Photo : Paul Queste. Cérémonie du vendredi. Le sultan [du Maroc] regagne son palais à cheval après la cérémonie à la mosquée. 1916. Médiathèque du patrimoine et de la photographie
Appel à communications colloque "Écrire l’histoire au Maghreb (VIIe-XXe siècles) : auteurs, textes, manuscrits"
Organisé par le projet TariMa – Écrire l’histoire au Maghreb aux périodes moderne et contemporaine (financement CollEx-Persée 2022-2024), Rabat, 10-11 juin 2024. Coordination de l’organisation : Antoine Perrier (CNRS, Centre Jacques Berque), antoine.perrier[at]sciencespo.fr
Présentation générale et contexte
Vingt après le colloque intitulé « Écritures de l’histoire du Maghreb » (El-Moudden et al., 2007), le projet TariMa – Écrire l’histoire au Maghreb aux périodes moderne et contemporaine (financement CollEx-Persée 2022-2024), le Centre Jacques Berque et ses partenaires organisent la tenue d’une nouvelle rencontre scientifique internationale sur l’historiographie maghrébine de langue arabe. Tandis que le colloque de 2004 dressait le bilan d’une production historique maghrébine renouvelée après les indépendances, en organisant ses réflexions autour des identités nationales et de la mémoire collective, cette nouvelle rencontre voudrait mettre en relief une historiographie se référant à une tradition savante plus ancienne. Celle-ci repose sur des genres d’écriture et une méthode dont s’emparent, depuis la période médiévale jusqu’au XXe siècle, les auteurs de chroniques (aẖbār), dictionnaires (ṭabaqāt), hagiographies (manāqib), généalogies (ansāb), compilations de sources, descriptions géographiques (ẖiṭaṭ) et récits de voyage (riḥla). Au-delà d’une division rigide en genres déterminés, ce colloque propose d’étudier le projet historiographique des auteurs, en s’intéressant au contexte, au contenu et à la matérialité de ces œuvres.
Depuis les ouvrages des orientalistes de la période coloniale, notamment au Maroc (Lévi-Provençal, 1922), les études spécifiquement consacrées à ces historiens et leur écriture ont été peu nombreuses au Maghreb (Ibn Sūdā, 1960, Abdesselem, 1973) ou en France (Berque, 1978). Ces travaux restent parfois empreints de la tonalité négative des premiers écrits français : ils rappellent l’indignité du récit historique (ta’rīẖ) dans la hiérarchie des sciences, le caractère répétitif de l’écriture et le remploi systématique de matériaux de seconde main. Depuis l’Europe, la connaissance de ces sources essentielles à l’histoire du Maghreb reste limitée et résumée à quelques auteurs privilégiés, jouissant de rares traductions en français ou en langues européennes.
Ce colloque voudrait saisir l’occasion d’un nouveau contexte : sur un plan épistémologique, de nouveaux modes de lecture, inspirés de l’anthropologie historique, ont renouvelé l’approche de ces documents, en prêtant attention à leurs dimensions matérielles et codicologiques. Ces œuvres jouissent ainsi du renouvellement des sciences du manuscrits : le Maghreb connaît ces vingt dernières années une intense activité dans la publication d’éditions critiques (taḥqīq) de sources inédites. Celles-ci, désormais mieux connues, circulent davantage dans les librairies du Maghreb et au-delà sur internet. La numérisation massive de manuscrits dans les bibliothèques internationales et maghrébines s’ajoute à la présence en ligne de copies numériques de ces éditions, ouvrant la possibilité de nouveaux usages en humanités numériques. Enfin, la recherche internationale a paru répondre de manière plus engagée à l’appel des historiens maghrébins lancé dans les années 1960, en faveur du recours aux sources locales et non plus seulement européennes pour écrire l’histoire du Maghreb.
Les propositions de communication doivent être adressées avant le 31 janvier 2024.
Consulter l'appel complet sur le site de la BULAC dans les trois langues : français, arabe, anglais