IREMAM
- Ils ont soutenu leur doctorat au sein de l’IREMAM et viennent d’être recrutés :
Fatima CHERAK, qui a soutenu son doctorat en 2008 a été recrutée comme ATER par l’Université de Brest en sociologie.
Dina MELHEM, qui a soutenu son doctorat en 2008 est actuellement directrice des programmes Moyen-Orient et Afrique du Nord à la Westminster Foundation for Democracy de Londres.
Vincent ROMANI, qui a soutenu son doctorat en 2008, après une année passée à la Brandeis University (USA), vient d’être recruté à l’Université du Québec à Montréal.
Philippe BOURMAUD, qui a soutenu son doctorat en décembre 2007, vient d’être recruté pour la rentrée 2009-10 au poste de maître de conférences d’histoire contemporaine, profil « Institutions et pratiques sociales, XIXe-XXe siècles », Université Jean Moulin, Lyon 3
Fathi JARRAY, qui a soutenu son doctorat en décembre 2007 est actuellement Maître assistant à l’Université de Tunis, spécialiste en patrimoine et archéologie islamique de la Tunisie. Membre du Laboratoire d’Histoire du Monde Arabe et Musulman Médiéval à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis.
Chercheur associé à l’IREMAM.
Karim RAHMOUNI, qui a soutenu son doctorat en 2007 est chargé de cours en Droit à l’Université Centrale de Tunis.
Ozan SERDAROGLU, qui a soutenu son doctorat en 2007 a été recruté comme MCF à l’Université de Chypre Nord.
- Ils ont effectué leurs études au sein du Département des études moyen-orientales (DEMO) de l’Université de Provence et ont réussi brillamment l’agrégation et le Capes :
Catharina PINON, major du Capes d’arabe en 2008, a réussi l’agrégation en 2009
de même que Manuel SARTORI
Bassam TABIKH est major du Capes d’arabe 2009
Conventions
Convention de coopération CEFAS - IFPO - IREMAM
Le Centre Français d’Archéologie et de Sciences Sociales de Sanaa, Yémen (CEFAS) représenté par son Directeur M. Michel Tuchscherer, l’Institut Français du Proche-Orient, Damas, Syrie (IFPO) représenté par son Directeur M. François Burgat et l’IREMAM ont signé le 6 octobre 2009 une convention de coopération scientifique et pédagogique relative au dépôt d’archives privées du Yémen par la famille Noman dans les locaux de l’IREMAM. Texte de la convention
Convention de coopération CREAD - IREMAM
Le Centre de Recherches en Economie Appliquée pour le Développement (CREAD) d’Alger représenté par son directeur Monsieur Yassine Ferfera et l’IREMAM ont signés, le 11 mars 2010, une Convention de coopération scientifique et pédagogique favorisant entre autre les échanges universitaires et la mobilités des chercheurs dans le cadre de différents programmes scientifiques. Texte de la convention et avenant
Convention de coopération scientifique IFPO - IREMAM
L’Institut Français du Proche-Orient, Damas, Syrie (IFPO) et l’IREMAM ont signé le 29 avril 2009 une convention de coopération scientifique visant la mise au point d’un fond partagé de cartes géo-référencées. Texte de la convention
Convention de coopération scientifique IRCAM - IREMAM
Le 14 avril 2008, l’IREMAM a signé une convention de coopération scientifique avec l’Institut Royal de la Culture Amazighe de Rabat, Maroc, (IRCAM) représenté par son recteur, Monsieur Ahmed BOUKOUSS. Convention renouvelée en 2016 et officialisée par le CNRS. Texte de la convention
La coopération internationale à l’IREMAM par Ghislaine Alleaume, 24 juillet 2016
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Les partenaires de l’IREMAM (10 avril 2019)
Algérie
- CNRPAH, Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques d’Alger
- CRASC, Centre de Recherches en Anthropologie Sociale et Culturelle d’Oran
- CREAD, Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le Développement, Alger
- ENA, Ecole Nationale d’Administration d’Alger
- Institut d’architecture de Biskra, Université Mohamed Khider Biskra
- Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou
Allemagne
- CMB, Centre Marc Bloch, Berlin.
Canada
- Université du Québec à Montréal (UQAM), Département de sociologie
- Université Wilfrid Laurier (Ontario)
Colombie
- Université Externado de Colombia à Bogota
Egypte
- CEDEJ, Centre d’Etudes et de Documentation Economiques, Juridiques et Sociales
- CEAlex, Centre d’Etudes Alexandrines
- IFAO, Institut Français d’Archéologie Orientale du Caire
Espagne
- Universidad Autonoma de Madrid
- CSIC, Consejo Superior de Investigaciones Cientificas
- IESA, Instituto de Estudios Sociales Avanzados
Etats-Unis
- Fares Center for Eastern Mediterranean Studies, Tufts University, Medford, MA
Ethiopie
- CFEE, Centre Français d’Etudes Ethiopiennes d’Addis Abeba
France
- ANOM, Centre des Archives d’Outre-Mer, Aix-en-Provence
- CANTHEL, Centre d’anthropologie culturelle, Paris
- CARIM, Consortium pour la Recherche Appliquée aux Migrations Internationales
- CCL, Centre de Conservation du Livre, Arles
- CEMAf, Centre d’Étude des Mondes Africains
- Centre franco-allemand de Provence
- Centre Maurice Halbwachs, Equipe PRO (professions, réseaux, organisations)
- CERI-Sciences Po, Centre d’études et de recherches internationales, Paris
- CETOBAC, Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques, (CNRS-EHESS-Collège de France), Paris
- CHDT, Centre d’Histoire du Domaine Turc, EHESS, Paris
- CITERES, UMR CItés, TERritoires, Environnement et Sociétés, Tours
- CRBC-EHESS, Centre de recherches sur le Brésil Contemporain
- EHESS, L’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris
- EMAM (Equipe Monde Arabe et Méditerranée), de l’UMR CITERES, Centre Interdisciplinaire CItés, TERritoires, Environnement et Sociétés, Tours
- DEMO, Département d’études moyen-orientales de l’Université d’Aix-Marseille
- EPHE, Ecole Pratique des Hautes Etudes, Paris
- GSRL, Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (EPHE-CNRS), Paris
- GREMMO, Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, Lyon
- IDEMEC, Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative, Aix-en-Provence
- IEP, Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence
- IESR, Institut européen en sciences des religions
- IISMM, Institut d’études de l’Islam et des Sociétés du Monde Musulman
- IMéRA, Institut Méditerranéen de Recherches Avancées, Aix-en-Provence
- INALCO, Institut National des Langues et Civilisations Orientales
- INVISU, Information visuelle et textuelle en histoire de l’art : nouveaux terrains, corpus, outils
- IRD, Institut de recherche pour le Développement
- IRIS, Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (Sciences sociales, Politique, Santé)
- IRSEA, Institut de recherche sur le sud-est asiatique
- LACNAD-Centre de Recherche Berbère, Paris
- LAMES, Laboratoire Méditerranéen de Sociologie, Aix-en-Provence
- LAS, Laboratoire d’Anthropologie Sociale, Paris
- MOM, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon
- Orientalismes (séminaire de recherche), Paris
- PACTE, Politiques Publiques, Actions Politiques, Territoires, Grenoble
- TELEMME, Temps, Espaces, Langages, Europe Méridionale, Méditerranée, Aix-en-Provence
Grande-Bretagne
- Faculty of Oriental Studies, University of Oxford
- MFO, Maison Française d’Oxford
- Middle East Centre, St Antony’s College de l’Université d’Oxford
- School of Oriental and African Studies à Londres
- Université d’Oxford
Iran
- IFRI, Institut français de recherche en Iran (IFRI)
Israël
- CRFJ, Centre de Recherche Français de Jérusalem
Italie
- IsIAO, Istituto Italiano per l’Africa e l’Oriente (IsIAO)
- Institut Français de Naples
Jordanie
- IFPO, Amman, Institut Français du Proche-Orient
Liban
- IFPO, Beyrouth, Institut Français du Proche-Orient
Maroc
- Centre Jacques Berque de Rabat
- GERM- Groupe d’Etudes et de Recherches sur la Méditerranée de Rabat
- Fondation du Roi Abdul Aziz Al Saoud de Casablanca
- IRCAM, Institut Royal de la Culture Amazighe
- Université Hassan II de Casablanca
- Université Mohamed V de Rabat
Palestine
- Université Birzeit, Ramallah, Département d’Histoire
Pays-Bas
- University of Groningen, Fac. of Theology and Religious Studies
Soudan
- CEDEJ, Antenne de Khartoum
- Université de Khartoum
Syrie
- IFPO, Damas, Institut Français du Proche-Orient
Tunisie
- IRMC, Institut de Recherche sur le Maghreb contemporain de Tunis
- ISSHT, Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis
- Université de Tunis
Turquie
- IFEA, Institut Français d’Etudes anatoliennes d’Istanbul
Yémen
- CEFAS, Centre Français d’Archéologie et de Sciences Sociales de Sanaa
Archives séminaire doctorants "L’État colonial : une analyse au concret" (2018)
Responsables : Mélissa Biet (Doctorante Université Paris I Panthéon Sorbonne), Antonin Plarier (Doctorant Université Paris I Panthéon Sorbonne et chercheur associé à l’Iremam) et Nessim Znaïen (ATER AMU).
Ce séminaire de doctorants cherche à interroger les réalités de l’État colonial, considéré ici comme un appareil exerçant une souveraineté politique sur un territoire extérieur aux frontières métropolitaines de l’État national. Cette souveraineté, marquée par la violence de son expression, se réalise - sauf exception - au travers d’un appareil administratif restreint en comparaison de l’État métropolitain. Le caractère régulier de la sous-administration produit une domination politique particulière à la fois plus limitée et plus violente. L’État colonial n’est ni un léviathan omniprésent, ni une autorité disposant d’une légitimité politique largement acceptée. La présence de l’État colonial se manifeste au travers de ses différentes administrations dont l’action ne se limite pas à la seule dimension répressive, mais aussi aux tentatives d’inscription de ces structures dans l’espace, au déploiement de politiques publiques etc. Le contrôle des différents groupes de populations – « Indigènes », Européens, ou encore agents de l’État - imparfaitement soumis à son autorité demeure pour lui un enjeu permanent, multidimensionnel et multi-scalaire. Ce séminaire a ainsi pour objet d’interroger au concret [1] l’État colonial au travers de ses pratiques et de ses limites qui sont autant d’espaces et d’interstices laissées ou pris par les différentes populations en situation coloniale au sein desquels des phénomènes d’ « abus de pouvoir », d’accommodements, d’affirmations ou de résistances sont possibles.
Chaque séance, sur un rythme mensuel, sera animée par un doctorant qui présentera ses propres recherches à la lumière desquelles il discutera, critiquera et enrichira cette vision de l’État colonial.
[1] THENAULT Sylvie, « L’État colonial, une question de domination » in SINGARAVELOU Pierre, Les Empires coloniaux, Paris, Seuil, 2013, pp. 215 – 256.
Calendrier
Lundi 29 janvier 2018, 9h30, MMSH, salle A219 : Nessim Znaïen, "Politiques de prohibition et réactions dans l’Empire colonial français (1850-1950)".
Lundi 19 février 2018, 14h, MMSH, salle A219 : Antonin Plarier, "La transportation des bandits ruraux algériens : sanctions, parcours de vie et évasions".
Lundi 19 mars 2018, 10h, MMSH, salle A219 : Mélissa Chauvin-Bilouta, "Les révocations d’administrateurs de commune mixte : Quand l’État colonial sanctionne les siens".
Lundi 23 avril Lundi 16 avril 2018, 14h, MMSH, salle A219 : Joseph Lahausse de Lalouvière, "L’état civil des affranchis dans les Antilles françaises, 1793-1810".
Séances reportées :
Lundi 28 mai 2018, 10h, MMSH, salle A219 : Mehdi Sakatni, "Les relations entre tribus et États en Syrie à l’époque du mandat".
Lundi 11 juin 2018, 14h, MMSH, salle A219 : Thierry Guillopé, "Les politiques du logement social en Algérie coloniale (fin XIXe - 1954 – 1962)".
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Archives décès et autres
Hommages à Michel Balivet
- Hommage à Michel Balivet par Benoît Fliche, directeur de l’IDEMEC, le 18 décembre 2020
Un jour d’octobre 1993, un « désœuvrement » estudiantin me fit suivre un camarade enthousiaste pour un cours optionnel sur les « Turcs ». Gardien des sésames d’Anatolie, Michel Balivet officiait en héritier bektachi. Il ouvrit la steppe. Pendant une heure, nous chevauchâmes en compagnie de drôles de nomades, les turcomans, du Bozok aux confins de la Chine. Chaque jeudi à 13h, le voyage se répétait. La prise de Constantinople ? Nous y étions. Les derviches guerriers ? Nous les avons vu voler au dessus de nos têtes éberluées. Une blague plus tard, nous étions devant Nasreddin Hoca ou Mevlana en personne. On ne manquait pas le "cours de Balivet", respiration (nefes) esseulée dans un cursus où le désir était souvent à la peine. Balivet nous enseignait bien plus que des "savoirs" : il nous éduquait au keyif.
Balivet était un conteur doublé d’un grand pédagogue. Un jour que la classe dormait, il n’hésita pas à faire une longue digression. Il partit sur la "route de Charlemagne", nous expliquant à chaque étape, avec force détail, comment le Barbu fleuri s’était rendu chez son collègue byzantin, histoire de lui expliquer deux trois choses sur le filioque. Au bout d’un quart d’heure, il s’interrompit et nous demanda : "alors ? c’est vrai ou c’est faux ce que je viens de raconter ?". Rires et grognements. Quelle était cette blague ? A coup sûr, celle d’un bektachi, à savoir une éthique, celle de la dérision, mais pas que, qui se moque des puissants, des fidèles, des règles de bienséances, mêlant logique des plus rigoureuses à l’absurdité absolue.
Sorte de moine musulman, mendiant, pauvre, gyrovague, fou irrécupérable, la figure du bektachi errant est celle du pourfendeur de la bigoterie, du formalisme rituel, de l’hypocrisie sociale : « ses armes sont pacifiques mais redoutablement efficaces ; la moquerie qui fait mouche, le refus d’obtempérer, l’individualisme libre penseur, ou plutôt d’un penseur libre, la transgression religieuse pratiquée avec constance et application comme un art de vivre ». Le derviche bektachi se joue des frontières religieuses, tout comme du formalisme : d’où la grande place du raki et du ramadan jamais respecté. Mais cet esprit bektachi va encore plus loin puisqu’il critique directement Dieu : « il accuse entre autres le Créateur non seulement d’avoir fait l’homme imparfait et pécheur mais en plus de lui reprocher ses imperfections et de vouloir le punir pour ses péchés lors du Jugement dernier, ce qui lui semble injuste et absurde [1]. Avec cette irrévérence, mauvais genre, on passe outre la différence, fut-elle instaurée au nom de Dieu. Elle vient rappeler le socle du commun : le non-sens de la vie, ce qui n’est pas sans rappeler les memento mori qui peuplent l’art occidental.
Michel Balivet était ce bektachi errant dans ses cours. Il traversait les frontières, se moquant parfaitement des champs constitués, irrévérencieux sans jamais être irrespectueux. Chercheur de l’interstice, tressant entre les différentes sources qu’il lisait avec minutie à ses étudiants, il récrivait le texte enfoui des ententes qu’efface le contemporain amnésique. Jonchée de joyaux, son œuvre rejoindra la postérité.
[1] Balivet Michel, 2014, Les dits du derviche Bektachi, Paris : éd. Non-Lieu, Paris, p. 10.
- Hommage à Michel Balivet par Marc Aymes, directeur du CETOBaC, le 14 décembre 2020
Le 8 décembre 2020 disparaissait Michel Balivet. Historien des mondes seljoukide et ottoman, ainsi que des relations islamo-byzantines et turco-balkaniques, il était professeur émérite au Département d’études moyen-orientales d’Aix-Marseille Université, membre de l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (IREMAM). À la suite de Robert Mantran, initiateur des études ottomanes au sein de ce qui était alors l’Université de Provence (Aix-Marseille 1), Michel Balivet y enseigna de 1987 à 2012. Il fut auparavant actif aux universités Hacettepe d’Ankara (1970-1972) puis Aristote de Thessalonique (1972-1982), à l’Institut français d’études anatoliennes à Istanbul (1982-1985), et au Centre national de la recherche scientifique à Paris, dans l’équipe de Gilbert Dagron, titulaire de la chaire d’histoire byzantine du Collège de France (1985-1987). Ce parcours forgea la conviction scientifique qui fut l’épine dorsale de ses travaux :
« il est difficile, dans nos spécialités très pointues, de s’accrocher à une seule et même civilisation, où même de se contenter d’une seule approche linguistique. Si vous vous intéressez seulement au grec médiéval ou byzantin, vous êtes obligé de vous tourner, à un moment ou à un autre, vers le monde musulman ou slave. À ce propos, ce qui m’a vite intéressé, c’est l’histoire relationnelle. »
(« La communauté scientifique a enfin compris qu’il fallait désormais avoir plusieurs cordes à son arc » [propos recueillis par Sami Benkherfallah], Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre, 22/1 (2018).
Michel Balivet était un maître dans l’art de faire de l’anthropologie historique là où on ne la professait pas : chez les Turcs seldjoukides d’Anatolie des XIe -XIVe siècles. Sans jamais se départir du souci philologique qui lui fit sans relâche scruter les textes (il contribua à de riches éditions de « sources premières »), il œuvra à ce que le Moyen Âge des « Turcs », des Croisades aux Ottomans, nous devienne plus familier. À l’opposé de la pensée asymétrique dont regorgent les vulgates orientalistes, il se plut à chercher les effets de symétrie politique et culturelle permettant de comprendre les dynamiques de la Méditerranée médiévale. À rebours d’approches plaçant la discrimination ethno-religieuse au cœur de la définition des identités politiques, il débusqua (comme l’annonçait le titre de sa thèse de doctorat d’État soutenue à l’Université Marc-Bloch de Strasbourg en 1992, sous la direction d’Irène Mélikoff) d’innombrables « attitudes de conciliation et comportements supraconfessionnels », allant jusqu’à parler de « creuset culturel » et d’un « espace ottoman d’osmose islamo-chrétienne » jusqu’au XIXe siècle au Moyen Orient. Conscients aujourd’hui comme hier de ce que son approche apporte à nos contemporains, relisons-le : « nous n’avons pas cherché à taire les malentendus et la méconnaissance profonde qui sous-tendirent une partie des relations entre les deux mondes évoqués ici, le chrétien grec et le musulman turc. […] Ce que nous avons essayé de montrer, c’est que ces rapports d’hostilité ne furent pas les seuls mais qu’il exista aussi […] des courants d’entente et de conciliation, qui agirent probablement à un autre plan, populaire, quotidien, individuel, mystique. » (Romanie byzantine et pays de Rûm turc. Histoire d’un espace d’imbrication gréco-turque, Istanbul, Isis, 1994, p. 197.)
Disparition de Philippe Cassuto
C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès brutal de Philippe Cassuto, survenu ce lundi 2 mars 2020. Professeur d’études hébraïques et sémitiques, il était membre du Département des études moyen orientales et de l’IREMAM depuis son arrivée à l’Université de Provence au début des années 1990.
C’est grâce à son ouverture d’esprit et à son dynamisme que les études hébraïques et sémitiques avaient trouvé leur place naturelle tant dans les formations dispensées par le Département d’études moyen-orientales (qui ne portait pas encore ce nom) que dans les recherches menées au sein de l’IREMAM.
Pendant toutes les années qu’il a passées avec nous, son engagement personnel, professionnel et syndical l’a amené à occuper de multiples responsabilités administratives et à siéger dans de multiples instances collectives locales et nationales, tout en faisant preuve d’une disponibilité et d’une bienveillance sans faille vis-à-vis de ses étudiants, de ses collègues et de l’ensemble des personnels de l’Université.
Sa disparition prématurée est une perte immense pour tous.
Disparition de Fanny Colonna
C’est avec un immense chagrin que nous venons d’apprendre la disparition de notre collègue et amie Fanny Colonna, décédée hier soir à Paris.
Fanny Colonna est née en Algérie en 1934.
Sociologue et anthropologue algérienne, Fanny a commencé sa carrière à la Faculté centrale d’Alger comme étudiante, puis comme assistante au département de sociologie. Elève de Mouloud Mammeri, puis de Pierre Bourdieu, elle a collaboré au CRAPE (actuel CNRPAH) à Alger en qualité de chercheuse CNRS jusqu’en 1980.
Directrice de recherche émérite au CNRS, Fanny laisse derrière elle une oeuvre incontournable sur la sociologie de l’Algérie et de l’Aurès en particulier. Elle avait une passion enquêteuse qui transparaît dans ses travaux algériens, égyptiens et maghrébins. Fanny a été aussi membre du laboratoire Groupe de sociologie politique et moral à Paris, du laboratoire méditerranéen de sociologie à la MMSH d’Aix et enfin de l’Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux Sociaux à Paris.
Dans le dernier numéro de la REMMM on peut lire un Entretien par Jean-Pierre Van Staëvel avec Fanny Colonna "sur la question du changement religieux en montagne, dans l’Algérie des xixe et xxe siècle : retour sur l’ouvrage Les versets de l’invincibilité". Peut-être l’un de ses derniers entretiens où elle retrace son itinéraire scientifique.
Fanny a vécu en Algérie jusqu’en 1993. Depuis elle vivait à Paris avec des retours ponctuels en Algérie. Sa disparition est une perte immense pour les sciences humaines et sociales du Maghreb et de la rive sud de la Méditerranée.
A ses enfants, à sa famille, à ses amis et collègues, l’IREMAM adresse ses condoléances attristées.
Une messe sera célébrée pour Fanny Colonna mardi 25 novembre à 14h30 en l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville, 139 Rue de Belleville, Paris 19e. Le corps sera ensuite rapatrié à Constantine, où elle sera enterrée sans doute samedi 29 novembre.
Disparition de Habib Ishow
L’IREMAM vient d’apprendre la disparition de Habib Ishow, qui a travaillé avec nous pendant près de vingt-cinq ans. Tous ceux qui l’ont connu et ont apprécié ses grandes qualités humaines et professionnelles lui adressent un dernier salut et s’associent à la peine de ses proches.
Habib ISHOW, originaire d’Araden, village assyro-chaldéen du nord de l’Irak, commença ses études auprès des Dominicains à Mossoul (Irak). Il poursuivit ses études à Paris où il obtint la Licence de Philosophie de l’Institut Catholique de Paris et fut diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris et des Hautes Études Internationales et Politiques. Après un doctorat de 3ème cycle de l’École Pratique des Hautes Études en 1968, portant sur « L’enseignement en Irak de 1921 à 1961 », il occupa différents postes universitaires à l’Université d’Oran (Algérie) puis à nouveau à Paris. Il fut recruté comme chargé de recherches au CNRS en 1979 et mena ses travaux à l’IREMAM à Aix-en-Provence sur la situation politique et les structures socio-économiques des pays du Moyen-Orient jusqu’à sa retraite en 2003. Son dernier ouvrage, intitulé « La démocratie, l’islam et le christianisme », fut édité chez L’Harmattan en 2016 et prend ses sources dans tout un parcours personnel, philosophique et sociologique.
Disparition de Jean-Paul Pascual
C’est avec une immense tristesse que nous venons d’apprendre le décès de Jean-Paul survenu le 19 octobre 2015.
Historien ottomaniste, arabisant de haut niveau, passionné du Bilâd Al-Shâm et plus particulièrement de Damas, il a été l’un des fondateurs de l’Atelier du Vieux Damas au sein de l’Ifpo.
Son parcours professionnel a été très riche : ancien secrétaire scientifique de l’Ifead (Damas) de 1975 à 1987, directeur de recherche CNRS à l’Iremam (Aix-en-Provence) de 1987 à 2007, et enfin responsable de la mission archéologique de Khirbet Dosâq en Jordanie de 2007 à 2009.
Scientifiquement, il laisse une œuvre riche qui a considérablement approfondi notre connaissance de la Syrie et de l’époque ottomane. Humainement, il nous laisse un grand vide.
Les obsèques de Jean-Paul Pascal ont eu lieu le Vendredi 23 octobre 2015.
Quelques témoignages reçus de ses collègues et amis
Jean-Paul Pascual et moi-même avons été rapprochés par un directeur perspicace, Daniel Panzac, et notre collaboration, continue pendant un quart de siècle, devait se poursuivre le mois prochain par une communication à l’ENS sur « Pauvreté et richesse à Damas ». Je sais la tristesse de ces derniers mois pour Jean-Paul, parfait arabisant qui avait noué tant d’amitiés en Syrie. Chaque bulletin d’information à la radio ou à la télévision devait être pour lui un supplice personnel. J’espère que les recherches que nous avons conduites ensemble sur Damas, lui ont apporté quelques bons souvenirs dans ces jours sombres. Colette Establet
وداعاً يا صديقي
ابن باشكوال ...
التقيت جان بول باسكوال لأول مرة في عام 1975 في السنة التي عين فيها كمعاون علمي للمدير في المعهد الفرنسي، وكان أ ستاذ نا الجليل أندريه ريمون قد استحدث هذا المنصب الجديد قبل انتهاء مهمته في دمشق ، ايمانا منه بحاجة المعهد الى توسيع وترسيخ نشاطاته وعلاقاته مع المؤسسات السورية العلمية؛ وقد اختارأستاذنا ريمون جان بول باسكوال لهذه المهمة الدقيقة، وقد خبر كفاءة الباحث وجديته،... والأهم أنه لامس عنده علاقة صادقة مع البلد واندماجه في الحياة الثقافية والحياة العامة اضافة الى حماس في تعلم اللغة العربية الشامية التي اتقنها بالتواصل مع أهلها وناسها....
خلال كل هذه السنوات التي عرفته فيها أتقن جان بول باسكوال فن بناء جسور التعاون والتبادل العلميين على أساس من الاحترام والثقة ، هذه الخصال كانت دعامة الصداقة التي تنامت بيني وبينه عبر السنين ....
أنا لا أذكر تماما متى تعمقت صداقتنا فقد نسجتها وعتقتها الأيام ولا شك أن المعهد رعاها في اطاره العلمي الأكاديمي ، ولكن لمدينة دمشق الفضل الحقيقي في توطيد عرى هذه الصداقة ذلك أن هذه المدينة كانت موضوع اهتمامنا المشترك ، كما أن موضوع حمايتها كان الدافع لعملنا على تأسيس مكتب دمشق القديمة في المعهد عام 1979 ....
في كل زيارة للشام كان يتوقف للحديث مطولا مع بائع الصحف موفق وكان يذهب دائماً ا الى زيارة خياط القمصان احمد المارديني وينتهي بنا المطاف في مطعم الشاميات و طلب صحن الحمص البيروتي...... كانت الشام، وطنه الثاني....
جان بول ،
كانت السنوات الأخيرة سنوات مرض ووحدة ... وقد تابعت بألم الجرح السوري العميق ...
Ya sadiqi … J’espère que tu reposes en paix …
Sitt al Sham …
comme tu aimais m’appeler avec ton sourire taquin et affectueux. Sarab Atassi
Le souvenir que je garderai de Jean-Paul de ces années mmsh c’est sa discrétion absolue et sa porte toujours ouverte pour accueillir tous ceux qui lui demandaient de l’aide et un soutien. C’est cette extraordinaire humanité qui lui faisait prendre le temps de rester ouvert aux autres.
Avec son départ une page se tourne. Celle qui suit nous enfonce de plus en plus dans un stress de productivité sans fin.
Jean-Paul, on essaiera de conserver envers et contre tout une graine de ton humanité. Catherine Miller, directrice de l’Iremam.
J’ai connu Jean-Paul en 2005. Je venais d’obtenir un détachement de deux ans à l’IREMAM pour finir ma thèse et, bien que nos terrains de recherche étaient éloignés (la Syrie ottomane pour lui, l’Algérie coloniale pour moi), il m’a fait profiter de son expérience, toujours disponible pour m’écouter et distillant ses précieux conseils sans jamais avoir l’air d’en donner. C’est surtout sa simplicité dans les rapports humains qui m’a plu d’emblée. Il n’instituait aucune hiérarchie entre le jeune doctorant (que j’étais) et le chercheur confirmé (qu’il était), même si son savoir et son vécu en imposaient naturellement. On se sentait immédiatement à l’aise pour discuter de tout et pas seulement d’histoire. Sa conversation était sans détour, riche d’anecdotes ou de confidences, l’ironie lui servant de ponctuation car Jean-Paul aimait aussi beaucoup rire (en petit comité de préférence). La dernière fois que je l’ai vu, à l’hôpital d’Aix, bien que cloué sur son fauteuil, il se sentait plutôt en forme. On a alors profité du soleil pour aller discuter en terrasse. Son humour était intact, complice et intelligent à la fois. Je ne l’ai jamais vu céder aux éclats de rire – qu’il laissait plus volontiers aux autres (comme un cadeau) – mais un petit rictus apparaissait souvent sous la moustache, lui faisait plisser les yeux et lui éclairant aussitôt le visage. Il semblait alors heureux. J’occupe aujourd’hui son bureau à l’IREMAM. J’ai changé la disposition des meubles et l’ai rempli de mes livres mais, dans mon esprit comme dans celui de beaucoup d’autres (j’imagine), il l’habite encore. Avec sa porte entr’ouverte, le halo de fumée qui montait au plafond (du temps où c’était possible, et même un peu après…), de beaux objets témoignant de multiples rencontres. Et enfin ce petit sourire en coin dès qu’on passait la tête, comme une invitation à entrer.
Didier Guignard
Qui pourra remplacer Jean-Paul Pascual ? Nous sommes bien en peine de pouvoir donner une réponse. Jean-Paul Pascual a non seulement emporté avec lui sa science, ses compétences linguistiques et ses connaissances archivistiques, mais aussi, pour évoquer l’homme, sa générosité désintéressée, son regard singulier sur le monde et sur la corporation des historiens. Nous allons tous rapidement mesurer l’importance de cette perte. Passeur de savoirs et acteur de partages dans des dossiers scientifiques variés, il était ciment de projet, pont intergénérationnel et lien entre les deux rives de la Méditerranée. Pour ma part, je vais regretter avant tout nos discussions, son sens bien aiguisé de la critique des sociétés présentes et son regard malicieux au moment de signaler incohérences, paradoxes et mauvaises solutions.
Olivier Raveux
Pour moi, Jean-Paul, ça a d’abord été ce défilé d’historiens, d’intellectuels, d’artistes syriens que, de la place d’observateur privilégié que m’offrait le bureau de bibliothécaire de l’IFEAD, je voyais défiler chaque fois que « docteur Jean-Paul » revenait à Damas. Et avec cela, nos discussions qui m’amenaient à percevoir la profondeur de sa connaissance des réalités syriennes, dans toutes leurs dimensions et dans toutes leurs relations.
Presque trente ans plus tard, lors de notre dernier repas au restaurant, à Pertuis, sur le fauteuil roulant auquel il était désormais condamné, il me racontait de façon passionnante l’hôpital de Pertuis, son équipe, son fonctionnement, ses personnalités, mais aussi ses patients, dont il connaissait l’histoire, le nom, avec lesquels il discutait dans la cour. Jean-Paul ne s’est jamais départi de cet amour de l’observation des gens et des faits, qu’il savait teinter d’ironie mais aussi d’estime profonde. Et cela m’est une consolation.
Olivier Dubois
Cher Jean-Paul,
Une longue histoire nous réunit, bien plus longue que nos séjours respectifs à Damas et à Beyrouth. Vous avez toujours été là dans nos esprits et nos coeurs alors que nous ne résidions pas forcément dans les mêmes villes, ni toujours, dans les mêmes laps de temps.
Ensemble, nous avons vu des mondes basculer dans l’horreur de la guerre et aussi renaître de leurs cendres, 19 ans de guerre civile au Liban. Actuellement, c’est le destin tragique que connaissent la Syrie et ses habitants qui nous déchire. Des pays que nous aimons et que nous avons partagés profondément.
Mais aujourd’hui, je veux surtout me souvenir des moments heureux, des instants d’insouciance que nous avons aussi connus : les vergers en fleurs de la Ghouta, les repas pleins de gaîté aux bords du Barada ou encore chez « Pépé Abeid » à Byblos ou à Tyr, le périple en Iran que nous avons effectués ensemble, tous ces moments de bonheur qui demeurent à jamais et dont le plaisir de t’avoir régulièrement en ligne ou au bout du fil faisait partie.
Cher Jean-Paul, tu nous manques déjà tant.
Jihane, Aurélie et Fabrice Tate.
Cher et doux ami Jean-Paul,tu es parti et nous sommes si loin.
Tu as rejoint Bina,dein Schatz.
Nous avions rendez-vous pour un repas syrien à la maison à notre retour.
Ce n’est que partie remise ailleurs pour des festivites chaleureuses comme vous aimiez.
Nous t’aimons si fort et cette longue absence est si lourde dans nos coeurs.
Jean-Louis, Olga, Haga, Aina, Pierre et Benoît Paillet
Jean-Paul, notre amitié au long cours s’est achevée par ton départ.
Il me reste la triste et douloureuse absence où rien n’est plus possible ; parler, questionner et répondre, plaisanter, rire, partager… Pourtant ma part de mémoire, celle que je garderai dans le temps qu’il me reste à parcourir, je peux en partager humblement des bribes avec celles et ceux qui t’ont connu et estimé, en amitié et aussi sur les chemins de la connaissance, ceux du dialogue avec le passé et ceux de la rencontre avec la diversité des mondes humains.
C’est au sortir de l’adolescence que nous sommes devenus amis. Ton père venait de mourir, un lien fort te reliait à ta mère, à ton frère, à ta famille. A la Sorbonne, étudiants du certificat d’ethnologie, et à l’Ecole des langues orientales nous formions, avec Michèle Py notamment, un petit groupe avide de découvrir le Monde. C’était en 1966. Bien que différents, par la courte histoire de nos jeunes vies, nos enthousiasmes portaient nos engagements et nos discussions comme au café « La Canourgue », aujourd’hui disparu, rue de Lille, où nos échanges, nos débats, se déployaient sans limites et sans mesure du temps, à l’échelle de la planète. Les langues dites orientales, dans leurs infinies modulations, nous réunissaient, nous introduisaient à des vies et à des savoirs différents mais aussi nourrissaient nos affrontements dans la bonne humeur malgré des convictions contradictoires déjà affirmées. Alpha Ibrahima Sow, Georges Charachidzé, Anne Saint-Girons, Alain Ambrosi, Jean-Charles Blanc et beaucoup d’autres étudiants et enseignants formaient ce petit équipage de « LangueZoo »… 1968 est intervenu et incidemment a chamboulé beaucoup de nos vies. Pour notre génération il a été comme un rite de passage paradoxal puisque du passé on était tenté de « faire table rase » alors que le passé demeure le champ de manœuvre des historiens, mais aussi pour une part des anthropologues… Et puis, comme dans la queue de comète de notre jeunesse, en juillet 1969, je t’ai entraîné à Alger. Nous nous sommes embarqués à Marseille, sur le pont d’un navire, pour vivre l’expérience unique du Festival panafricain d’Alger, sept ans seulement après l’indépendance de l’Algérie. Finalement ce n’était qu’un modeste filet d’années qui en ces temps-là de la jeunesse apparaissait comme un fleuve. Il reste que ton humour, ton rire ironique et ton goût pour la vie ont enrichi nos amitiés.
Dans les mois qui ont suivi, tes connaissances exceptionnelles de l’arabe, dans ses variations classique et dialectales, ont fait que tu as été choisi, en 1970, pour partir comme boursier à l’IFEAD, en Syrie. Là ta vie, peu à peu, comme une évidence de destin, est devenue soluble dans l’Orient de la Syrie et du Liban, mais pas seulement. Dès février 1971, je me suis empressé de te visiter à Damas. André Raymond avait déjà deviné tes potentialités, mais surtout Regina Heinecke, par un accident de sa vie, était arrivée du Caire… et vos vies se sont mêlées. Dès lors, Regina n’a cessé, jusqu’à sa disparition, de débattre avec toi, sans concessions mais pour avancer, elle-même étant possédée par les langues « orientales » et les domaines qu’elles ouvraient à celles et ceux qui les investissaient. Depuis lors, ta carrière d’historien et ta vie sont partiellement inscrits dans ton œuvre publiée et dans les responsabilités, moins perceptibles et pourtant cruciales, qui ont été les tiennes à Damas, à Beyrouth et à Amman. Combien de personnes de toutes origines, dans ces lieux, ont apprécié et recherché ta compagnie. Sans conformisme, restant toi-même et toujours fidèle en amitié, tu as traversé, avec Regina, des temps de découvertes et d’approfondissement, mais aussi tu as vécu et ressenti les époques troublées de l’Orient tragique… pour finalement partir, alors que la Syrie est détruite et se détruit, sans pouvoir entrevoir ce que sera l’avenir des femmes et des hommes de ce pays que nous avons aimé comme le nôtre…
Jean-Paul, ces quelques mots alignés comme une brève chronologie ne sont pas seulement une invocation illusoire, désespérée, de la mémoire, ils sont une astuce de la vie pour que tu demeures présent parmi nous, à travers nous, par le truchement de quelques moments tirés de l’assemblage de ton existence. May, Anne-Leila et Diane-Selma mêlent leur émotion à la mienne pour affirmer la force de l’amitié.
Jean-Claude Penrad, Aix-en-Provence, 25 octobre 2015.
Disparition de Thierry Bianquis
C’est avec un immense chagrin que nous avons appris la disparition de notre collègue et ami Thierry Bianquis, décédé à Lyon, le 2 septembre.
Ancien membre de l’Institut Français d’Archéologie orientale du Caire, ancien directeur de l’Institut Français d’études arabes de Damas, Professeur d’Histoire médiévale à l’Université de Lyon, Thierry Bianquis laisse une œuvre considérable, consacrée à l’Histoire de l’Orient médiéval.
A sa famille et à ses proches, l’IREMAM adresse ses condoléances attristées.
Pour Samuel Paty
L’équipe de l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (IREMAM, CNRS/Aix-Marseille Université) exprime sa vive émotion à la suite de l’acte terroriste, dont a été victime vendredi 16 octobre Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie. Nous nous associons à la douleur de sa famille, ses proches, ses collègues et ses élèves, à qui nous adressons nos sincères condoléances. Nous réaffirmons notre attachement à la liberté d’enseigner et aux principes qui sont à la base de notre engagement académique et scientifique. Épris de ces valeurs et fidèles à l’éthique des sciences sociales et humaines, nous continuerons d’apporter notre contribution à la connaissance et à la compréhension de l’histoire et du présent des sociétés que nous étudions et, par là même, au débat démocratique et informé au sein de la société française.