Iran-Marine-Poirier

Photo : rue Iran au Caire où se trouvent de nombreux restaurants et cafés yéménites. On y voit un kiosque montrant différents politiciens yéménites, 2021 @ Marine Poirier

Webinaire « Le Yémen en guerre et la politique en exil. Regards croisés Turquie-Égypte » avec Marine Poirier

Dans le cadre du webinaire « Ce que la guerre fait au terrain : la recherche sur le Yémen et ses mouvements migratoires en contexte de guerre »

Vendredi 8 avril 2022, 14h, en visioconférence. Inscription à yemenimigrations.webinar@gmail.com

1. Les élites politiques yéménites en Égypte (Marine Poirier, CNRS, IREMAM)

Depuis sept ans, la guerre au Yémen a provoqué de grands bouleversements, mais a-t-elle complètement chassé la politique ? Dans quelle mesure la politique se poursuit-elle également, sans les armes, pendant la guerre ? J’interrogerai ici ce qu’il reste des activités politiques ordinaires dans le contexte extraordinaire de la guerre, en m’intéressant plus particulièrement au devenir des élites politiques yéménites en exil. Sur la base d’une enquête menée au Caire en Égypte, où réside et/ou transite une partie importante de ces élites, je montrerai comment se redéploient leurs activités, et comment le conflit, et les déplacements géographiques qu’il a entraînés, affecte leurs pratiques et subjectivités.

Marine Poirier est chargée de recherche au CNRS, rattachée à l’IREMAM (Aix-en-Provence). Elle s’intéresse à la sociologie des élites politiques et de la classe dirigeante dans des contextes de crise politique, de conflit armé et de changement de régime, à partir du cas yéménite principalement.

2. Faire de la politique en exil. Les Yéménites en Turquie (Mustafa AlJabzi, Université de Rouen)

En raison de la guerre qui sévit au Yémen depuis plus de sept ans, des Yéménites ont trouvé refuge en Turquie du fait des conditions de vie de plus en plus difficiles et des persécutions politiques dans le pays d’origine. Aux côtés du nombre croissant des étudiants yéménites en Turquie, s’y trouvent également des partisans du parti islamiste Islah, considéré comme la version yéménite des Frères musulmans. Ce parti, opposé aux Houthis et à la contre-révolution menée par l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis au sud du Yémen, se voit obligé de déplacer à l’étranger ses moyens médiatiques et ses élites qui trouvent à Istanbul un accueil propice, notamment au vu du rapprochement idéologique avec le climat politique en Turquie. Bien loin de leur pays d’origine, ces jeunes activistes mènent des activités politiques et intellectuelles à Istanbul où ils sont majoritaires. L’exil leur impose de choisir un mode d’organisation et de fonctionnement adapté à la nouvelle réalité dans le pays d’accueil. À travers une étude des récits biographiques des enquêté.e.s et des observations de terrain que je mène à Istanbul, mon travail est d’interroger ce mode de fonctionnement et d’organisation : comment la politique se poursuit-elle en exil et dans quel cadre ? Quel est l’impact de l’exil sur les itinéraires personnels, opinions politiques et religieuses des jeunes Yéménites ? Quels sont les sujets de débat dans le pays d’exil ?

Mustafa AlJabzi est doctorant en sociologie à l’université de Rouen. Dans le cadre de sa thèse, il s’intéresse aux changements idéologiques au Yémen, à la socialisation politique des Frères musulmans, l’impact de l’exil sur les élites politiques et intellectuelles islamistes durant la crise actuelle au Yémen. À retrouver sur le site du Centre français de recherche de la péninsule Arabique (CEFREPA)

Année
2022